mercredi, avril 24, 2024

Macky Sall veut envoyer 2000 soldats au Yémen : un paris risqué ?

Ne ratez pas!

La bombe a été lâchée à Kaffrine. Lors de son face-à-face avec quelques organes de la presse sénégalaise, le Président Macky Sall a confirmé son intention d’envoyer quelques «Jambaars» soutenir l’Arabie Saoudite dans la guerre qu’elle mène contre le Yémen. Deux mille, souffle-t-on, à gauche et à droite. Peu importe, puisque ce n’est pas tant le nombre que le fait que par cette décision, c’est le Sénégal tout entier qui risque d’entrer de plain-pied dans une poudrière, dont même les Etats-Unis, pourtant allié traditionnel et inconditionnel de l’Arabie Saoudite, n’ont pas voulu.

Sur le principe, Macky Sall ne fait que suivre à la lettre une longue tradition diplomatique. Le Sénégal a toujours eu une politique qui tourne autour du maintien de la paix et qui fait que ses Présidents ont tour à tour déployé des contingents là où il y a des foyers de tension. Darfour, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Mali, République centrafricaine etc. «C’est une manière de s’affirmer, une façon d’exprimer sa puissance et sa présence sur le plan international. Sachant en plus que nous avons la réputation d’avoir des soldats très bien formés et qui, à chaque fois qu’ils sont sur le terrain, agissent d’une manière responsable», croit savoir Tafsir Thioye du Parti démocratique sénégalais (Pds). Il est donc toujours bon pour le Sénégal de confirmer ce statut et le soutien financier qu’apporte l’Arabie Saoudite au Sénégal devrait faire pencher la balance du côté de cette intervention. Sans compter ce qui lie les deux pays au plan religieux. Maintenant, là où le bât blesse c’est  que, aussi bien sur le plan géopolitique que sur celui géostratégique, cette préoccupation soudaine de Macky Sall quant à la «déstabilisation de la région», comprenez le Moyen orient, paraît bien incongrue pour celui qui a évité d’engager «son» Armée dans le contingent de 7500 soldats retenus par l’Union africaine pour combattre «Boko Haram» au Nigeria et au Cameroun. Plus proche encore de Dakar, Macky Sall a longtemps hésité à déployer l’Armée au Mali.

Mourir pour le Yémen…

En entraînant le Sénégal dans ce conflit contre son voisin, l’Arabie Saoudite espère arriver à la «restauration de la légalité constitutionnelle» dans un pays qui peine à retrouver sa stabilité depuis l’ère des printemps arabes. Un prétexte qui, semble-t-il, a été décisif pour le Président sénégalais. Evoquant le sujet, Macky Sall a parlé de sa «préoccupation en ce qui concerne la déstabilisation de la région». Une préoccupation qui doit se concrétiser par l’envoi de contingents dans une zone réputée difficile et que l’économiste Demba Moussa Dembélé a tourné en dérision dans un brillant réquisitoire contre l’envoi de «Jambaars» dans le bourbier yéménite. «Très peu de Sénégalais comprendraient pourquoi leurs soldats iraient mourir dans un pays que peu d’entre eux pourraient situer sur la carte du monde !», écrit-il, en faisant le parallèle avec le Nigeria, où le groupe terroriste «Boko Haram» sème terreur et désolation, avec un risque de contagion sur toute l’Afrique, sans que le Président sénégalais ne fasse part de sa «préoccupation». En tous les cas, pas de la manière dont il l’envisage avec le Yémen. Même situation au Mali, même si Dakar, sous la pression de la communauté internationale, s’est finalement résolu(e) à envoyer un soutien. Tafsir Thioye : «Au regard de ce que le Mali représente pour le Sénégal du point de vue historique, culturel, économique (premier partenaire du Sénégal du point pour les exportations), il pourrait se sentir vexé». Et ce risque géopolitique est encore le meilleur que Macky Sall puisse espérer s’il engage ses troupes dans une bataille au sol contre les Houthis. Le groupe chiite rebelle s’oppose au retour du Président Abd Rabbo Mansour Hadi, dont l’Arabie Saoudite, sunnite, veut se défaire pour pérenniser sa mainmise dans cette région.

