jeudi, avril 25, 2024

Monopole de l’importation du gaz en 2022 : La boulimie dangereuse de Petrosen TS

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C’est des années en arrière que Petrosen Trading Services risque de renvoyer le secteur du gaz butane. La nouvelle société nationale qui s’est imposée cette année dans l’importation du produit, entent exercer un monopole à partir de 2022. Cela au grand dam du secteur privé national, leader dans le secteur, et qui a consenti d’énormes investissements dans des installations de stockage, de production et de vente. Ce qui avait convaincu l’Etat de lui confier 50% des importations en 2019. Des privés qui risquent d’être freinés dans leur élan par la boulimie de Petrosen, qui veut tout leur prendre, alors qu’elle n’a même pas un mètre carré pour stocker du gaz, ni une bouteille à remplir et encore moins une part de marché.

Au moment où le chef de l’Etat et son gouvernement prônent l’accompagnement et la promotion du privé national, certains des démembrements de l’Etat s’obstinent à l’affaiblir. C’est ce qui est en train de se passer dans le secteur du gaz butane, où le privé national (Touba Gaz, Lobbou Mame Diarra Bousso) a fini de s’imposer devant les multinationales (Total, Puma, Ola…), avec plu de 62% des parts de marché. Des efforts de privés nationaux qui sont sur le point de passer par perte et profit, au profit de Petrosen Trading et services. En effet, Manar Sall et son équipe veulent ôter aux privés nationaux du secteur, le pain de l’importation du gaz de la bouche. Ce qui ne serait pas sans conséquence dans le secteur.

Petrosen et Itoc, avec 0% des capacités de stockage, absentes du marché des bouteilles et des ventes, s’adjugent 60 % des importations

Déjà pour cette année, sur les 45 butaniers de 4000 tonnes à importer, soit 180 000 Tonnes de gaz, Petrosen va importer 11 butaniers, soit 44 000 tonnes. La SAR qui en réalité, n’importe pas, mais couvre les importations de Itoc de Baba Diaw, aura 16 butaniers, soit 64 000 Tonnes de Gaz. Ainsi, Petrosen TS et Itoc vont s’accaparer de l’importation de 108 000 tonnes de gaz. Au moment où les privés nationaux, leaders du secteur, Lobbou Mame Diarra Bousso et Touba gaz, vont se contenter respectivement, de 6 butaniers (24 000 tonnes) et 5 butaniers (20 000 Tonnes), soit au total 44 000 tonnes. Le reste est réparti entre les multinationales Total, Puma et Ola Energy avec 3 butaniers et 12 000 tonnes chacune, soit au total 28 000 tonnes.

Ce qui est inadmissible au niveau des majors, c’est le fait que Petrosen qui vient d’arriver dans le secteur, puisse montrer une telle boulimie, jusqu’à projeter d’ici l’année prochaine, de leur prendre entièrement leurs quotas d’importation. « Il est venu en 2021 et a eu plus que tout le monde, en défalquant sur les quotas de Itoc et des majors. Cela ne lui suffit pas, il affirme partout qu’il va prendre tout, en 2022. Il dit qu’il va prendre tout parce que c’est lui l’Etat. Et je doute vraiment que l’Etat veuille faire ça», peste un des patrons du GPP.

Lobbou Mame Diarra Bousso et Touba Gaz qui détiennent 65% des capacités de stockage et 63% des ventes n’ont que 24% des importations

Très irrité par cette situation, notre interlocuteur le trouve «très injuste» et «inacceptable». En ce sens, il explique : «Touba Gaz et Lobbou Mame Diarra Bousso représentent 65% des capacités de stockage, 65% du parc des bouteilles de gaz et 63% du marché du gaz. Pourquoi elles ne devraient pas importer du gaz ? Elles en ont largement la capacité. Les investissements qu’elles ont réalisés dans les moyens de stockage (plus de 14 milliards) et dans les bouteilles de gaz (plus de 15 milliards) sont beaucoup plus lourds que l’importation d’un butanier qui coute 2 milliards au plus ».  Et de conclure : «Petrosen n’a pas d’installation de stockage et n’a pas de bouteilles. Comment elle veut monopoliser l’importation du gaz, devant les véritables acteurs, qui ont investi dans des installations de stockage et des bouteilles», dénonce un des responsables des majors. En effet, les cinq majors ont fait d’énormes efforts d’investissement, pour garantir la capacité de stockage, afin d’éviter toute pénurie. La preuve, l’année dernière, même quand il y a eu un incident sur le quai de débarquement et que les bateaux sont restés des jours sans pouvoir débarquer leurs cargaison, le secteur a tenu jusqu’à la fin des réparations. Si l’on prend par exemple la société Lobbou Mame Diarra Bousso qui, parmi les privés, importe le plus, ses installations de stockage sont de dernière génération, ce qu’il y a aujourd’hui de meilleure dans le monde, avec un réservoir d’une capacité de 6200 tonnes, plus que les 4000 tonnes d’un butanier. A Touba Gaz ils ont un réservoir de 5100 tonnes.

