On peut se poser la question lorsqu’on observe les récentes décision de Donald Trump : est-ce qu’Apple va pouvoir continuer à fabriquer l’iPhone en Chine ? D’autant plus que le nouveau président a promis qu’il forcerait la marque à la pomme à rapatrier sa production sur le territoire américain. Mais en cela, le nouveau président américain ne fait que profiter d’une prophétie que les analystes font depuis deux ans déjà.
Apple va bien rapatrier sa production aux Etats-Unis mais cela ne va pas se faire immédiatement, et cela ne va pas se faire facilement. D’abord, la tendance aujourd’hui est clairement de fabriquer à proximité des clients, des grands marchés. Avec comme objectif de raccourcir les délais d’adaptation des produits aux besoins locaux et à leurs évolutions, ou aussi pour les personnaliser. Cette tendance poussera un jour ou l’autre Apple à installer une chaîne de fabrication aux Etats-Unis.
Pourquoi un jour ou l’autre et pas à court terme, comme l’ont annoncé certaines entreprises automobiles menacées par Donald Trump ?
Parce qu’Apple ne peut être comparée à ces constructeurs automobiles. Apple n’a jamais produit aux Etats-Unis et toute sa chaîne de production et d’approvisionnement se trouve historiquement en Chine. On ne parle donc pas d’une simple usine, mais d’un réseau dense et complexe, un véritable écosystème de fabricants de composants, de pièces détachées, de fournisseurs de matières premières. Auquel il faut ajouter une main d’œuvre bon marché et flexible, non seulement dans les usines de Foxconn, l’assembleur de l’iPhone, mais aussi de tous ces sous-traitants.
La délocalisation sera ou serait donc très complexe ?
Un véritable cauchemar. Il est virtuellement impossible de reproduire le même écosystème, car tout ce réseau de valeur travaille aussi pour d’autres entreprises. Le paradoxe étant que la seule alternative serait une usine entièrement automatisée, avec tous des composants arrivant de Chine en « just in time », mais cela remettrait alors en cause l’objectif de Donald Trump de créer des emplois, notamment peu qualifiés.
Et ce serait nettement plus cher … La revue du MIT, la célèbre université technologique américaine, a calculé que le surcoût pour un iPhone 6S Plus produit aux Etats-Unis pourrait atteindre les 100 dollars. Une décision peu crédible alors que les ventes d’iPhone ralentissent et qu’il n’est pas du tout sûr que les consommateurs américains paient une prime pour un petit logo « Made in America ».
Que pourrait-il alors se passer ?
Une dure négociation sur le rapatriement du bas de laine d’Apple, soit 200 milliards de dollars, actuellement à l’étranger. Une autre négociation sur le rapatriement d’autres activités, comme par exemple des datas centers … Et un jour peut-être la production d’iPhone.
Source:: RTLMONDE