mardi, mai 13, 2025

Contribution : Le difficile accès à l’échographie et aux bourses familiales, un véritable calvaire au pays de l’émergence, à l’instar de Vélingara

Ne ratez pas!

Monsieur le Président, l’exceptionnelle mobilisation des femmes pour vous réélire ne devait pas les prédestiner à un tel calvaire. Déjà, lors de la campagne électorale, un des candidats avait dénoncé l’absence d’un gynécologue dans toute la région de Kolda pour ne pas dire dans tout le Fouladou. Beaucoup parmi nous avaient pris cette surprenante sortie pour des paroles d’opposant jusqu’à ce que le scandale soit amplifié par la confirmation sous forme de promesse du candidat sortant. Eh bien, cette situation, malheureusement, n’était que l’arbre qui cachait la forêt, du moins dans le Fouldaou.

A Vélingara, département qui polarise plus de 100 villages pour une population estimée à plus de 25 000 habitants, l’accès à l’échographie relève d’un véritable parcours de combattant. En effet, pour bénéficier de ce service, les femmes enceintes du département viennent de tous les horizons par tous les moyens de transport pour la plupart du temps repartir comme elles étaient venues pendant que celles qui habitent dans la ville sont obligées de se lever à 4 h pour, comme leurs sœurs des villages rentrer avec un nouveau rendez-vous. 

Certaines, très nombreuses, finissent par renoncer après avoir épuisé tous les efforts possibles. D’autres, les plus tenaces, y arrivent après plusieurs tours prévus seulement les dimanches et mercredis comme si la maladie ignorait les autres jours de la semaine. Ici, personne ne sais pour quelle raison l’échographie marche au pas de caméléon. Déjà, on sait qu’il est trop loin de couvrir les besoins. Quel est son état ?  Cette situation dépasse l’entendement dans un pays où l’aspiration à l’émergence est tant chantée. Une seule machine pour tout un département. Pendant ce temps, les joueurs de l’équipe nationale, des enfants en or, ont reçu, de la part de l’Etat chacun une enveloppe de 20 millions. Ils ont travaillé, c’est vrai, ont fait la promotion de la destination du pays mais ils le font en gagnant beaucoup d’argent. La priorité était bien ailleurs.

Comme si cela ne suffisait pas, les conditions d’attribution des bourses familiales sont en train de réduire en cendre tous les efforts jusque-là consentis, portant atteinte, de façon grave, à la dignité, à la condition humaine et à la respectabilité des bénéficiaires. Ainsi, ce qui a été initié pour tirer cette couche sociale vers un niveau économique profitable est en train de devenir une véritable machine génératrice de pauvres. Tout le monde sait que ce ne sont pas les femmes qui ont demandé ces bourses. Aujourd’hui, beaucoup parmi elles souhaitent sa suppression tellement elles se sentent ridiculisées, clochardisées et déshumanisées à chaque fois qu’arrive le moment de les percevoir. Le sentiment le plus partagé par ces vaillantes femmes c’est que le pouvoir les a utilisées comme un mouchoir de poche avant de les jeter comme des malpropres.

Comment comprendre que pour seulement 25 000 frs, des femmes âgées et moins âgées provenant de tous les horizons, à bord de moto jakarta pour la plupart du temps, effectuent d’incessants allers – retours payants sans rentrer dans ces maigres fonds. Il y’en a qui restent aux abords des bureaux de poste, tenaillées par le supplice de la faim, pour attendre longuement et tristement un hypothétique appel. D’autres, à force d’aller et de venir finissent par épuiser toutes les économies qu’elles avaient faites au point que la bourse ne leur servira plus à rien. Mieux, si jamais l’une d’elle arrive à voir la couleur de ces miettes, selon leur dire, elles se font soutirer la somme de 1000 frs par bénéficiaire, condition incontournable pour se faire payer. J’ai été dans plusieurs villages et j’avoue que ce n’était pas du tout gai de voir la désolation qui se lisait dans le visage de ces femmes qui revenaient bredouilles et désespérées avec le pas lourd et la mine triste après un énième tour. Certaines disent que si jamais elles arrivent à se faire payer, elles n’apposent nulle part leur signature. Ce qui semble être très bizarre.

A la lumière de ce qui est en train de se passer, Il est temps de supprimer les bourses familiales si on ne peut pas accorder le minimum de respect à la dignité des bénéficiaires et professionnaliser l’attribution. Aujourd’hui les destinataires sont dans le désarroi et ils se sentent trahis face à une tournure que personne n’a jamais imaginée.  

   Falilou Cissé, conseiller en développement communautaire

                  Tel 77 689 79 44

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.

Articles récents

Pérennisation des cantines scolaires : CICODEV mène le plaidoyer à Kolda

Kolda, a accueilli jeudi dernier une journée de plaidoyer en faveur de la pérennisation des cantines scolaires. Organisée par...

Notre sélection pour vous