Le secteur se porte très bien depuis la fin du monopole de la SAR sur l’importation  du gaz 

C’est suite à une directive du chef de l’Etat, qu’en 2019, le ministre de tutelle avait réparti l’importation du gaz entre la Société nationale de raffinage (Sar) et les cinq majors. «Je vous informe que pour la programmation des importations de gaz butane pour l’année 2019, j’ai pris la décision de répartir ces importations à venir entre la SAR et les sociétaires du GPP, respectivement à 50%-50%», avait fait décidé le ministre Mansour Elimane Kane dans la circulaire n°0001572 du ministère du Pétrole et des énergies. Et le ministre expliquait que «cette décision tient compte des investissements réalisés sur les  capacités de stockage des uns et des autres, mais également sur la bonne exécution du quota d’importation 2018 de gaz butane alloué  aux sociétés membres  du GPP». En effet, en 2018, ces sociétés avaient un quota d’un tiers des importations contre 2/3 pour la Sar, qu’elles ont bien exécuté.

Cette volonté de casser le monopole de la SAR et de tenir compte de la nouvelle position des privés, a été matérialisée par la réunion du secrétariat permanent du Comité national des hydrocarbures (CNH) du 9 janvier 2019, qui a procédé à la répartition des 50% de parts d’importation réservés aux privés. Une réunion lors de laquelle, ces privés n’ont pas pu d’ailleurs trouver un accord entre eux. Il a fallu que le Comité décide, en prenant en compte le poids de chaque société dans le secteur, c’est-à-dire en se basant sur les capacités de stockage et les parts de marché. C’est ainsi que Lobbou Mame Diarra Bousso qui a une plus grande capacité de stockage (34,25%) et 26,45% de parts de marché a eu le gros lot, ainsi que Touba Gaz, avec 28,18% de capacité de stockage et 32,43% de parts de marché, ont été autorisées à importer chacune 6 butaniers de 4000 tonnes par an, contre 4 butaniers pour Total et 3 pour Puma Energy et 1 pour Libya Oil devenue Ola.

Des risques de tensions et de perturbations dans le secteur

Depuis lors, tout se passe très bien et les nombreux problèmes d’approvisionnement que le secteur connaissait avant, avec le monopole de l’importation réservé à la Sar, ne sont plus que de vieux souvenirs. Mais de vieux souvenirs qui pourraient réapparaitre avec la volonté de Pétrosen Trading Services de reprendre les quotas des privés et d’exercer de fait un monopole sur l’importation. On risque de retourner à la situation d’avant le système actuel où c’est la Sar, seule, qui importait le gaz, avec tous les problèmes d’approvisionnement et de pénurie de gaz butane qu’on connaissait. Petrosen, pour un bon approvisionnement, ne pourra compter que sur la collaboration des majors, qui possèdent les installations de stockage, de production  et qui fournissent le marché. Imaginons juste que les majors qu’elle veut dessaisir «injustement», dans un bras de fer, refusent de lui acheter son gaz. Même si l’ensemble des acteurs interpellés, ne pensent pas pour le moment en arriver à cette extrémité pour défendre leur business et tout ce qu’il y a derrière comme emplois et revenus pour des centaines de milliers de compatriotes.

Le chef de l’Etat incité à freiner la boulimie de Petrosen TS

Ils demandent au chef de l’Etat de trancher le débat et de fixer des limites à la boulimie de Petrosen TS, avant que ce secteur très sensible ne replonge dans l’instabilité, qui était devenue un vieux souvenir, depuis l’entrée en vigueur du nouveau système de répartition des importations, basé sur les capacités de stockages et les parts de marché des acteurs. En tout cas, le secteur privé ne compte pas se laisser faire. «Petrosen est une entité de l’Etat, sa mission n’est pas de faire du business, mais d’assurer un service public», souligne un responsable d’Unagaz. Abondant dans le même sens, un responsable de l’Unacois affirme : «Petrosen, c’est l’Etat et c’est inadmissible qu’on laisse l’Etat faire le travail des opérateurs du gaz». Pour lui, «le temps des monopoles est révolu. Aucun opérateur économique ne doit l’accepter». Et que le combat du privé du secteur du gaz butane contre toute monopole, «doit être le combat de tout le secteur privé».

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