Des habitants des quartiers des Parcelles Assainies de Keur-Massar qui avaient abandonné leurs domiciles, suite aux pluies diluviennes du mois de septembre, sont de retour chez eux, mais toujours dans la crainte des inondations.
A Dakar, les pluies diluviennes qui se sont abattues les 5 et 6 septembre dernier, soit l’équivalent de trois mois de pluies, selon les services de la météorologie, ont fait deux morts et causé de nombreux dégâts matériels à Keur-Massar, une commune située dans le département de Pikine.
De nombreux habitants ont été obligés d’abandonner leurs maisons, englouties par les eaux. Un mois après ce déluge, certains parmi eux ont décidé de regagner leurs concessions, non sans craindre, de vivre de nouvelles inondations.
Sur place, il y a encore le camp de fortune de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP), fait de tentes et de briques superposées à l’intérieur en guise de lit. Installé à l’arrêt dénommé ’’barrage’’, en plein cœur de Keur Massar, ce camp témoigne de l’ampleur des dégâts et de la nature des interventions de ces agents de secours.
A quelques mètres, les pompiers sont toujours à pied d’œuvre. A l’aide d’un ’’Caterpillar’’, ils essaient encore de rendre praticables certains zones jusqu’ici, sous l’emprise des eaux.
Les résidents qui avaient décidé de rester ne prennent plus les zodiacs mis à leur disposition pour effectuer leurs déplacements. La décrue s’est installée grâce au travail de pompage des eaux, mais aussi en raison de la rareté des pluies.
Toutefois, ils sont obligés d’arpenter un chemin balisé de briques et de sacs de sables, pour ainsi éviter le sol encore boueux et les quelques flaques d’eaux verdâtres.
De retour chez elle, après le passage des agents des services d’hygiène qui ont procédé à la désinfection des lieux abondonés pendant plusieurs semaines, Awa Seck, revient en détails sur le calvaire qu’elle subi, durant tout ce mois.
« Nous sommes revenus la semaine dernière (…), mais nous avons beaucoup perdu (…). Je ne peux plus utiliser mon armoire qui a été détruite par les eaux », a-t-elle confié.
Elle dit avoir vécu un mois dans une chambre en location avec toute sa famille.
Mais pour cette mère famille résignée qui affirme avoir repris ses activités quotidiennes, la crainte majeure est de subir à nouveau l’arrivée d’une nouvelle vague d’inondations. Elle dit attendre encore l’aide promise par les autorités étatiques.
Au rez-de-chaussée de la maison du chef de quartier, El Hadji Daouda Mbaye, il y a un stock de matériel électroménager. Sur les carreaux et les escaliers, les traces de l’eau sont encore visibles. Cette famille, comme beaucoup d’autres, avait décidé de rester et d’occuper l’étage.
M. Mbaye, également président de l’Association des délégués de quartier de Keur Massar, reste très sollicité ces temps-ci. Son téléphone ne cesse de sonner. Au bout du fil, une personne lui signale que des eaux provenant d’autres quartiers risquent d’inonder à nouveau leurs habitations.
« Nous avions l’esprit tranquille quand avec l’arrêt des pluies, mais celles tombées dans la nuit du lundi à mardi ont fait nourrir des inquiétudes », a dit M.Mbaye.
A l’en croire, les habitants de ce quartier sont depuis 2012 habitués aux inondations. Mais « c’est la première qu’ils vivent une situation pareille’’, selon lui.
Il a par ailleurs renseigné les jeunes du quartir se sont sont organisés pour pomper les eaux restantes à l’aide notamment de petites motos pompes très puissantes. Une quête a permis de réunir la somme d’un million quatre cents mille francs CFA pour financer ces opérations de pompage.
Son collègue, chef de quartier, aux Parcelles Assainies de Keur Massar, Oumar Faye est lui aussi très inquiet. « Nous vivons une situation inquiétante. Les habitants qui sont revenus sont en train de connaitre la même situation que celle qui les a poussées à quitter le quartier », dit-il.
Il explique que le quartier Madiama Diop dont il est le délégué abrite un bassin où sont déversées des eaux en provenance d’autres quartiers. A son avis, les autorités doivent prendre à bras le corps ce problème. ’’Si non, ce sera la catastrophe dans le quartier », alerte-t-il.
APS