jeudi, mars 28, 2024

Vers un traité pour mettre fin à la pollution du plastique? « Le monde a les yeux sur nous, le défi est immense »

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Un défi « immense » mais « pas insurmontable »: une session de cinq jours de discussions serrées s’est ouverte lundi à Paris afin de tenter d’avancer vers un traité pour mettre fin à la pollution du plastique.

Les représentants de 175 nations aux ambitions divergentes se sont retrouvés au siège de l’Unesco pour une deuxième session du comité international de négociation, sur les cinq prévues pour aboutir à un accord historique couvrant l’intégralité du cycle de vie du plastique.

Le coup d’envoi a été donné lundi matin par le président du comité, Gustavo Meza-Cuadra Velásquez. « Le monde a les yeux sur nous », a-t-il lancé. « Le défi est immense, nous en sommes tous ici conscients, mais il n’est pas insurmontable », a dit le responsable péruvien.

Les ONG, mais aussi des représentants des entreprises du secteur du plastique, au grand regret des défenseurs de l’environnement, sont également présents pour assister aux débats.

Il y a un peu plus d’un an à Nairobi (Kenya), un accord de principe a été trouvé pour mettre fin à la pollution du plastique dans le monde, avec l’ambition d’élaborer d’ici à la fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous l’égide des Nations unies.

Un sommet avec les ministres ou représentants d’une soixantaine de pays a été organisé par la France samedi à Paris, afin de donner de l’élan aux négociations.

« Bombe » 

Le président français Emmanuel Macron a appelé dans une vidéo diffusée en ouverture lundi à « mettre fin à un modèle globalisé et insoutenable » de la production et de la consommation du plastique, mettant en garde contre une « bombe à retardement ».

L’enjeu est de taille alors que la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes (Mt). Elle pourrait encore tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait.

Or les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10% sont recyclés.

« L’objectif premier doit être de réduire la production de nouveaux plastiques et d’interdire dès que possible les produits plus polluants – comme les plastiques à usage unique – et les plus dangereux pour la santé », a souligné Emmanuel Macron.

« Il y a un consensus sur les enjeux et la volonté d’agir », s’est félicité auprès de l’AFP Diane Beaumenay-Joannet, de l’ONG Surfrider Foundation.

Elle s’est dite « plutôt optimiste sur le fait qu’on avance sur une ébauche de traité » mais juge que « sur le contenu précis des obligations, ça va être compliqué, notamment sur la partie réduction de la production ».

Réticences 

Cette réduction est portée par la Coalition pour la haute ambition, conduite par le Rwanda et la Norvège et composée d’une cinquantaine de pays, dont l’Union européenne, le Canada, le Chili et, depuis quelques jours, le Japon. Son espoir: « mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040 ».

Mais d’autres nations se montrent plus réticentes, insistant sur le recyclage et une meilleure gestion des déchets: c’est notamment le cas de la Chine, des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite et plus généralement des pays de l’Opep, qui entendent protéger leur industrie pétrochimique.

Les débats sont aussi traversés par la question des rapports Nord-Sud, avec des enjeux concernant « l’aide au développement, le partage de technologies et les financements », souligne Diane Beaumenay-Joannet. 

« Ce sont les pays (développés) les plus consommateurs qui sont les plus pollueurs, et c’est aussi ceux qui vont faire produire dans d’autres pays et renvoient leurs déchets dans d’autres pays », pointe-t-elle.

Le plastique est partout: emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux…

Des déchets de toutes tailles se retrouvent au fond des océans, dans la banquise, l’estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes.

Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

Le plastique pose aussi un problème pour son rôle dans le réchauffement climatique: il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4% des émissions mondiales, chiffre qui pourrait plus que doubler d’ici à 2060 selon l’OCDE.
 

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