vendredi, avril 26, 2024

Marché central de Kolda : une « bombe » négligée

Ne ratez pas!

Il faut le voir, pour y croire. Le petit marché central de Kolda, au centre-ville, créé à la veille de l’indépendance du Sénégal, a du mal à contenir les besoins d’une ville qui grossit à un rythme qui dépasse la plupart des infrastructures socioéconomiques de base. La création, sans concertation avec les acteurs, de nouveaux marchés n’a pas réglé la situation. Entre promiscuité, désordre, insalubrité, insécurité…, le marché de la ville cuvette étouffe. Visite-guidée dans ce lieu d’échanges commerciaux négligé, à travers ce reportage réalisé avec l’appui de l’Institut Panos et de l’UE.

11h18 ! Nous sommes à la porte du marché centrale de Kolda. Il grouille de monde depuis l’aube. La dernière pluie nocturne n’a fait aucun effet. Ici, on est habitué à patauger dans les eaux sales pour travailler ou se ravitailler. Il en est ainsi depuis toujours sur ce lieu d’échanges commerciaux édifié à la veille de l’indépendante. Situé au centre-ville, ce qui tient encore lieu de marché centrale à Kolda est devenu très exiguë et dépassé par la population d’une ville en pleine croissance.

Entre promiscuité, désordre «légalisé», étroitesse et sans aucune norme de sécurité, le tableau du marché est complété, en cette période hivernale, par les eaux ruisselantes transformées en boue noirâtre qui agresse les rétines. Difficile d’observer ses minuscules allées et passages de piétons sales, survolés sur certaines parties par de grosses mouches verdâtres. Cette eau boueuse est surmontée de débris de légumes, de reste de poissons et autres. Les quelques conduites qui existaient sont bloquées depuis.

Pis, après la rangée des bouchers, l’on peut découvrir la zone la plus sale des lieux, les toilettes. Entourées par une ceinture d’eaux rejetées par les fosses septiques, mélangées à celles ruisselantes déjà polluées. Un cocktail indescriptible. N’empêche, tenaillé par les besoins naturels, des clients se bousculent aux niveaux de ces toilettes devant lesquelles un vieux, commis comme gardien, essaye d’organiser les passages. D’ailleurs, ce sont les seules toilettes publiques du centre-ville. Et «il faut bien le faire quand ça arrive», explique le vieux, prit en charge par un Comité de gestion du marché.

Paradoxe ! Pourtant, le lit du fleuve est à moins de 600 m et avec une petite canalisation les eaux pouvaient être drainées sans problème. Mais en attendant, les clients sont obligés de patauger, se bousculer sur les allées étroits pour faire des achats. Les plus exposés sont les marchandes à étales installées en bas du hall. En fait, plusieurs rangées de tables servent à la vente de différents aliments et légumes.

Bref, le marché central de Kolda regroupe tous ceux qui s’activent dans le secteur alimentaire: des étals de poissons, notamment de sardinelles communément appelées «yaboy», le poisson le plu en vue, en passant par ceux de viande, avec des bouchers dont les échoppes occupent une partie. Le secteur où le poisson est vendu attire le plus de mouches car le poisson arrive ici souvent fortement entamé. Les yeux rouges des «yaboy» sont une aubaine pour les insectes.

EXISTE-T-IL UN MARCHE SENEGALAIS PROPRE ?

Les clientes n’ont pas le choix ; il faut faire bouillir la marmite. Le fleuve de Kolda, pardon le prolongement du fleuve Casamance, situé à moins de 500 mètres et transformé en dépotoir d’ordures et toutes sortes de déchets, n’est pas encore désensablé. Il continue à être agressé au quotidien. Les cris de détresse des défenseurs de cet écosystème marin n’émeuvent plus personnes.

Une des clientes se plaint des bousculades dans ce marché où les espaces sont très réduits. Elle nous indique qu’«il ne faut jamais regarder en bas ou sous les tables. Sinon, vous ne pourrez accepter de consommer les produits en provenance d’ici». Et Bathie, qui vend du poisson depuis des années, d’interpeler la dame: «as-tu une fois visité un marché sénégalais propre ? Un petit espace où chacun déverse ce qu’il veut, sans que rien ne lui arrive, ne peut pas être propre», fini-t-il par expliquer.

Oui, l’anarchie fait le lit de tout. Des installations électriques anarchiques, des dispositions des tables et autres étales à même le sol couvert d’une boue noire. Les autorités ne s’intéressent qu’à leur recette. Ce marché créé à la veille de l’indépendance est dépassé, en termes de capacité mais aussi et surtout pour des raisons de sécurité. A cette insécurité s’ajoute l’insalubrité. Ce qui tient lieu des portes d’entrée reste très étroit et la Commission de protection civile a averti plusieurs fois des dangers qui guettent ce marché sans issues de secours ni bouche d’incendie. Quelques cas d’incendie ont été enregistrés, les années passés. Mais, après l’émotion, c’est fini. Rien de spécial n’est arrêté pour empêcher une autre catastrophe.

Abdou Diao / KoldaNews

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