Après avoir tué Moustapha Gueye, surveillant forestier dans la commune de Niaming, les «brigands» forestiers sont encore revenus à la charge. Ils ont opposé une résistance farouche aux surveillants forestiers issus de la communauté qui déplore la «démission de l’Etat» dans cette partie du Sud du pays. Les faits se sont déroulés dans la zone de Fafacourou, vers le petit hameau de Pakadi dans le massif de Dourou Salam Dinga, la nuit du samedi 21 au dimanche 22 avril 2018.

La déforestation de la dernière réserve forestière du Sénégal se poursuit de plus bel dans la région de Kolda. Et les coupeurs de bois sont prêts à tout, quitte à marcher sur des cadavres de membre des comités de surveillance villageois ou communautaires, pour tirer le maximum de profit de ce trafic illégal.

En effet, vers 4h du matin, des jeunes surveillants de la localité sont allés vérifier un bruit suspect qui s’est vite révélé être un convoi de charretiers transportant des troncs d’arbres en direction de la Gambie, près de Saré Coly. Les «criminels» surpris ont laissé leur convoi pour faire semblant de fuir, avant de revenir à la charge pour attaquer les surveillants avec des gourdins. Ces surveillants, au nombre de 4, ont pu résister et blesser un des assaillants. Les autres ont pris la fuite, craignant l’arrivée des renforts et laissant le blessé qui sera conduit à l’hôpital. De l’autre côté, les surveillants ont vu leur moto détruite.

Ces accrochages, qui surviennent après le meurtre, à Niaming, d’un surveillant, montent que certaines communautés commencent à s’engager pour défendre le reste de la forêt face a ce qu’ils appellent la «démission de l’Etat».

En plus de la question de la délimitation exacte de la frontière. Un conseiller municipal de l’APR (Alliance pour la République – parti au pouvoir) de Niaming est catégorique: «il n y aucun effort sur le terrain pour protéger les populations et la forêt. Au contraire, l’Etat laisse faire. Il n’y a plus de patrouilles, pas de gendarmes, ni de policiers visibles sur le terrain. Ils viennent quand il y a mort d’homme pour promettre une enquête, c’est fini.»

Et d’ajouter qu’ici personne ne comprends l’absence des services de sécurité le long de la frontière. Il y a simplement une présence symbolique. «Quand il s’agit de défendre l’Assemblée nationale ou mater des marcheurs à Dakar, l’Etat déploie un arsenal impressionnant, mais en nous oubliant, nous autres qui sommes à la merci des bandits. Il faudra forcément faire quelque chose, envoyer des éléments de la DIC (Division des investigations criminelles, ndlr) dans la zone faire des enquêtes sur cette mafia du bois qui a fini de chauffer le climat. Une méfiance s’installe et il ne faut pas attendre plus pour agir», conclut ce responsable politique qui ne comprends plus la politique sécuritaire de son président.

Abdou Diao / KoldaNews

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