Elles ne savent pas grand-chose, ces femmes potières, de cette journée du 8 mars qui leur est pourtant dédiée. A notre passage vers 9 heures ce dimanche, elles s’étaient déjà installées devant leurs canaris et vases en terre cuite exposés derrière le commissariat central de Kolda, en train d’attendre des clients.
« Nous avons entendu qu’aujourd’hui c’est jour de fête pour les femmes. On n’en sait rien du tout. Nous sommes venues vendre », a laissé entende Madame Coumba Diaby. Par la suite, les langues de ces femmes potières se sont vite déliées quand il s’est agi de parler de leurs conditions de travail. « C’est pénible. Nous faisons vraiment tout à la main », a expliqué Touré Ndiaye qui vient de souffler ses cinquante cinq bougies cette année.
Elle ajoute : « Nous nous déplaçons à pied sur une distance de 10 km environ pour aller extraire la terre. L’extraction de l’argile se fait à l’aide de piques en fer. Regarde nos mains ; elles ne sont jamais lisses. Puis, nous transportons cette terre sur nos têtes jusqu’au village où se fait la fabrication de ces ustensiles et récipients ».
Ce chemin de croix se poursuit par la recherche du bois mort qui permet de cuire la terre. « Nous portons des fagots de 10 à 20 kg sur nos têtes de la brousse jusqu’à la maison. C’est infernal comme travail », se lamentent-elles.
Après la fabrication de ces récipients en terre cuite, ce n’est pas encore le bout du tunnel pour ces braves dames. Elles font face au transport de leurs marchandises vers la ville. Là elles doivent payer des taxes et le transport qui se fait avec des risques. Car, il arrive que des canaris se cassent à cause des secousses, ont-elles expliqué.
« Les charges familiales nous obligent à faire ce travail … »
A la question de savoir si ce métier nourrit son homme, ces potières servent une réponse mitigée. En vérité, « les charges familiales nous obligent à faire ce travail. C’est pour pourvoir subvenir à nos besoins, soutenir nos maris et les enfants », a expliqué Touré Ndiaye. Actuellement, ces canaris sont vendus à Kolda entre 1500 F et 2000 F l’unité. « On ne gagne pas beaucoup. Nous sommes contraintes de mener cette activité parce que nous n’avons pas autre chose à faire », renchérit sa voisine.
Cependant, elles ont émis le souhait d’être soutenues. A les en croire, des charrettes et des brouettes pourraient contribuer à l’allégement de leurs travaux
ismaila.mansaly@koldanews.com