Les prochains jours vont être décisifs dans l’Est de l’Afrique où la crainte d’un conflit régional se renforce. À Goma, ville conquise par le groupe anti-gouvernemental M23, le calme est revenu, mais la situation inquiète. Les rebelles progressent et visent désormais Kinshasa
Les corps s’entassent devant la morgue de Goma. La Croix-Rouge n’arrête pas d’en déposer. En tout, 700 personnes ont perdu la vie en une semaine de combat et 2800 ont été blessées. Les hôpitaux sont débordés.
« J’étais dans ma tente quand une balle a traversé mon abdomen. Je ne savais même pas d’où elle venait », indique une patiente.
« On a eu beaucoup de blessures abdominales », constate Abdou Rahman Sidibe, chirurgien à la Croix-Rouge. « En plus de ça, on a eu des blessures par engin explosif. La prise en charge est très difficile et très complexe. »
Goma, 2 millions d’habitants. La vie reprend mais difficile de trouver de l’essence. Les écoles sont fermées, les banques aussi. Et sur les marchés, les prix ont flambé.
« Le transport est difficile et très cher car il n’y a plus de camions. Et puis il n’y a plus assez de marchandises car tous les cultivateurs ont fui la guerre », se désole un habitant. « C’est une énorme souffrance. Le prix est multiplié par 5. Ce qu’on achetait à 1000 francs congolais se vend maintenant à 5000 francs congolais. »
Fiers de leur conquête, les chefs rebelles sillonnent les rues de Goma. Le M23 est un groupe majoritairement Tutsi soutenu par le pays voisin, le Rwanda, accusé de vouloir piller les ressources naturelles du Congo.
3 à 4000 soldats rwandais seraient au Congo pour appuyer les rebelles dans leur avancée face à une armée congolaise déliquescente. Le M23 est ce soir aux portes de Bukavu, un million d’habitants, la capitale du sud Kivu redoute des combats. « Nous avons peur car nous ne savons ni l’heure ni le jour de leur arrivée. Alors on fait des provisions car on ne sait pas combien de temps la guerre va durer. On prend pour quelques jours selon ses moyens… »
L’objectif, à Kinshasa, est de renverser le président Tshisekedi. Son allié Burundai évoque un risque de guerre régionale.
« Si le Rwanda continue, un jour il va venir au Burundi, nous n’allons pas accepter la guerre générale », affirme Evariste Ndayishimiye, président du Burundi : . Trois ans que cette guerre dure entre le Rwanda et le Congo.
Dernier épisode de 28 ans de conflits entre les deux pays, 6 millions de morts et des millions de personnes jetées sur les routes.