Le bassin méditerranéen est le théâtre, depuis plusieurs semaines, de feux dévastateurs. La Grèce, l’Algérie, l’Italie, la Turquie… et maintenant l’Espagne. On fait le point sur la situation dans ces différents pays.
ESPAGNE
En Espagne, la situation devient inquiétante. Alors qu’un risque « très élevé » d’incendies avait été déclaré ce jeudi dans la péninsule ibérique, les trois premiers incendies ont éclaté dans le nord-est de l’Espagne. Le ministère espagnol de la Transition écologique a annoncé dans un tweet avoir envoyé « six moyens aériens de lutte contre le feu » pour les combattre, en appui des moyens déployés par les gouvernements régionaux concernés.
Les feux sont survenus en Aragon, dans la Rioja et en Catalogne. C’est dans la dernière région que l’incendie est le plus important, puisqu’il affecte une zone forestière protégée de 41 hectares sur la côte de la province de Tarragone. Le risque d’incendie est classé « extrême » dans une grande partie du pays ce vendredi, selon l’Agence météorologique nationale (AEMET), qui n’a pas encore publié ses prévisions de risque pour les jours suivants.
PORTUGAL
Au Portugal également, le risque d’incendies inquiète. L’alerte est « maximale » entre ce vendredi et lundi dans les régions nord et centre de l’intérieur du pays, ainsi qu’une partie de l’Algarve (sud), a signalé Météo Portugal. Mais aucun incendie n’est pour le moment à déplorer. Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, appelle les Portugais à être vigilent et à éviter les « comportements à risque ». Et d’ajouter : « Nous savons déjà que les prochains jours vont être difficiles. Nous sommes face à un défi permanent qui est le résultat des changements climatiques. »
Ces risques sont la conséquence d’une vague de chaleur importante que connaissent actuellement les deux pays de la péninsule ibérique. Selon les mesures de l’AEMET, les températures ont même atteint 42°C dans la province Ciudad Real, dans le Centre de l’Espagne, ce mercredi. Pour rappel, ces températures, très au-dessus des normales de saison, sont dues à l’arrivée d’une masse d’air très chaud en provenance d’Afrique du Nord, conjuguée à une forte exposition solaire.
ALGERIE
L’Algérie est, quant à elle, toujours ravagée par les incendies. Le bilan est actuellement estimé à 71 morts à cause de ces feux dévastateurs : 43 civils et 28 militaires. Jeudi soir, les pompiers et volontaires luttaient toujours sans relâche contre les flammes qui ravagent le nord du pays. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a d’ailleurs annoncé, dans la soirée, l’arrestation de 22 suspects accusés d’être « pyromanes », dont 11 à Tizi Ouzou, grande ville de Kabylie, région berbérophone du nord-est de l’Algérie, traditionnellement frondeuse à l’encontre du pouvoir central.Selon le chef de l’Etat, la majorité des incendies sont « d’origine criminelle ». Face à ce drame, l’Algérie observe, depuis ce jeudi, un deuil national de trois jours et les drapeaux ont été mis en berne à Alger.
Chaque année, le nord de l’Algérie est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Mais ce phénomène s’amplifie tandis que les incendies se multiplient sur la planète. Une vague de chaleur extrême doit se poursuivre jusqu’en fin de semaine au Maghreb, selon différents services météorologiques.
TUNISIE
La Tunisie est également touchée par cette vague de chaleur. Mercredi, le pays a enregistré un record absolu avec une température de plus de 50 degrés (50,3 C) à Kairouan (centre). Une trentaine d’incendies y ont été enregistrés depuis lundi, principalement dans les régions montagneuses du nord-ouest et le centre-ouest du pays, où plusieurs familles ont été évacuées, a indiqué jeudi la Protection civile. « Quelques foyers de feu sont toujours actifs mais la plupart de ces incendies ont été maitrisés », a déclaré le général Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile, à l’AFP jeudi. Selon ce dernier, ces incendies n’ont pas fait de victimes mais six maisons ont été « partiellement » brûlées. La cause de ces feux n’a pas pu être établie mais la Tunisie est touchée par des feux de forêt. Du 1er juin au 12 août, près de 5.000 hectares sont partis en fumée, d’après le général Triaa.
GRECE
Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce a été l’un des pays les plus touchés ces deux dernières semaines. Depuis la fin juillet, les violents incendies ont ravagé plus de 100.000 hectares en Grèce. Mais, grâce à la pluie, les flammes semblent aujourd’hui se calmer et les incendies maitrisés. « Depuis hier (jeudi), il n’y a plus de front actif majeur, juste des poches éparses », a déclaré à l’AFP un porte-parole des pompiers, à la faveur des précipitations tombées sur plusieurs régions et à la chute des températures.
Les équipes de pompiers déployés par centaines, avec des renforts étrangers, restaient toutefois en alerte face aux risques de résurgence sur l’île d’Eubée, frappée la plus durement par ces feux, et dans la région d’Arcadie, sur la péninsule du Péloponnèse, selon la même source. Des vents importants sont cependant attendus durant le week-end, susceptibles de propager rapidement d’éventuels départs de feu. Des centaines d’habitations et de petites entreprises ont été emportées dans les flammes qui ont ravagé l’île d’Eubée, à 200 km au nord-est d’Athènes, mais aussi une partie du Péloponnèse et la grande périphérie d’Athènes depuis le 27 juillet. Ces incendies provoqués par des températures caniculaires début août ont également provoqué des dégâts environnementaux considérables.
ALBANIE
L’Albanie est aussi ravagée depuis deux semaines par des incendies. Mais les pompiers et l’armée ont pu les maîtriser. Quelques feux font encore rage à certains endroits mais les plus importants sont éteints, indique le ministère de la Défense jeudi. Deux victimes sont à déplorer.
ITALIE
La situation est aussi critique en Italie, où les pompiers ont combattu un demi-millier d’incendies dans la nuit de mercredi à jeudi. Le bilan s’élève à 4 morts cette semaine. « 528 interventions ont été effectuées au cours des douze dernières heures, dont 230 en Sicile, où la situation est actuellement sous contrôle », ont précisé les pompiers dans un communiqué ce jeudi.
Pour rappel, un anticyclone, baptisé Lucifer, traverse actuellement la péninsule, faisant exploser les thermomètres, avec notamment une température record de 48,8 degrés enregistrée mercredi en Sicile, qui si elle est homologuée serait un nouveau record européen. Cette vague de chaleur, qui doit se prolonger quelques jours, favorise les incendies, notamment dans les régions méridionales comme la Sicile et la Calabre (la pointe de la Botte italienne).
Le Premier ministre Mario Draghi a indiqué que le gouvernement mettrait en place « un programme de secours pour les personnes et entreprises affectées, parallèlement à un plan spécial de reforestation et de sécurisation du territoire ».
TURQUIE
De son côté, la Turquie, à peine remise d’incendies meurtriers, a annoncé vendredi qu’au moins 27 personnes étaient mortes dans des inondations dans le nord du pays, conséquences elles aussi du réchauffement climatique.