dimanche, mars 16, 2025

Pourquoi certains pays interdisent-ils DeepSeek? « Un coup calculé et préparé avant l’ère Trump »

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Le robot conversationnel chinois DeepSeek fait sensation par ses performances comparables aux modèles américains, mais il est déjà sous le coup de restrictions dans plusieurs pays. Des préoccupations liées à la cybersécurité et à l’accès aux données par Pékin sont mises en avant.

L’Italie a été le premier pays à ouvrir une enquête sur DeepSeek, interdisant à la start-up chinoise de traiter les données des utilisateurs italiens. Taïwan a suivi en bloquant son utilisation par les fonctionnaires et les infrastructures sensibles, invoquant des risques pour la sécurité nationale.

L’Australie et la Corée du Sud ont ensuite imposé des restrictions similaires, interdisant DeepSeek sur les ordinateurs gouvernementaux et militaires. Aux États-Unis, des parlementaires ont proposé une loi visant à bannir son utilisation sur les appareils du gouvernement, accusant la start-up d’être « affiliée au Parti communiste chinois« .

Le gouvernement chinois n’exigera jamais qu’ils collectent illégalement des données

DeepSeek affirme collecter des informations sur les interactions au clavier de ses utilisateurs, une pratique qui inquiète plusieurs experts. « En Chine, lorsque le gouvernement demande l’accès aux données des utilisateurs, les entreprises sont légalement tenues de les fournir« , rappelle Youm Heung-youl, spécialiste de la sécurité des données en Corée du Sud.

Pékin assure pourtant que « le gouvernement chinois n’exigera jamais des entreprises ou des individus qu’ils collectent ou stockent illégalement des données« , dénonçant une politisation des questions technologiques.



Une crainte réelle ou une guerre d’influence ?

Les décisions prises par certains gouvernements, notamment en Corée du Sud, ne relèvent pas seulement de préoccupations sécuritaires, mais aussi d’un alignement stratégique sur les États-Unis, selon Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes à l’université d’Oslo.

« La Corée du Sud ne peut pas opérer seule dans une situation de guerre à grande échelle. On s’attend donc plus ou moins à ce qu’elle suive les directives de l’armée américaine en matière de cybersécurité« , explique-t-il.

Toutefois, il rappelle que « aucune grande entreprise de la tech n’est politiquement neutre« . Google, par exemple, collecte de nombreuses données sur ses utilisateurs et il est naïf de penser qu’elles ne sont pas accessibles aux autorités américaines si elles en font la demande. Mais il reconnaît que la collaboration entre les entreprises chinoises et le gouvernement de Pékin est probablement « plus approfondie« .

DeepSeek, une surprise? 

L’émergence rapide de DeepSeek ne relève pas du hasard, mais s’inscrit dans la stratégie d’investissement massif de la Chine en recherche et développement. Le pays se classe désormais deuxième investisseur mondial, juste derrière les États-Unis. « DeepSeek a été lancé en mai 2023, et une telle technologie ne peut pas émerger du jour au lendemain« , note Park Seung-chan, professeur d’économie chinoise à l’université sud-coréenne de Yongin.

Il estime que cette percée a été « comme un coup calculé préparé avant l’ère Trump », et qu’il faut désormais « s’attendre à une deuxième et une troisième vague de DeepSeek« .

L’entreprise chinoise a notamment réussi à développer son IA avec des puces H800, des semi-conducteurs moins avancés mais encore autorisés à l’exportation vers la Chine jusqu’en 2023. « Si DeepSeek a obtenu ces performances avec des H800, cela signifie que même sans semi-conducteurs de dernière génération, des résultats similaires peuvent être atteints avec des composants standards, tant que le logiciel est performant« , souligne Park Ki-soon, professeur à l’université Sungkyunkwan en Corée du Sud.

Cette avancée pourrait bien bousculer l’industrie des semi-conducteurs, dominée par la Corée du Sud et Taïwan, et forcer les gouvernements occidentaux à repenser leurs stratégies en matière d’intelligence artificielle.

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