Au lendemain de la chute de Bachar al-Assad et de la « libération » de Damas par les rebelles, l’ONU appelle à juger les responsables des exactions commises sous son régime. Pendant ce temps, le Kremlin refuse de confirmer si l’ex-président syrien et sa famille ont trouvé refuge en Russie.
Dans la nuit de samedi à dimanche, des tirs de joie ont éclaté à Damas, tandis que des invocations religieuses résonnaient dans les mosquées. Des dizaines de Syriens ont convergé vers la place des Omeyyades pour célébrer la chute de Bachar al-Assad et la fin d’un régime autoritaire.
« On attendait ce jour depuis longtemps », a confié Amer Batha, ému aux larmes. Avant d’ajouter : « C’est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie. »
Sur cette même place, une statue de Hafez al-Assad, père de Bachar, a été renversée et piétinée par la foule, symbole du rejet de l’héritage familial. Sous sa présidence, la Syrie avait été fermée à toute dissidence, avec des répressions sanglantes, comme celle de Hama en 1982, qui avait fait des dizaines de milliers de morts.
L’attente d’un jugement
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a insisté lundi sur la nécessité de juger les auteurs des violations graves perpétrées durant les décennies de règne des Assad, et particulièrement depuis le début de la guerre civile en 2011.
« Toute transition politique doit garantir que les responsables rendent des comptes », a-t-il déclaré.
Dans les rues de Damas, les Syriens réclament justice. « Aujourd’hui, notre joie est immense, mais elle ne sera complète que quand le criminel sera jugé », a déclaré Ilham Basatina, depuis son balcon dans le quartier de Chaghour.
L’ONU appelle également à préserver toutes les preuves des crimes, en vue de poursuites judiciaires futures, tout en demandant des mesures pour protéger les minorités et prévenir les représailles.
Moscou reste silencieux
Après leur offensive éclair, les rebelles ont annoncé la fuite de Bachar al-Assad. Si la destination reste inconnue, des hypothèses évoquent la Russie, l’Iran ou les Émirats arabes unis.
De son côté, le Kremlin refuse de confirmer sa présence en Russie.
Malgré des sources non-officielles affirmant que l’ex-président syrien aurait trouvé refuge à Moscou avec sa famille, le porte-parole russe Dmitri Peskov élude la question : « Je n’ai rien à vous dire sur les allées et venues du président Assad ».
Ce flou alimente les spéculations, alors que les alliés traditionnels d’Assad, comme la Russie et l’Iran, avaient activement soutenu son régime pendant la guerre.
Le Kremlin a également déclaré vouloir entamer des discussions avec les nouvelles autorités syriennes pour garantir la sécurité de ses bases militaires en Syrie.
Une transition sous tension
Alors que la Syrie s’éveille à une nouvelle ère après plus de cinq décennies de règne de la famille Assad, le pays fait face à des défis colossaux.
La transition politique devra non seulement gérer les tensions internes, mais aussi répondre aux attentes internationales en matière de justice et de reconstruction.