Tom Cruise, cascadeur sans filet et nimbé de mystère était présent à Paris hier soir pour symboliser le passage de la flamme de la capitale française à Los Angeles, prochaine ville organisatrice des Jeux.
Il est l’un des derniers monstres du cinéma, qui se confond inlassablement avec les folles cascades de ses personnages au mépris du temps qui passe: Tom Cruise a été fidèle à sa réputation de casse-cou dimanche soir, pour lancer les Jeux olympiques de Los Angeles.
À la cérémonie de clôture des Jeux de Paris, ce trompe-la-mort féru d’adrénaline, l’une des très rares stars à effectuer elle-même ses acrobaties les plus risquées, est descendu en rappel depuis le toit du Stade de France à Saint-Denis (nord de Paris).
Il s’est ensuite échappé en moto, avant la diffusion d’une vidéo où il porte le drapeau jusqu’aux lettres « Hollywood » géantes qui surplombent Los Angeles, ville-hôte des prochains Jeux d’été en 2028.
Le tout sur une chanson des Red Hot Chili Peppers, fournisseurs de rock californien depuis quatre décennies, pour marquer le passage de la nuit de Paris au soleil des plages du Pacifique.
Le groupe est ensuite apparu en vidéo pour un mini-concert filmé depuis la Californie, avant de laisser sa place à une autre mégastar du cru, la chanteuse Billie Eilish, puis Snoop Dogg, envoyé spécial pour la télé NBC et devenu en marge des terrains parisiens une icône virale sur les réseaux, et enfin la légende du rap Dr Dre.
Une forme insolente
De quoi brouiller encore davantage la frontière entre son image et celle des têtes brûlées qu’il incarne: le policier militaire Jack Reacher, le pilote de chasse Pete Mitchell, ou l’agent secret Ethan Hunt.
Ce dernier, héros de « Mission Impossible », fait presque partie du paysage parisien, depuis le 6e volet de la franchise, « Fallout », tourné dans la capitale française. Avec une course-poursuite à moto, et à contre-sens, sur le rond-point de l’Etoile.
La scène a ajouté à la légende de Tom Cruise, 62 ans, qui cultive depuis plus de 10 ans la discrétion sur sa vie hors caméra, mais est toujours prêt pour des sauts dans le vide ou des embardées en moto, sans doublure.
Sur le tournage de « Top Gun: Maverick », son dernier carton planétaire tourné à bord de véritables avions de combat, Tom Cruise « voulait aller toujours plus bas », confiait le réalisateur Joseph Kosinski en 2022. Malgré le poids des ans, Tom Cruise cultive une forme insolente.
Film après film, il déroule sa célèbre foulée frénétique et reste capable de défier les franchises de super-héros au box-office sur son seul nom.
L’acteur dit s’inspirer d’une autre icône de Hollywood, l’octogénaire Harrison Ford. « J’espère que je ferai toujours des films Mission Impossible à son âge », confiait-il l’an dernier au Sydney Morning Herald.
Le spectre de la scientologie
Pourtant, cette fièvre cascadeuse n’a pas toujours monopolisé sa carrière. Révélé par « Risky Business » (1983), une comédie romantique où il se pavane à moitié nu sur le tube « Old Time Rock and Roll », Tom Cruise est d’abord un acteur touche-à-tout.
Jeune commercial dépassé par l’autisme de son frère dans « Rain Man », vétéran dépressif du Vietnam en chaise roulante dans « Né un 4 juillet », mari déstabilisé par les désirs de Nicole Kidman – sa femme d’alors, dans la vie et à l’écran – dans « Eyes Wide Shut »: le comédien a longtemps diversifié sa filmographie, même après les débuts de la saga « Mission Impossible » en 1996.
Il a été nommé quatre fois aux Oscars, dont trois comme acteur, sans jamais rien remporter. Mais il a failli sombrer dans les années 2000, à cause de faux pas médiatiques et de sa ferveur pour l’Eglise de scientologie, une organisation controversée, acceptée comme une religion aux Etats-Unis mais considérée comme une secte en France.
En 2005, son passage dans le talk-show d’Oprah Winfrey, où il saute plusieurs fois sur le canapé avec un rire maniaque en professant son amour pour Katie Holmes, le transforme en être bizarre aux yeux de Hollywood. Le studio Paramount, échaudé par les faibles recettes de ses films en salles, s’en sépare.
L’acteur s’est sorti de cette mauvaise passe en réduisant ses prises de parole au minimum et en misant tout sur l’action. Un pari gagnant qui lui a permis de réintégrer Paramount et d’être désormais loué comme le sauveur de Hollywood, depuis que le deuxième volet de « Top Gun » a requinqué les salles de cinéma après la pandémie de Covid-19.
Introduit au sein de la scientologie par sa première femme, Mimi Rogers, il évite aujourd’hui soigneusement le sujet. Son implication dans la cérémonie de clôture des JO irrite certaines associations. D’autant que la scientologie s’est montrée très présente en marge des JO, en distribuant des tracts anti-drogue non loin du Stade de France, près duquel elle a installé ses nouveaux locaux.
« Le simple fait que l’on évoque sa présence est une insulte aux victimes. C’est vraiment un mauvais message », affirme Catherine Katz, présidente de l’Unadfi, une association de défense des victimes de sectes.
Dévoué à ses cascades, l’acteur ne laisse aucune prise à la critique. Seul son passé lointain, avant son divorce avec Katie Holmes en 2012, est connu. Son enfance a été chahutée, entre le divorce de ses parents et la fréquentation d’une quinzaine d’écoles avant l’adolescence.
Avant d’opter pour la comédie, il a un temps envisagé de devenir prêtre catholique.
De nos jours, tout juste sait-on qu’il possède des résidences en Floride et en Angleterre. Chaque Noël, il envoie des gâteaux au chocolat blanc et à la noix de coco aux célébrités qu’il juge dignes d’intérêt.
Son silence est « un pari que le simple fait d’être Tom Cruise (…) est un attrait suffisant pour que les gens regardent ses films », remarquait récemment le New York Times. « Dernièrement, il a eu la plupart du temps raison. »