mercredi, mai 29, 2024

Séisme meurtrier: pourquoi le Maroc refuse-t-il l’essentiel de l’aide internationale ?

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Dans sa chronique « Signé Giltay » sur Bel RTL, notre grand reporter est revenu sur les raisons qui ont poussé le Maroc à refuser pour l’instant l’aide de plusieurs pays l’ayant proposée à la suite du treblement meurtrier survenu vendredi dernier. « Le Maroc a peut-être voulu éviter un embouteillage d’équipes de secours et un manque de coordination », a éclairé Christophe Giltay.

Après le tremblement de terre de vendredi, un avion militaire espagnol A400 et 56 secouristes ont été dépêchés au Maroc. L’Espagne est avec le Royaume-Uni, le seul pays européen qui a pour l’instant reçu l’autorisation de Rabat pour envoyer une aide d’urgence. La Belgique, la France et d’autres encore ont offert leur service, pour l’instant en vain. Qu’est-ce qui explique cette attitude des autorités marocaines ?

Dimanche soir, seul le Royaume-Uni, le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Espagne avaient reçu une demande d’aide officielle de Rabat. Pourtant, ce ne sont pas les propositions qui manquent : France, Belgique, Etats-Unis, Israël, et même Algérie pourtant en froid avec le Maroc. Partout, des équipes de secours se tiennent prêtes à partir. Certaines initiatives privées se sont d’ailleurs mises sur pied sans autorisation. Ainsi, des sauveteurs bénévoles se sont-ils envolés depuis Nice hier soir. 

Les besoins sont énormes. Quant à la reconstruction, elle prendra probablement des années. Mais pour l’instant, dans la situation d’hyper urgence, le Maroc a décidé de compter d’abord sur ses propres forces. L’armée, les pompiers, la protection civile, sont déployés depuis 36 heures dans des villes comme Marrakech. Quant aux villages les plus reculés. Ce sont les habitants eux-mêmes qui ont porté secours à leurs voisins.

On le sait, en cas de tremblement de terre, les premières heures sont décisives. Le Maroc a peut-être voulu éviter un embouteillage d’équipes de secours comme ça se produit parfois. Une cellule a été mise sur pied pour évaluer la nature et l’étendue des besoins. D’après Sylvie Brunel, ancienne présidente d’Action contre la faim : « Le Maroc veut montrer qu’il est souverain, capable de piloter les secours, et de ne pas se comporter comme un pauvre pays meurtri que tout le monde vient charitablement secourir… »

Il est vrai qu’on a connu des exemples comme lors du séisme en Haïti en 2010, où les équipes de secours se comptaient par dizaines, avec une coordination quasi-inexistante. Mais Haïti ne disposait plus d’aucun moyen pour se débrouiller seule. Même le palais présidentiel s’était effondré. Au Maroc, le roi Mohammed VI veut garder la main sur son pays et ne pas voir la France ou les Etats Unis donner des ordres chez lui. Il est clair que tôt ou tard le Maroc aura besoin d’une aide massive, l’Arabie Saoudite a d’ailleurs mis sur pied un pont aérien pour acheminer des tentes et du matériel médical.

Quant aux grandes ONG, comme la Croix-Rouge internationale, elles sont prêtes à intervenir pour ce qu’on appelle la seconde phase. C’est-à-dire, le logement, les soins, l’accès à l’eau potable, le ravitaillement de survivants. C’est dans ce cadre que des équipes comme B Fast pourraient se déployer dans les prochains jours… Mais pour l’instant, on n’en est pas encore là. 

 



 

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