Culture et développement. C’est le thème de la leçon inaugurale, introduit cette année au Concours général sénégalais par Moussa Boiro du lycée Alpha Molo Baldé de Kolda. Lequel a plaidé pour un enracinement tout en s’ouvrant au reste du monde.
Cette année, c’est au censeur du lycée Alpha Molo Baldé de Kolda, Moussa Boiro, qu’est revenu l’insigne honneur de prononcer le discours d’usage de la cérémonie solennelle de distribution des prix du Concours général sénégalais. Et il n’a pas déçu. Au contraire ! « C’est un sujet complexe et compliqué », reconnaît Me Wade qui s’est toutefois dit « agréablement surpris par le brillant exposé » du censeur de Kolda. « Vous avez prouvé, dit le chef de l’Etat au professeur, qu’on peut être loin de Dakar et rester très cultivé ». Moussa Boiro, Doctorant es Lettres, a fait montre d’une grande maîtrise de la dialectique qui existe entre Culture et Développement, en limitant le cadre conceptuel du thème tout en dégageant les fondements interactifs pour en tirer des observations et suggestions. A l’origine, dit M. Boiro, le mot culture, qui vient du latin « Cultura », signifiait le travail de la terre ou toute activité visant à la rendre productive. Revisitant les définitions de beaucoup de dictionnaires et citant de nombreux penseurs comme Condorcet, philosophe du 18e siècle, il est arrivé à la conclusion que le développement ne saurait se comprendre sans faire allusion à un système de mécanisme inventé par l’homme pour tirer de son milieu, de son temps et de son énergie physique et intellectuelle, la croissance pour le mieux être de l’individu et pour le groupe. « La culture est la condition sine qua non de l’existence de l’humain et nous pouvons affirmer avec Albert Camus que sans elle, l’homme est réduit à la vie végétative », a fait remarquer M. Boiro qui pense que la culture doit être débarrassée de certains clichés, être une somme de valeurs humaines qui s’imposent d’elles-mêmes à tous les hommes, à tous les temps, avec la force de la vérité.
Mais, à son grand regret, il constate de plus en plus la montée en puissance d’autres attitudes qui « nous portent vers une tendance inquiétante à la subversion des valeurs ». Aussi plaide-t-il pour le « consommer local ». Selon lui, c’est seulement en s’enracinant dans nos valeurs et en s’ouvrant aux autres que la culture sera « pour nous un facteur de développement ». Puis il insiste : « la condition pour aller vers le développement, c’est d’être culturellement et moralement nous et non des êtres d’emprunts. C’est aussi aller à la rencontre de cette Afrique riche et singulière ».
A. Diallo