C’est du jamais-vu depuis 1945: pour préserver les dauphins, l’essentiel des bateaux de pêche français et étrangers doivent rester à quai dans le golfe de Gascogne à partir de ce lundi , une interdiction qui angoisse la filière malgré les aides publiques annoncées.
Au large d’une vaste zone de la côte atlantique française, de la Bretagne, dans le nord-ouest de la France, à la frontière espagnole, au sud, l’arrêt concerne tous les bateaux, français ou étrangers, de plus de huit mètres et certaines techniques de pêche jusqu’au 20 février.
Cette « fermeture spatio-temporelle » a été décrétée après que le Conseil d’Etat, le juge administratif suprême en France, saisi par des associations environnementales, a demandé au gouvernement français d’agir pour réduire les décès de petits cétacés pris accidentellement dans les filets.
Le Ciem, l’organisme scientifique international de référence, estime à environ 9.000 le nombre de dauphins communs morts chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, pour un niveau soutenable de 4.900 décès au maximum.
Il recommande des fermetures de trois mois en hiver et d’au moins un mois en été.
Serge Larzabal, responsable d’un comité des pêches du sud-ouest de la France, juge toutefois l’interdiction prononcée « en totale disproportion par rapport au peu de danger sur le stock de mammifères marins ».
Pour compenser, le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu a promis vendredi que les indemnisations allaient « varier entre 80 et 85% du chiffre d’affaires pour tous les bateaux » concernés par l’interdiction.
« Cette fermeture (…) va se traduire par 8.000 tonnes de produits de la mer en moins et représenter une perte de 60 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le mareyage », déjà fragilisé par le Brexit, a déclaré jeudi à l’AFP Frédéric Toulliou, président de l’Union du mareyage français (UMF) et de l’association interprofessionnelle France Filière Pêche.