samedi, avril 27, 2024

Burundi: « Que fait la communauté internationale? On nous tire dessus à balles réelles », a lancé Thierry

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Plusieurs manifestants opposés à un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza ont été blessés par balle à Bujumbura lundi, alors que pour la première fois des protestataires ont réussi à gagner le centre de la capitale.

Après deux jours de trêve, les manifestants sont descendus par groupes de plusieurs centaines de personnes dans les rues de quartiers périphériques de la capitale, où la police tente de cantonner les manifestants depuis le début du mouvement le 26 avril pour les empêcher d’aller faire une démonstration de force au centre-ville.

Mais plusieurs dizaines de manifestants, rapidement dispersés par la police, ont réussi à gagner la place de l’Indépendance en plein centre.

A Musaga, dans le sud de Bujumbura, les policiers ont répondu par des tirs à balles réelles et des gaz lacrymogènes à des jets de pierre des manifestants après une matinée de face-à-face tendus, selon des journalistes de l’AFP qui ont y ont vu sept blessés par balle, dont au moins un grièvement.

« Que fait la communauté internationale? On nous tire dessus à balles réelles », a lancé Thierry, 32 ans. « Que la communauté internationale nous vienne en aide, nos droits sont bafoués ».

Deux policiers au moins ont aussi été blessés sur place par des jets de pierre, selon les journalistes de l’AFP.

Dans l’est de la capitale, à Nyakabiga, un autre journaliste de l’AFP a vu un autre blessé par balle, touché à l’épaule. Selon le journaliste, la police, qui a aussi utilisé des gaz lacrymogènes, a tiré sur les manifestants sans sommation.

Après une trêve de deux jours, les protestations, interdites par le gouvernement et dont la répression a au total déjà fait au moins six morts, ont repris lundi dans la capitale du petit pays d’Afrique des Grands Lacs.

Les manifestants dénoncent la désignation de Pierre Nkurunziza, élu une première fois en 2005 et une deuxième fois en 2010, comme candidat de son parti le Cndd-FDD à la présidentielle du 26 juin.

Les opposants à un troisième mandat le jugent anticonstitutionnel et contraire à l’accord d’Arusha qui avait ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile (1993-2006) et limite à deux les mandats présidentiels.

Le camp Nkurunziza juge la démarche parfaitement légale et a demandé à la Cour constitutionnelle de trancher. Cette dernière, jugée inféodée au pouvoir par les manifestants, doit se prononcer dans les jours à venir.

– « Camps arc-boutés » –

« Nous avons deux camps arc-boutés sur leurs positions et aucun n’est prêt à reculer », résume un diplomate.

Ces divisions sur le troisième mandat se retrouvent jusqu’au sein des forces de l’ordre, surtout l’armée.

Depuis le début des manifestations, elle joue la neutralité, s’interposant entre police et manifestants, tout en envoyant des messages mixtes.

Le ministre de la Défense, le général Pontien Gaciyubwenge, a demandé que cessent « les atteintes aux droits » constitutionnels des Burundais, une allusion semble-t-il à celui de manifester pacifiquement, tandis que le chef d’état-major, le général Prime Niyongabo, proche de Pierre Nkurunziza, a garanti que les militaires resteraient loyaux aux autorités du pays.

L’armée, dont l’attitude reste la grande inconnue si la situation devait dégénérer, a, comme la police, été reconstituée au sortir de la guerre civile.

Aux termes de l’accord d’Arusha, chacun des deux corps est censé respecter une parité ethnique dans ses rangs, dans un pays très majoritairement peuplé de Hutu.

L’armée, qui passe pour mieux respecter cette contrainte, est jugée plus neutre et mieux respectée par la population qu’une police jugée aux ordres du pouvoir.

Mais elle n’en est pas moins tiraillée du fait de sa composition ethnique – elle est faite de chefs d’ex-rébellions hutu comme le Cndd-FDD et d’ex-officiers de l’armée tutsi opposés pendant la guerre civile – mais aussi de clivages politiques.

« Il y a des divergences assez sérieuses au sein de l’appareil sécuritaire » qui « concernent la gestion de la crise dans son ensemble », explique le diplomate, soulignant que des opposants au troisième mandat existent dans l’armée comme la police.

Le médiateur de la République (Ombudsman), Mohammed Rukara, haut responsable burundais, a lui demandé lundi aux manifestations de « ne pas utiliser la violence » et « déclaré la tolérance zéro aux tueries, même si c’est quelqu’un des corps de défense qui tire ». Il a annoncé une commission d’enquête sur ces incidents.

Avec AFP

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