La « difficile » retraite au Sénégal par Samba BALDE

Le Sénégal, à l’image des anciennes colonies françaises, a opté pour un système de la carrière dans la fonction publique (Loi n° 61-33 du 15 juin 1961 portant Statut général des fonctionnaires). A la différence du système de l’emploi, celui-ci est caractérisé par un système de gestion complexe où toutes les activités professionnelles se déroulent à l’intérieur de la fonction publique. Les agents qui y sont recrutés, sont soumis à des droits et obligations depuis leur entrée jusqu’à leur retraite et c’est pour y faire carrière (avancement d’échelons, de grades, sanctions disciplinaires, promotion).

Sous un autre angle, les entreprises publiques comme privées emploient au même titre que l’Etat, à la seule différence que leurs employés sont soumis à un régime juridique différent ; ils sont directement liés au Code du Travail (Loi n° 97-17 du 1er décembre 1997) ou au Code de la Marine marchande (Loi n° 2002-22 du 16 août 2002).

Cette précision était de taille dans la mesure où les travailleurs de toutes catégories socio-professionnelles sont appelés, à la fin de leur carrière, à bénéficier d’une pension de retraite. Dans de pareilles situations, la réglementation est de vigueur et détermine les contours dans lesquels les institutions prévoient des mécanismes de remboursement.

Cependant, cette retraite fait peur à plusieurs travailleurs pour diverses raisons que je ne voudrai pas évoquer ici car les responsabilités étant partagées entre l’Etat, les employés et les entreprises. Cette phobie de « décrocher » les poussent à se maintenir à leur poste, qui du coup, empêcherait à des milliers de jeunes compétents d’intégrer des milieux du travail. Ils constituent, non seulement, un frein pour le développement socio-économique de leur pays, mais sont plus souvent impliqués dans des réseaux mafieux, capables d’empêcher toutes procédures de transparence et de bonne gouvernance dans les affaires publiques.                                                                                  

En outre, dans l’administration, on les retrouve partout jusque dans les services déconcentrés de l’Etat. Les exemples ne manquent pas. D’aucuns affirment même la fameuse expression du célèbre proverbe camerounais « les chèvres broutent là où elles sont attachées ». Par ailleurs, un récent rapport de Transparency International considérait la fonction publique comme l’une des institutions les plus corrompus dans le monde. Pire, dans certaines entreprises, les vieillards refusent systématiquement de libérer des postes pour permettre aux jeunes d’intégrer la vie professionnelle. Il en est ainsi dans plusieurs secteurs de la vie économique où la législation reste inappliquée.  Sur le plan politique, cet envi de s’accrocher aux affaires de l’Etat est tel qu’on oublie la principale mission de service public et d’intérêt général. C’est pourquoi l’on constate, dans la plupart de nos pays, une absence de renouvellement au sein de notre système, de nos élites dirigeantes. De ce fait, chaque groupuscule qui passe, laisse son lot de maux (pillage de nos ressources, délinquance financière, délit d’enrichissement illicite, abus …) au profit des populations. Ils reviennent après chaque élection au pouvoir, promettant de meilleures conditions de vie aux pauvres citoyens ; s’installe ainsi la culture du mensonge et de la médiocrité.

Les possibilités d’emplois existent, il suffit d’une volonté politique manifeste pour engager des réformes dans les différents secteurs de la vie économique tout en instaurant une véritable culture de citoyenneté.

Samba BALDE
Juriste, Expert en LEGISTIQUE

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