Mercredi soir, le gouvernement mené par Michel Barnier a été victime d’une motion de censure par les députés RN et de gauche. Une première depuis 1962 avec conséquence, la chute du Premier ministre et de ses ministres.
Renversé hier par l’Assemblée nationale par 331 voix, alors que 289 suffisaient, le Premier ministre français Michel Barnier est attendu ce matin à l’Elysée pour remettre officiellement sa démission à Emmanuel Macron. De son côté, le président de la République a déjà annoncé qu’il s’exprimera ce soir à la télévision.
En général, Emmanuel Macron prend son temps pour nommer un nouveau Premier ministre. Et cette fois, il pourrait faire autrement : d’abord, parce que Michel Barnier a dit clairement à la télévision mardi soir qu’il ne souhaitait pas rempiler, que ça n’aurait pas de sens, donc le conserver plusieurs semaines à Matignon en affaires courantes, comme il l’avait fait avec Gabriel Attal, paraît illusoire.
Plusieurs candidatures
Ensuite, le week-end sera consacré à l’inauguration de Notre-Dame de Paris, restaurée après son incendie. Il y aura de nombreux invités, dont Donald Trump et le président voudra sûrement s’y présenter avec un gouvernement de plein exercice et un Premier ministre tout neuf. Plusieurs noms circulent déjà comme celui du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, du chef du parti centriste François Bayrou, et même celui de Ségolène Royal, qui a fait dans la nuit acte de candidature.
On verra bien, mais il y a peu de chances qu’il désigne une personnalité de gauche, comme l’ont réclamé les socialistes, qui proposent même un pacte de non-censure aux membres de l’actuelle coalition. Les socialistes devront attendre un peu avant qu’ils Emmanuel Macron leur pardonne d’avoir précipité la chute de Michel Barnier. On assistera peut-être à une surprise, comme lors de la nomination de Jean Castex, que personne n’attendait.
On évoque aussi le nom du président de la Banque de France, mais ce grand serviteur de l’État n’est pas en politique et serait probablement broyé dans le brouhaha de l’Assemblée nationale. Et puis, un Premier ministre, d’accord, mais pour quoi faire ? La motion de censure a bloqué le travail parlementaire autour du budget. Pour autant, la France a besoin d’un budget.
Le nouveau gouvernement va donc essayer de représenter le texte Barnier, plus ou moins amendé, et s’il n’arrive pas à le faire voter avant le 31 décembre, il devra par ordonnance reconduire le budget de l’an dernier. Mois par mois, cela permettra de payer les fonctionnaires et d’assurer le fonctionnement de l’État. Mais en l’absence d’un nouveau budget, pas question de prendre des initiatives.
Ce ne sera pas le chaos, mais ce ne sera pas non plus l’Eldorado. La situation économique de la France et l’évolution du paysage international, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, nécessitent la prise de décisions importantes. Or, le budget de l’an dernier n’a pas prévu, par exemple, d’augmenter les crédits militaires. Certes, le nouveau gouvernement pourrait essayer de faire passer son budget par le 49.3, mais ce n’est pas sûr que ça marche.