Le mouroir d’Aden

Jusqu’ici, les Saoudiens engagés dans ce conflit depuis le 26 mars et qui dirigent une coalition de neuf pays arabes, ont choisi de combattre par les airs pour stopper l’avancée des rebelles houthis, qui contrôlent déjà la capitale, Saana. L’opération nommée «Tempête décisive», avait pour but, selon le général Ahmed Assiri, porte-parole de la coalition arabe au Yémen, de protéger la légitimité du Président yéménite, repousser les milices, les dissuader et détruire leur capacité à attaquer le voisinage. «Ces trois objectifs ont été réalisés. On a conclu la partie « Tempête décisive » et on a commencé l’opération « Restauration de l’espoir »», a-t-il communiqué sur France24. En déchiffré, même si les bombardements ont permis, selon une annonce faite par les milices loyalistes yéménites, de libérer 85 % de la ville d’Aden de l’emprise des Houthis, cette stratégie est un véritable désastre humanitaire. «Du 19 mars au 27 avril, il y a eu 1.244 décès signalés dans les établissements de santé et 5044 blessés», a détaillé l’agence sanitaire de l’Onu dans un rapport de situation repris par le journal Le Monde. Les victimes seraient dans la majorité des cas, des civils. Ce qui a poussé l’Arabie Saoudite à changer de stratégie et à envisager une attaque au sol. Le scénario serait celui d’une action saoudienne, avec la participation symbolique d’autres pays, croit savoir le site d’information du Golfe «Al-Tagreer». Alors que la garde nationale saoudienne, composée de forces terrestres, est déployée depuis le 27 avril à la frontière yéméno-saoudienne, les autres pays de la coalition devraient se charger de «soutenir les forces loyalistes à Aden, à la fois dans l’Armée et au sein des milices». Seul petit hic dans le scénario, les pays de la coalition arabe, composée de la Jordanie, de l’Egypte, des Emirats arabes, du Qatar, du Bahreïn, de la Turquie, du Pakistan, du Soudan, du Maroc, qui apportent un soutien logistique aux bombardements, ont refusé, pour l’instant, l’offensive au sol. «La décision est à l’étude», confie-t-on du côté pakistanais, pourtant plus proche voisin que le Sénégal qui envisage l’envoi de 2000 soldats pour la «Restauration de l’espoir». Demba Moussa Dembélé: «Il faudra à la « coalition internationale » de la chair à canon, c’est-à-dire, des soldats d’autres pays, pour se battre pour le compte de l’Arabie Saoudite». Tafsir Thioye en écho : «Aujourd’hui, les Américains, qui protègent l’Arabie Saoudite, ne sont pas engagés dans cette guerre. Pourquoi le ferions-nous ? Qui plus est, sur un terrain que nous ne maîtrisons pas. Nous allons peut-être envoyer nos soldats pour qu’ils y soient tués. La responsabilité de Macky Sall est très grave dans cette affaire-là.»

Al- Senegaali

L’homme a un petit sourire inoffensif et un regard presque doux sur la photo. Sa tête est recouverte, seule indication qu’il pourrait s’agirait d’un musulman. L’autre indication sur sa nationalité vient du surnom dont il a été, à dessein, affublé. Abu Jafaar al Senegaali (Abu Jafaar, le Sénégalais) serait l’un des trois kamikazes qui se seraient fait sauter en Irak dans un attentat terroriste, occasionnant la mort de 3 soldats irakiens. L’information a été révélée tout de suite par un communiqué posté sur Internet par l’organisation de Etat islamique, qui insiste sur la nationalité. Pourquoi ? Diodio Diagne, bloggeuse et spécialiste en Droit, apporte sa lecture des évènements sur Facebook. «Le choix de cet homme, la divulgation de son nom et de son origine, sont loin d’être fortuits. L’organisation terroriste, par cette voie, vient d’envoyer à nos autorités un message. «Envoyez vos troupes, nous enverrons nos hommes, Sénégalais de surcroît». Ce groupe maîtrise la communication, quelle brillante idée que de choisir un type pour l’attentat, insistant sur sa nationalité (fausse ou avérée) pour exprimer une menace voilée. Une façon de montrer qu’elle a des «Sénégalais» entraînés, à sa portée. Qui mieux qu’un national pour infiltrer et commettre un attentat ? A ce jour, des Sénégalais (Omar Diaby, Abdul Mbodj, etc.) sont fichés et recherchés pour leurs liens avec les réseaux terroristes au Yémen et ailleurs.

La présence effective de nos nationaux dans ces réseaux est à prendre au sérieux, mais il est encore plus important de savoir dans quoi nous embarquer.» Même si, en matière de terrorisme, le Yémen est contrôlé par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), l’Oei, qui serait né au Yémen d’une scission de l’Apqa, vient de signaler sa présence par l’attaque terroriste d’une mosquée. «Macky Sall est trop en avant dans la lutte contre le terrorisme, alors qu’il n’a pas sécurisé ses arrières», lance Tafsir Thioye, qui se questionne sur la stratégie mise en place pour protéger le Sénégal ou encore sur les moyens de dissuasion déployés. En désespoir de cause, pense le libéral, le chef suprême des Armées pourrait être arrêté par l’Assemblée nationale. Seulement, on parle dans le camp présidentiel, de soutien et non de guerre qui nécessiterait l’accord de l’hémicycle. Tafsir Thioye : «C’est parce qu’il comprend de travers. La guerre, ce n’est pas seulement l’engagement du Sénégal. La guerre au Mali est une convention. Mais s’engager dans une guerre entre deux pays, c’est aussi aller en guerre. L’ennemi peut t’attaquer. On n’est pas dans le maintien de la paix, où c’est une crise entre deux pays ou deux tribus… Lorsqu’un pays est en conflit avec un autre pays, c’est la guerre et dès l’instant que tu apportes ton soutien à l’un des pays, tu t’engages dans la guerre. Et donc tu es en guerre et pour être en guerre, il faut que l’Assemblée nationale t’autorise l’envoi de soldats.» La répétition est pédagogique. Et salvatrice dans bien des cas.

source:www.gfm.sn

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.

Articles récents

Situation sanitaire de Kolda :le Directeur régional de la santé signale un gap en spécialistes

L'absence de réanimateurs, le déficit en gynécologues et pédiatres, parmi d'autres spécialités cruciales, ont été signalés comme des défis...

Notre sélection pour vous