En 2021, Donald Trump contestait les résultats des élections en faveur de Joe Biden. Ces déclarations avaient mené le 6 janvier 2021 à l’assaut du Capitole. Trois ans plus tard, le candidat républicain parle une nouvelle fois de fraudes électorales, infondées. Washington se prépare à toute éventualité.
Barrières de sécurité, planches sur les vitrines des magasins, présence policière visible : en amont de l’élection présidentielle mardi, la ville de Washington se prépare à toute éventualité de violence, gardant en mémoire les événements qui l’ont secouée il y a quatre ans.
Le spectre du 6 janvier 2021
Les autorités de la capitale fédérale des États-Unis ont averti qu’un « environnement de sécurité mouvant et imprévisible » était à attendre dans les jours, et même les semaines qui suivront la fermeture des bureaux de vote, ajoutant qu’elles ne s’attendaient pas à ce qu’un vainqueur soit proclamé le jour même de l’élection.
Le spectre du 6 janvier 2021 plane toujours sur la ville : ce jour-là, des centaines de partisans de Donald Trump avaient pris d’assaut le Capitole, temple de la démocratie américaine, pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden.
« À bien des égards, nos préparatifs pour 2024 ont débuté le 7 janvier 2021 », a lancé Christopher Rodriguez, un responsable de la ville, lors d’un Conseil municipal la semaine dernière.
Avant même l’assaut du Capitole, Washington avait été secoué par de violentes manifestations lors du mouvement de protestation antiraciste Black Lives Matter à l’été 2020.
Les résultats déjà contestés
Pour sa troisième candidature à l’élection présidentielle, Donald Trump a refusé de s’engager à accepter les résultats de l’élection, et avance déjà – sans fondement – l’existence de fraudes et de triche électorales dans des États clés comme la Pennsylvanie.
De quoi faire le lit de nouveaux troubles civils.
À quelques pas de la Maison Blanche vendredi, des ouvriers martelaient des planches de bois pour les apposer sur les vitrines de plusieurs commerces.
Depuis quelques semaines, une barrière de sécurité coupe également en grande partie l’accès à l’un des squares devant la résidence présidentielle.
Des barricades ont été érigées tandis que des ouvriers du bâtiment s’affairent sous des températures inhabituellement clémentes. Ils construisent l’une des plateformes qui sera utilisée lors des cérémonies autour de l’investiture du ou de la nouvelle présidente en janvier.
Les travaux commencent traditionnellement en novembre, mais le 6 janvier 2021, les ouvriers avaient dû évacuer le site de construction.
Cette année, le Service des parcs nationaux a donc déclaré que les travaux débuteraient un mois plus tôt « afin de permettre le temps supplémentaire nécessaire à un environnement plus sûr ».
Lors du conseil municipal de la semaine dernière, Christopher Rodriguez a mis en garde particulièrement contre la désinformation sur les réseaux sociaux qui pourrait affecter la sécurité publique dans la capitale américaine.
Des événements géopolitiques comme le conflit à Gaza ajoutent « une couche de complexité » qui « pourrait entraîner des violences politiques », a-t-il déclaré.
La police fédérale, le FBI, a annoncé mettre en place un centre de commandement pour surveiller ces menaces tandis que le Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités politiques, a déclaré qu’il renforcerait son dispositif de sécurité si nécessaire.
Aucune menace crédible
La police du Capitole, dont de nombreux agents ont été blessés lors des événements du 6 janvier 2021, a refusé de commenter sur ses préparatifs. La maire Muriel Bowser a cependant déclaré lors d’une conférence de presse en octobre que ce service de police dédié à la sécurité du Congrès serait « prêt ».
Aucune « menace crédible » ciblant Washington durant la période autour de l’élection n’a été identifiée, a assuré la cheffe de la police de la ville, Pamela Smith.
Les manifestations pacifiques seront autorisées, a-t-elle déclaré, avant cependant d’ajouter : « nous ne tolérerons aucune violence ».
La responsable policière a promis une démonstration de force « visible » dans la ville au cours des prochaines semaines, avec un pic à 4.000 renforts le 20 janvier, jour de l’investiture présidentielle.
Vendredi, des touristes admiraient la vue depuis l’Ellipse, le parc de l’autre côté de la Maison Blanche où Donald Trump avait harangué ses partisans le 6 janvier 2021 avant l’assaut du Capitole.
« Regarde toutes les armes », a murmuré l’un des touristes, pointant vers des agents du Secret Service se tenant silencieux devant les barricades.