mardi, avril 30, 2024

Journée nationale de l’élevage : Kaël dans un quotidien ordinaire

Ne ratez pas!

A quelques jours de la célébration de la Journée nationale de l’élevage, la commune-hôte de cet événement, Kaël située dans le département de Bambey (centre), présente un tableau des problèmes partagés par les collectivités territoriales, dont la plupart manquent de ressources à investir dans les infrastructures sociales de base, en dépit de toutes les promesses de l’Acte 3 de la décentralisation, la réforme des collectivités territoriales mise en œuvre depuis décembre 2013.

« Promotion des cultures fourragères et amélioration génétique du cheptel, créneaux porteurs pour l’emploi des jeunes et des femmes », thème de la Journée nationale de l’élevage prévu le 28 novembre 2019, semble être un thème choisi exprès pour Kaël.

Les principales activités de cet ancien canton polarisant aujourd’hui 42 villages tournent autour de l’élevage, l’agriculture demeurant secondaire dans cette commune rurale logée au cœur du Baol, entre Mbacké, sa limite nord, Ndioumane et Touba Mboul, au sud, Madina et Darou Salam à l’est, Ndioumane et Dendèye-Gouygui à l’ouest.

La seule infrastructure routière menant à Kaël, sur une distance de 15 km à partir de Mbacké, la capitale départementale, est un tronçon infesté de nids de poule que le voyageur peut ensuite prolonger jusqu’à Kaffrine.

Les habitants de Kaël sont des éleveurs peuls dont les activités agricoles leur permettent à peine de produire 1 à 2 tonnes d’arachide par cultivateur, dans une zone autrefois considérée comme un des bastions arachidiers du Sénégal, relève El Hadji Ba, son maire.

Kaël n’est de même jusque-là pas très tournée vers la culture fourragère, une activité qui n’existe ici qu’à une échelle très petite, sans commune mesure avec le niveau auquel les pouvoirs publics espèrent voir cette commune atteindre dans cette activité, ajoute l’édile.

Du fait du potentiel important de la commune en matière d’élevage, le vol de bétail est par contre récurrent dans cette contrée, ce qui justifie l’implantation d’un poste de gendarmerie pour mieux lutter contre ce phénomène.

À l’image de toutes les autres communes sénégalaises nées des flancs de l’Acte 3 de la décentralisation, Kaël se trouve confrontée au manque de ressources pour financer ses investissements et les infrastructures de base indispensables pour le bien-être des populations.

« A part les projets très locaux et les fonds de concours, nous n’avons aucun projet d’envergure dans notre commune » qui ne dispose selon le maire que d’une enveloppe de 16 millions de francs CFA pour réfectionner une classe, raccorder un village au réseau hydraulique, aménager un terrain pour les jeunes, etc.

L’essentiel des ressources déjà « très maigres » de cette ancienne communauté rurale venait de la taxe rurale désormais remplacée par le minimum fiscal, avec l’entrée en vigueur de l’Acte 3 de la décentralisation.

« Quand on est une commune, on ne parle plus de taxe rurale », un impôt dont s’acquittaient les populations dans le contexte des anciennes communautés rurales, chaque personne contribuant « entre 900 et 1000 francs CFA. Depuis qu’il y a l’acte 3, on ne parle plus de taxe rurale mais de minimum fiscal’’, souligne l’édile de Kaël.

L’acte 3 de la décentralisation est une réforme consacrant la communalisation universelle. Elle vise par ailleurs à organiser le Sénégal « en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable à l’horizon 2022 », selon le chef de l’Etat Macky Sall.

Malgré toutes les difficultés auxquelles elle se trouve confrontée, la commune de Kaël parvient à faire des aménagements budgétaires pour faire face à ses missions prioritaires notamment en matière d’éducation et de santé.

« Nous avons dans la commune de Kaël 6 écoles élémentaires dont 4 ont été construites sous notre magistère de 2009 à maintenant. On a un collège d’enseignement aussi », a indiqué El Hadj Bâ selon qui Kaël compte aussi se doter d’un lycée à court et moyen terme.

Dans le même esprit, la commune a entrepris de faire un maillage sanitaire de son territoire à travers la construction de cases de santé en vue d’améliorer l’offre de soins au bénéfice en particulier des populations des villages un peu plus éloignés du chef-lieu de la commune, selon M. Bâ.

Il a signalé que le poste de santé dont dispose la commune avait été construit avec l’appui d’une société d’assurance.

Concernant le volet hydraulique, l’édile note avec satisfaction que sa commune a atteint un taux de 95 % en matière d’adduction d’eau. Son forage d’une capacité de 700 mètres cube date de 1982, la commune souhaite être approvisionné en eau de meilleure qualité.

L’accès à l’électricité reste par contre un gros problème dans cette commune peu électrifiée, selon son maire.

Dans le but de répondre par ailleurs à la demande de ses fils, la commune de Kaël envisage de faire un lotissement pour mieux faciliter leur retour au bercail.

« Nous avons fait un lotissement en 2009 et nous comptons en faire un second bientôt avec des zones de pâturage, des zones d’habitation et des zones de cultures. On est obligé de gérer les trois zones », a-t-il annoncé.

La zone de pâturage devrait ainsi permettre une meilleure coexistence entre les éleveurs et agriculteurs.

Malgré le manque de moyens et les difficultés rencontrées par la commune pour trouver des partenaires prêts à financer ses investissements, les autorités municipales refusent de baisser les bras.

Pour ce faire, elles comptent sur le dynamisme des femmes en particulier à travers les associations de développement pour renverser la tendance par la multiplication d’activités génératrices de revenus.

« Les dames se sont érigées en groupements pour travailler pour le développement de la commune et il en existe beaucoup », affirme Assane Ka, premier adjoint du maire.

Selon M. Ka, par ailleurs président du CLCOP (cadre local de concertation des organisations de producteurs), une très grande partie de la gente féminine peut se prévaloir de capacités nécessaires en matière de transformation de céréales et de lait.

Ces femmes qui se battent comme des « lionnes » ont pu gagner des ressources importantes à travers les fonds revolving (crédit permanent remboursé automatiquement au fur et à mesure que le particulier rembourse son emprunt). « Elles travaillent, elles transforment, et je crois qu’elles sont sur la bonne voie et elles ont une fortune qui leur permettra de mener beaucoup d’activités », a-t-il dit.

Ce dynamisme se trouve pourtant freiné par l’enclavement de la commune de Kaël, une difficulté supplémentaire pour le développement de ses activités en matière d’agriculture et d’élevage.

« Par exemple, pour écouler leurs marchandises, leur bétail, nos parents se déplacent vers Tip, Mbacké ou Touba pour régler ces problèmes », souligne le premier adjoint du maire de Kaël.

APS

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.

Articles récents

Plainte en Autriche contre ChatGPT, « incapable de corriger » ses erreurs

"ChatGPT divague" et même son éditeur OpenAI "ne peut l'en empêcher": l'association viennoise militant pour la protection de la...

Notre sélection pour vous