vendredi, janvier 17, 2025

Casquette et lunettes noires: accusé de viols, le cinéaste Jacques Doillon arrive discrètement au tribunal pour une possible inculpation

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Après Benoît Jacquot, Jacques Doillon ? Le deuxième cinéaste visé par les accusations de la comédienne Judith Godrèche, qui avaient provoqué une déflagration dans le cinéma français, risque à son tour une mise en examen, vendredi devant un juge parisien.

Le cinéaste, 80 ans, avait assuré en avril n’avoir « jamais promis de rôle à quiconque ni profité de (sa) position de réalisateur pour obtenir des faveurs sexuelles ». « En 35 films, il m’est arrivé une ou deux fois d’avoir des idylles avec des comédiennes, mais je n’ai pas été un harceleur », avait-il ajouté. Cette figure du cinéma d’auteur est arrivée vendredi vers 09H50 au tribunal de Paris le visage couvert d’une casquette noire et de lunettes de soleil, accompagné de son avocate Me Marie Dosé. 

Sollicitée au début de l’interrogatoire, cette dernière n’a pas répondu dans l’immédiat.

Jacques Doillon avait été placé en garde à vue à la Brigade de protection des mineurs début juillet, en même temps qu’un autre cinéaste mis en cause par Judith Godrèche, Benoît Jacquot. Si ce dernier a été mis en examen pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000, M. Doillon avait vu sa garde à vue levée « pour raisons médicales ».

Le parquet de Paris avait annoncé qu’il réfléchissait encore « aux modalités des suites à donner » le concernant. M. Doillon a donc été convoqué vendredi aux fins d’une mise en examen, sans que l’on sache à ce stade pour combien des accusations qui le visaient. Devant les policiers, le cinéaste avait notamment été confronté à Joe Rohanne, personne trans non binaire, qui a déposé plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques.

Les faits qu’elle a racontés au Monde, a priori non prescrits, datent de 2009 à 2012 et se seraient produits en France et en Belgique. Deux femmes avaient en outre déposé plainte pour des faits qui semblaient prescrits : Hélène M. avait accusé le cinéaste de viol à Paris en 1995, alors qu’elle avait 16 ans, tandis qu’Aurélie Le Roc’h l’avait accusé de tentative de viol à l’été 1998 au domicile de M. Doillon, en région parisienne.

« Effet de meute »

L’enquête préliminaire avait été déclenchée après la plainte déposée par Judith Godrèche contre les deux cinéastes. Mais les faits décrits par la comédienne ne figuraient pas dans le périmètre des accusations passibles de poursuites potentielles, pour cause de prescription. Elle accuse M. Doillon de lui avoir « mis les doigts dans la culotte » pendant des essais pour le film « La fille de 15 ans » sorti en 1989. Elle avait alors 15 ans et était avec Benoît Jacquot.

« Je n’ai jamais eu de rapport intime avec Judith Godrèche. Je n’ai jamais été attiré par elle », avait répliqué Jacques Doillon en avril. « Judith Godrèche a ouvert le bal et fait de moi son bouc émissaire. Les autres accusations l’ont suivie », avait-il estimé, dénonçant un « effet de meute »

Jacques Doillon a porté plainte en diffamation contre Mme Godrèche, spécifiquement pour un post Instagram du 21 février dans lequel elle l’accusait de « coucher » avec des « enfants« . Judith Godrèche a récemment annoncé avoir reçu un avis préalable de mise en examen pour diffamation, une mesure procéduralement automatique. La comédienne est devenue une fer de lance du mouvement #MeToo en France après ses accusations, déclenchant notamment l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel. 

D’autres dossiers visant des figures de cette industrie seront prochainement jugés: le réalisateur Christophe Ruggia comparaît lundi et mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour agressions sexuelles sur Adèle Haenel quand elle était jeune adolescente. Gérard Depardieu doit lui être jugé à Paris les 24 et 25 mars 2025 pour des agressions sexuelles.

Ces affaires, comme celle du producteur Luc Besson, qui a finalement fait l’objet d’un non-lieu, ou du réalisateur Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes de viol et qui a été condamné aux Etats-Unis pour des « relations sexuelles illégales » avec une mineure de 13 ans, ont mis en lumière l’ampleur des violences sexuelles visant les femmes dans le milieu du cinéma.

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