(Belga) La France a déployé trois fois ses troupes au Rwanda entre 1990 et 1994, les missions Noroit, Amaryllis et Turquoise au coeur du rapport Duclert, publié vendredi.
En octobre 1990, quelques centaines de soldats français participent à l’opération Noroit, destinée à protéger les ressortissants français au Rwanda au moment d’une nouvelle offensive de la guérilla du FPR (Front patriotique rwandais) de Paul Kagamé. Un certain nombre de coopérants militaires français sont déjà sur place depuis des années en vertu d’accord bi-nationaux de coopération entre les armées des deux pays. Objectifs : protéger l’ambassade et les ressortissants français, voire les évacuer si besoin. Les unités d’élite « contribuent à l’évacuation de 280 Français et 208 étrangers entre le 5 et le 9 octobre » 1990, selon le rapport Duclert La fin de l’opération est évoquée plusieurs fois. Elle ne s’achève qu’en décembre 1993. Quatre mois plus tard, en avril 1994, 500 parachutistes évacuent plus d’un millier d’étrangers dans le cadre de la mission Amaryllis après la mort d’Habyarimana, qui déclenche le génocide. Il s’agit de préparer l’évacuation des Français, reprendre le contrôle de l’aéroport de Kigali et être en mesure d’évacuer des ressortissants. Bilan officiel de l’ état-major des Armées le 14 avril: 1.238 personnes évacuées par voie aérienne dont 454 Français et 784 étrangers parmi lesquels 612 Africains dont 394 Rwandais. L’i Intervention militaro-humanitaire lancée par Paris sous mandat de l’ONU, Turquoise déploie quelque 2.500 hommes et fait l’objet de multiples recadrages à Paris quant à ses priorités. Elle est accusée d’avoir visé en réalité à soutenir le gouvernement génocidaire hutu. Abondamment médiatisée, accompagnée d’une forte activité diplomatique française, Turquoise rencontre l’hostilité immédiate du FPR et la méfiance des ONG. Elle porte notamment les stigmates des relations franco-rwandaises et d’une hiérarchie politique française aveuglée par ses obsessions. Selon le rapport Duclert, les forces Turquoise ne semblent « pas s’être attelées de manière méthodique à la tâche difficile de forcer des soldats à déposer les armes, entreprise d’autant plus sensible en l’espèce que la France avait passé plus de trois ans aux côtés de cette armée ». L’opération « a été principalement humanitaire mais pas seulement », ajoute le texte. « La protection des populations civiles a été efficace pour un petit nombre de Tutsi » mais « elle bénéficie à des populations très majoritairement hutu et qui comptent parmi elles non seulement des tueurs, mais aussi des commanditaires du génocide ». (Belga)