Dans une communication faite à l’occasion d’un panel organisé ce dimanche 23 décembre dans le cadre du Festi-Kolda, le Professeur-Chercheur en langue et civilisation peules Mamadou Ndiaye, a invité les jeunes générations à un retour aux valeurs traditionnelles. Cet ancien Médiateur de l’UCAD, natif de Fafacou-rou dans le département de Médina Yéro Foula, est longuement revenu sur la manière dont l’occupation des terres était organisée dans le Fouladou de ses an-cêtres. C’est dans cette interview qu’il a accordée exclusivement au journal du festival Mbaggu.
Mbaggu: Comment nos ancêtres du fouladou occupaient l’espace
Pr Mamadou Ndiaye : L’occupation de l’espace au Fouladou obéissait à un ordre. En dehors du village, on laissait des passages pour le bétail. On choisissait des zones de cultures pendant un ou deux ans, avant de changer pour aller ailleurs le temps que l’espace déjà cultivé régénère. Dans le village, la disposition des maisons obéissait à un ordre bien déterminé. A l’intérieur de chaque maison, les cases n’étaient pas disposées n’importe comment. Il y a un ordre à respecter pour implanter la case du chef du carré, celle de la première épouse. Même l’emplacement du « Kagou », cette calebasse dans laquelle est gardé le lait, était placée soigneusement dans la case de la première épouse pour ne citer que cet exemple.
Mbaggu : Professeur, nos traditions sont de plus en plus agressées notamment par les médias et les réseaux so-ciaux au point qu’aujourd’hui elles sont menacées de disparition. Quelle est la conduite à tenir ?
Pr Mamadou Ndiaye : C’est vrai que le monde est devenu un village. Mais tout ce qu’il y a dans ce village-là n’est pas bon à prendre. Je demande aux jeunes de s’intéresser à leur passé. Il nous faut un retour aux valeurs tradition-nelles. S’enraciner d’abord comme l’avait suggéré le poète-président Senghor, pour ensuite s’ouvrir au reste du monde afin de prendre ce qui est positif chez les autres.
Mbaggu : Quelle appréciation faites-vous de ce festival ?
Pr Mamadou Ndiaye : Globalement, je trouve que c’est une bonne chose. Ne serait-ce que le rappel des troupes folkloriques qui ont eu à faire des prestations. Cela a permis à tous ceux qui ne connaissaient pas nos traditions, notamment les enfants nés en ville, de découvrir ces facettes culturelles de notre terroir Mais aussi l’idée du maire de faire de cet événement un moment de réflexion sur des questions liées au développement du Fouladou est une très bonne chose, à saluer et à pérenniser.
Propos recueillis par Ismaila Mansaly