samedi, avril 20, 2024

Traite d’êtres humains au salon afro « New York fashion » à Paris? le tribunal tranchera le 8 février

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Des clandestins, du travail dissimulé, des paies misérables, des conditions d’hygiène désastreuses: le tribunal dira le 8 février s’il y a eu ou non traite d’êtres humains dans un salon de coiffure afro du Xème arrondissement de Paris.

Le procès a opposé jeudi devant la 31ème chambre correctionnelle d’un côté la CGT et 18 employés du salon « New York fashion » et de l’autre le gérant Mohamed Bamba et celui qui aurait été le grand patron, Djililou Akambi Abdu.

L’histoire avait fait grand bruit au printemps 2014: des salariés du salon situé au 57 boulevard de Strasbourg s’étaient révoltés en se lançant dans une grève hors norme.

Ils étaient payés à la tâche (pour une manucure ou un défrisage par exemple), la journée dépassait souvent les 10 heures sans pause, 6 jours par semaine. La paie? Certains recevaient 1,43 euro de l’heure, somme qui tardait souvent à être versée.

Pendant longtemps, il n’avait pas été question de protester: 17 des 18 employés étaient en situation irrégulière et auraient été menacés par leurs supérieurs d’être « raflés » par la police.

Ces travailleurs sans papier, soutenus par la CGT, étaient finalement allés se plaindre à l’inspection du travail. « Un fait extrêmement rare », a expliqué Christelle Chambarlhac, inspectrice du travail, au tribunal. Il s’agissait principalement de femmes, des coiffeuses africaines et des Asiatiques spécialistes de la manucure. Le salon avait finalement été liquidé peu après la grève.

L’inspectrice a décrit « une situation exceptionnelle » pour son service: un salon où « 100% » du travail était non déclaré et presque tous les employés étaient en situation irrégulière. « Je ne pense pas avoir vu à un autre moment une telle accumulation d’infractions », a expliqué l’inspectrice.

Peut-on pour autant parler d’une situation de traite d’être humains, une qualification le plus souvent liée à la prostitution ou à de l’esclavage domestique ? La CGT en est convaincue. « Les victimes étaient prises dans un système dont elles ne pouvaient pas sortir », a plaidé Maxime Cessieux, l’avocat du syndicat et des employés. Il s’agit de personnes arrivées peu avant clandestinement en France, certaines ne parlant pas le français. Il évoque du « travail contraint », « un asservissement par la dette » de la part des employeurs qui payaient selon leur bon vouloir.

Le parquet a lui considéré que l’ infraction de traite n’était pas constituée et n’a pas pris de réquisition.

Pour Hervé Denis, l’avocat de la défense, la CGT veut « arracher une jurisprudence ». C’est « un syndicat démonétisé qui essaie de se faire de la pub ».

Le tribunal rendra sa décision le 8 février.

En novembre 2016, Mohamed Bamba, avait déjà été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis pour une longue liste de délits dont travail dissimulé et emploi de personnes en situation irrégulière au salon « New York fashion ».

Mais il a fait opposition du jugement rendu en son absence et a été rejugé jeudi pour ces faits. Le tribunal rendra son jugement le 1er février sur cet aspect du dossier pour lequel le parquet a requis deux ans de prison dont un an avec sursis mise à l’épreuve.
RTLMONDE

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