vendredi, mars 29, 2024

L’ONU condamne la répression meurtrière en Birmanie: « Le peuple birman a le droit de se rassembler pacifiquement »

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Les Nations Unies ont condamné fermement la répression meurtrière, par les militaires au pouvoir, des manifestations en Birmanie, répression qui a fait au moins six morts dimanche. « Nous condamnons fermement la répression de plus en plus violente des manifestations en Birmanie, et appelons les militaires à cesser immédiatement d’utiliser la force contre des manifestants pacifiques« , a déclaré dimanche, dans un communiqué, Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU.

Dimanche a vu une augmentation très nette de la violence utilisée contre les manifestants, avec usage, en plus des balles en caoutchouc, canons à eau et gaz lacrymogènes, de tirs à balles réelles qui ont fait des morts dans au moins trois villes. Les manifestations ne cessent pas depuis le coup d’Etat du 1er février, qui a écarté la cheffe de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi et ramené les militaires au pouvoir, après dix ans de parenthèse démocratique. Mais la répression en est de plus en plus violente. « Aujourd’hui, dans plusieurs endroits du pays, la police et les militaires ont utilisé la force, parfois de façon létale, pour disperser des manifestations pacifiques« , ajoute le communiqué de l’ONU. « Le peuple birman a le droit de se rassembler pacifiquement pour exiger le retour à la démocratie. Ces droits fondamentaux doivent être respectés par les militaires et la police, et non réprimés dans la violence et le sang« , poursuit-il. « L’usage de la force létale contre des manifestants non violents n’est jamais justifiable selon les normes internationales des droits de l’Homme« , assène encore le communiqué. L’ONU appelle également à la libération de toutes les personnes arrêtées, y compris les personnalités politiques portées au pouvoir par les dernières élections, au premier chef desquelles Aung San Suu Kyi.

La journée la plus meurtrière depuis le coup d’Etat

Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis le coup d’Etat. « Nous avons le coeur brisé après la perte d’autant de vies humaines« , a tweeté l’ambassade des Etats-Unis en Birmanie. « Le ciblage de civils est odieux« . Le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a assuré que les autorités avaient recours à un usage de la force minimal contre les rassemblements. Mais on dénombre désormais au moins onze morts dans les rangs des manifestants depuis le 1er février. L’armée affirme pour sa part qu’un policier a péri en tentant de disperser un rassemblement. Sollicité, le brigadier général Zaw Min Tun, vice-ministre de l’Information, n’était pas disponible pour commenter les évènements.

« La nette escalade du recours à la force létale (…) est scandaleuse et inacceptable et doit être immédiatement stoppée« , a réagi Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch (HRW). A Rangoun, les forces de sécurité ont violemment dispersé les rassemblements, mais on ignore si des tirs à balles réelles ont été effectués. « La police a commencé à tirer dès que nous sommes arrivés. Il n’y a pas eu un mot d’avertissement« , a déclaré Amy Kyaw, une institutrice de 29 ans. Des manifestants sont tout de même restés dans les rues se protégeant derrière des barricades et des boucliers de fortune.

Des centaines d’interpellations

Des centaines de personnes ont été interpellées dans la capitale économique, selon la police, et transportées dans la tristement célèbre prison d’Insein où de nombreux militants pro-démocratie ont purgé de longues peines de prison sous les dictatures précédentes.

Les journalistes sont pris pour cible. L’un d’entre eux a été battu par les forces de l’ordre et arrêté à Myitkyina (nord), d’après un média local. Un autre a été visé par des tirs de balles en caoutchouc dans le centre du pays, selon son employeur. Samedi, au moins trois journalistes avaient été interpellés, dont un photographe de l’agence américaine Associated Press. Les secouristes venant en aide aux manifestants blessés sont également ciblés dans les arrestations, d’après HRW.

Plus de 850 personnes ont été interpellées, inculpées ou condamnées depuis le coup d’Etat, selon une ONG d’aide aux prisonniers politiques (AAPP). Mais les interpellations se sont intensifiées ces deux derniers jours avec 479 arrestations pour la seule journée de samedi.

La répression a été vivement condamnée à l’international, Etats-Unis et Union européenne en tête pour demander la libération d’Aung San Suu Kyi. La prix Nobel de la paix 1991 n’a pas été vue en public depuis son arrestation. Assignée à résidence dans la capitale Naypyidaw, elle a été inculpée pour avoir importé illégalement des talkies-walkies et violé des restrictions liées au coronavirus. Une audience est prévue lundi. Malgré plusieurs demandes, son avocat Khin Maung Zaw n’a pas été autorisé à la voir. La junte a démis samedi de ses fonctions son ambassadeur aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, au lendemain de sa rupture spectaculaire avec les généraux putschistes et de son appel à « mettre fin au coup d’Etat militaire ». Les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang par l’armée.

Le pays a déjà vécu sous le joug des militaires pendant près de 50 ans depuis son indépendance en 1948 et le coup d’Etat a mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans.

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