L’actuel Premier ministre français est accusé par des membres de la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles dans un établissement scolaire des Pyrénées-Atlantiques
On l’appelle déjà « l’affaire Bétharram ». Chez nos voisins français, des agressions sexuelles et viols présumés auraient été commis entre les années 1950 et 1990 dans le collège-lycée privé Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Depuis un an, le parquet de Pau enquête sur plus d’une centaine de plaintes déposées contre d’anciens membres du personnel de l’établissement, notamment des prêtres et surveillants.
L’arrondissement de Pau est précisément, c’est aussi un secteur sur lequel François Bayrou, le nouveau Premier ministre français, est actif depuis une vingtaine d’années, notamment en y étant député.
Il est aujourd’hui accusé par la gauche de ne pas avoir agi, tout en étant supposément en toute connaissance de causes.
François Bayrou a rencontré ce samedi à Pau un collectif de victimes.
Les premières plaintes et l’enquête en cours
Deux premières plaintes pour violences ont été déposées en 1996. Une autre plainte pour viol en 1998 n’a pas pu aboutir puisque le prêtre mis en cause ayant été retrouvé mort deux ans plus tard à Rome.
Une nouvelle enquête, ouverte l’an dernier, porte sur plus d’une centaine de plaintes concernant des faits s’étalant des années 1970 aux années 1990.
Les déclarations de François Bayrou
C’est le député La France Insoumise (LFI) Paul Vannier qui a réclamé une commission d’enquête sur le contrôle des établissements scolaires privés. Cette demande sera examinée mercredi prochain en commission des Affaires culturelles et de l’Éducation.
Ministre de l’Éducation entre 1993 et 1997, puis député local, il affirme n’avoir « jamais été averti » à l’époque de tels faits. Il a réitéré cette position face aux députés à l’Assemblée nationale, alors qu’il était interrogé sur l’affaire.
Ce samedi, pourtant, François Bayrou a affirmé qu’il avait fait organiser une inspection du collège Bértharram en 1996. « Quand j’ai appris, alors que j’étais ministre de l’Éducation nationale, la première plainte pour une claque, j’ai fait organiser une inspection générale de l’établissement, dont je n’avais aucune trace », a-t-il indiqué. « Je savais bien que je l’avais souhaitée, mais je n’avais aucune trace, et cette inspection a donné lieu à un rapport que vous avez lu hier et qui était un rapport, au bout du compte, rassurant. Et c’est toujours pareil dans les affaires de violences de cet ordre. »
Les revendications des victimes
Les victimes évoquent des abus sexuels et des châtiments corporels infligés aux élèves. Des témoignages décrivent des punitions comme la « punition du perron », où des élèves étaient laissés dehors sans vêtements.
Le porte-parole des victimes, Alain Esquerre, reproche à François Bayrou son silence depuis le début de l’affaire. Il réclame davantage de moyens pour le parquet de Pau et veut faire des violences sexuelles une « priorité nationale ».
Les victimes proposent d’introduire des programmes éducatifs dans toutes les écoles françaises pour sensibiliser les enfants à la lutte contre la pédocriminalité et demandent des inspections aléatoires dans les internats privés similaires à celui de Bétharram.
Elles demandent également la création d’un fonds d’indemnisation destiné aux victimes d’abus dans les établissements privés sous contrat, serait financé conjointement par l’État et les congrégations religieuses.
Finalement, les victimes réclament que tout soupçon d’abus sexuel ou de violence physique soit signalé obligatoirement, avec des sanctions administratives et financières en cas de non-respect.
Elles souhaitent un soutien psychologique systématique et gratuit, ainsi que la mise en place d’un numéro vert national garantissant l’anonymat pour signaler les violences.
Quelles mesures ?
Gérald Darmanin a promis plus de moyens pour les parquets, notamment celui de Pau, à la demande du Premier ministre.
Une inspection a été ordonnée par le ministère de l’Éducation nationale. En 1996, une enquête académique avait conclu que l’établissement « n’est pas un lieu où les élèves sont brutalisés ».
D’autres victimes?
« J’invite tous ceux qui n’ont pas encore saisi la justice à se manifester car un nombre colossal de victimes restent encore tapies dans l’ombre », a déclaré ce samedi Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes dans l’affaire Bétharram, à l’issue d’une réunion avec le Premier ministre et maire de Pau François Bayrou.