La Russie sous-estime nettement les pertes de ses propres soldats dans la guerre contre l’Ukraine. Près de cinq fois plus de Russes que d’Ukrainiens sont morts au cours de la première année de la guerre en Ukraine, révèle mardi une étude.
Environ 76.700 militaires russes ont été tués pendant la première année de la guerre, contre environ 17.200 soldats ukrainiens, selon cette étude internationale publiée dans la revue américaine spécialisée « Pnas Political Science ». Pour chaque militaire russe tué, les sources russes n’ont annoncé que 0,3 perte, alors que pour chaque militaire ukrainien tué, ces mêmes sources ont annoncé 4,3 pertes.
Les sources ukrainiennes surestiment également les morts de la partie adverse: elles ont annoncé près de deux fois plus de morts que l’estimation du modèle statistique utilisé pour l’étude. Les auteurs n’ont en revanche trouvé aucun indice d’une distorsion systématique dans les rapports ukrainiens sur les morts militaires ukrainiens.
Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé des données accessibles au public. Au total, ils ont traité 4.609 comptes-rendus au sujet de victimes civiles et de soldats tués, dans les actualités, dans des sources gouvernementales et sur les médias sociaux. Les différents rapports mentionnaient alors des chiffres de pertes quotidiennes, ainsi que de pertes cumulées.
Le modèle extrapole les chiffres de pertes de différentes sources et calcule une valeur moyenne à partir de ces chiffres, sur la base de différentes hypothèses transparentes. Les chercheurs se sont inspirés pour cela du « German tank problem », un système développé par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale pour estimer le nombre de chars allemands.
« On ne saura probablement jamais exactement combien de morts il y a eu », a déclaré Niklas Stoehr, un statisticien suisse ayant collaboré à l’étude. « Mais le modèle apporte certains correctifs », a conclu le scientifique.