Perchée le long de la frontière sénégalaise avec la Guinée-Bissau, la Zone B souffre d’un oubli quasi total des autorités. Cette localité, située dans la partie sud du département de Goudomp, cumule les difficultés : routes impraticables, accès précaire aux soins, chômage endémique des jeunes, et pénurie chronique de services publics essentiels. À cela s’ajoute un sentiment profond d’abandon, partagé par les habitants qui tentent de survivre dans des conditions extrêmement difficiles.
Un enclavement quasi-absolu
La Zone B est coupée du reste du pays par des routes cahoteuses et des pistes de terre qui se transforment en bourbiers infranchissables à la moindre pluie. Cet enclavement accentue l’isolement des villages, et complique l’accès aux services sociaux de base, mais aussi l’écoulement des produits agricoles, principale source de revenus pour la population.
« Nous sommes comme coupés du monde. C’est difficile de rejoindre la RN6 en période hivernale. Un vrai chemin de croix», se lamente un habitant de Sanou, un des villages situé à la frontière. Cet isolement limite également les interventions de l’État, qui peine à mener des projets de développement dans la zone.
Des infrastructures sanitaires précaires
La situation sanitaire de la Zone B est particulièrement alarmante. Un poste de santé en construction à Sanou, longtemps attendu par la population, est aujourd’hui à l’abandon. L’entrepreneur de ce chantier du PUDC a eu seulement le temps de faire les briques pour disparaitre, les malades se tournent vers la médecine traditionnelle ou entreprennent des trajets longs et périlleux pour se faire soigner à Samine ou Simbandi Balante.
« Si quelqu’un tombe malade, il faut prier qu’il tienne le coup jusqu’à ce qu’on arrive à la RN6. Il n’y a ni ambulance, ni infrastructure pour les urgences », confie une mère de famille, la voix pleine d’inquiétude.
Le fléau du chômage et du vol de bétail
La jeunesse de la Zone B souffre d’un chômage chronique, qui pousse certains jeunes à quitter leur village pour trouver de meilleures perspectives ailleurs. Ce phénomène a dépeuplé les villages et affaibli les forces vives, sans perspectives d’emploi ni de formation professionnelle pour les retenir.
À cela s’ajoute un autre fléau : le vol de bétail, devenu endémique. Ce phénomène menace encore davantage la stabilité économique de la zone, où l’élevage est une ressource capitale. Les habitants se disent impuissants face à ce problème récurrent, qui trouve peu d’écho auprès des autorités locales.
Un cri d’alerte pour la reconnaissance
Marqués par les guerres de libération de la Guinée-Bissau et les affrontements avec les indépendantistes casamançais, les habitants de la Zone B portent les cicatrices d’un passé douloureux. Ils se sentent oubliés, marginalisés et ignorés par l’État et les partenaires au développement.
« Nous sommes des Sénégalais à part entière, et nous méritons l’attention de l’État. Ici, l’équité territoriale n’est qu’un slogan », déclare un chef de village, en proie à la colère et au désespoir.
Un appel à l’action
Pour les habitants de cette zone enclavée, il est temps que l’État et ses partenaires agissent concrètement pour améliorer leurs conditions de vie. Ils demandent des routes praticables, un accès à l’électricité, des infrastructures de santé fonctionnelles et des programmes de soutien pour l’emploi des jeunes.
Sans un soutien massif, la Zone B risque de sombrer davantage dans la précarité. Le message des habitants est clair : ils réclament une oreille attentive et des actions tangibles pour sortir de l’isolement et bâtir un avenir meilleur.
ismaila.mansaly@koldanew.com