samedi, avril 20, 2024

Crise aux Antilles: en Martinique, appel syndical à lever les barrages après les violences et tirs

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La Martinique, dans les Antilles françaises, a connu sa deuxième nuit de violence, celle de mardi à mercredi, malgré un appel à la levée des barrages pour éviter un emballement comme en Guadeloupe, l’île voisine.

Neuf membres des forces de l’ordre ont été blessés, selon des sources policières et de la gendarmerie.

La Guadeloupe et, depuis lundi, la Martinique, deux îles françaises des Caraïbes, sont secouées par une contestation du vaccin anti-Covid obligatoire pour les soignants et les pompiers, mêlée de revendications sociales, liées au coût de la vie et à la hausse du prix des carburants.

Elles ont connu ces derniers jours une éruption de violences, allant jusqu’à des tirs d’arme à feu contre des pompiers et des policiers à Fort-de-France (Martinique) dans la nuit de lundi à mardi, qui n’ont pas fait de blessé.

« Compte tenu de ce qu'(elle) avait constaté tout au long de la journée » de mardi, l’intersyndicale à l’origine de la grève générale en Martinique avait appelé dans la nuit à une levée des barrages.

Cet appel avait pour but de ramener le calme dans l’île où, depuis lundi matin, la circulation était fortement perturbée par ces blocages sur les principaux axes routiers.

Des échauffourées ont néanmoins éclaté dans un quartier de Fort-de-France, Sainte Thérèse, où les neuf policiers et gendarmes ont été blessés. Ce secteur avait déjà été le théâtre la nuit précédente de tirs par arme ciblant les forces de sécurité.

En Guadeloupe, où la grève a été lancée le 15 novembre, la préfecture a décidé mardi, après une cinquième nuit de violences, de prolonger le couvre-feu jusqu’au 28 novembre.

– « Une île en otage » –

Mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé une « minorité récalcitrante » et « violente » en Guadeloupe qui prend « toute une île en otage ».

« La santé publique ne peut pas être instrumentalisée à des fins politiques », a lancé M. Attal.

Il a estimé que le gouvernement de son côté avait « créé les conditions du dialogue » en annonçant lundi la création d’une « instance de dialogue » pour « convaincre et accompagner », les professionnels concernés par l’obligation vaccinale.

« La vaccination obligatoire pour les personnels soignants (…) n’est pas négociable, le pass sanitaire n’est pas négociable non plus », a lancé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, alors que le gouvernement français doit annoncer jeudi un renforcement des mesures sanitaires.

– Chômage, pauvreté et défiance –

« J’ai parfaitement conscience des difficultés économiques, mais on ne les traitera pas dans la violence », a assuré M. Le Maire, et « la solution (…) n’est pas dans le déversement de centaines millions d’euros d’aides publiques ».

Car le mouvement est aussi le reflet d’une crise plus profonde, économique et sociale.

En Martinique, le taux de chômage à 12,4% est moins élevé que dans le reste de l’Outre-mer mais le taux de pauvreté frôle les 30%, selon des données de 2018 de l’Institut national de la statistique (Insee), soit près de deux fois plus qu’au niveau national.

En Guadeloupe, 34,5% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté national et le taux de chômage atteint 19%, selon la même source.

L’opposition aux vaccins traduit aussi, selon des sociologues, la défiance de la population envers les autorités depuis le « scandale du chlordécone ».

Considéré comme perturbateur endocrinien et cancérogène probable, ce pesticide interdit en France en 1990 est resté autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, provoquant une pollution importante et durable.

En Guadeloupe, où l’épidémie de Covid-19 a sévi fortement durant l’été, le taux des plus de 18 ans ayant reçu au moins une injection n’atteignait que 36,43% à la mi-novembre, selon l’agence régionale de santé.

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