jeudi, mars 28, 2024

Pour Dr Bakary Sambe, « Le Sahel ne pourra échapper aux conséquences de l’intervention turque en Libye »

Ne ratez pas!

Le Dr. Bakary Sambe est largement revenu sur les dessous de l’engagement de la Turquie en Libye, expliquant comment « des puissances étrangères sont en train de mener une guerre par procuration sur le sol libyen au risque d’un enlisement dont les conséquences seront désastreuses pour la situation sécuritaire au Sahel déjà assez préoccupante ».

La décision d’Erdogan d’envoyer des troupes en Libye apporte une nouvelle donne dans ce conflit qui s’enlise déjà et qui pose d’énormes problèmes de sécurité à tout l’ensemble sahélien.

Rappelant que « la grave crise sécuritaire qui sévit actuellement au Sahel a été en grande partie une conséquence directe du chaos libyen », le Dr. Bakary Sambe prévient que « la région ne pourra échapper aux conséquences d’un éventuel enlisement dans ce pays ».

Pour le directeur de Timbuktu Institute et fondateur de l’Observatoire africain du Maghreb et du Moyen-Orient, « il est désolant de constater que ce conflit s’aggrave encore plus par le fait de jeux d’intérêts de puissances dont l’agenda est guidé par des convoitises géostratégiques loin des objectifs de paix et de stabilisation de la Libye ».

Autrement, pour Bakary Sambe, « Il y a, dans ce conflit, deux principaux camps celui sous l’égide du Maréchal Haftar contrôlant la Cyrénaïque – Est de la Libye- et appuyé par l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte partageant la même préoccupation de combattre les Frères musulmans et de limiter leur influence dans le monde ». De l’autre côté, poursuit, Sambe, « il y a le camp de Faez Al Sarraj, régnant sur la Tripolitaine, et de son gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU et fortement soutenu par le Qatar et la Turquie, autrement dit, le camp proche de la mouvance frériste avec ses ramifications à travers le monde ».

Mais, « au-delà des raisons idéologiques avancées », il y a, toujours selon Sambe, « des calculs et des visées économiques et géostratégiques qui motivent l’engagement de la Turquie, de surcroît, dans un contexte politique interne où Erdogan avait bien besoin d’une cause nationale en faveur d’une remobilisation de la classe politique derrière lui. »

« Il n’est pas anodin que cette décision turque soit prise en même temps que s’annonçait un accord dit « EastMed » entre la Grèce, Chypre et Israël autour d’un projet de Gazoduc auquel l’Union européenne a apporté un soutien financier conséquent », révèle Dr. Bakary Sambe.

Pour l’enseignant chercheur au Centre d’Etudes des religions de l’UGB et directeur de Timbuktu Institute, « la Turquie est allée en Libye au moment où se joue son avenir en terme d’approvisionnement en gaz dans des eaux territoriales non loin de ses côtes et à bonne portée dans un contexte où même la Russie essaie de prendre les devants pour son indépendance énergétique ».

« Au moment où l’Algérie bande les muscles et où les pays du Maghreb, y compris la Tunisie, militent plus pour une solution négociée, le voisinage immédiat avec le Niger, entre autres pays du Sahel, fait que tout enlisement de la situation militaire en Libye se répercutera inéluctablement et négativement au Sahel ».

L’inquiétude est d’autant plus grande que « la base avancée de Madama au Niger qui servait, relativement, de verrou a été mise en sommeil par les forces françaises de Barkhane qui se sont redéployées vers Gossi dans le Nord du Mali », ce qui fait que, selon le Dr Bakary Sambe, « une situation chaotique et un enlisement militaire en Libye n’ajouteront que du désordre au Sahel déjà rudement fragilisé par la recrudescence des attaques terroristes aussi bien au Niger qu’au Burkina Faso en plus du Mali ».

DakarActu

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.

Articles récents

Les 137 élèves enlevés par des bandes armées au Nigeria ont été libérées et ont retrouvé leurs familles

Les 137 élèves enlevés le 7 mars par des bandes armées dans le nord-ouest du Nigeria et libérés dimanche...

Notre sélection pour vous