(Belga) Les habitants de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue par la seule Turquie, ont voté dimanche pour élire leur dirigeant, un scrutin opposant deux façons d’envisager la paix avec la partie sud de l’île méditerranéenne et les relations avec Ankara.
L’élection « présidentielle » a lieu sur fond de tensions en Méditerranée orientale autour de l’exploitation d’hydrocarbures entre Ankara et Athènes, principal allié de la République de Chypre qui exerce son autorité sur les deux tiers sud de l’île et est membre de l’Union européenne. La RTCN (environ 300.000 habitants) est établie sur le tiers nord de l’île, occupé depuis 1974 par la Turquie en réaction à un coup d’État pour rattacher Chypre à la Grèce. La Turquie, dont les côtes sont distantes de quelque 80 km de celles de Chypre, considère l’île comme une pièce majeure dans sa stratégie visant à étendre ses frontières maritimes. Les bureaux de vote ont fermé à 18h (15h GMT) et la participation à 17h s’élevait à 54,72% des près de 199.000 électeurs inscrits, selon le Conseil électoral. Dans le bâtiment historique de la Cour suprême où siège aussi le Conseil électoral, les membres de chaque bureau ont commencé à dépouiller les bulletins après que les derniers électeurs, arrivés à la hâte, ont voté, ont constaté des journalistes de l’AFP. Dans la partie nord de Nicosie, dernière capitale divisée au monde, les électeurs portaient des masques et certains avaient amené leurs propres gants de protection en raison de la pandémie de nouveau coronavirus. Onze candidats sont en lice, dont le « président » sortant Mustafa Akinci, un social-démocrate de 72 ans partisan de la réunification de l’île sous la forme d’un État fédéral et d’un desserrement des liens avec Ankara, ce qui lui vaut l’hostilité du président turc Recep Tayyip Erdogan. « Cette élection est cruciale pour notre destin », a dit M. Akinci après avoir voté, se disant préoccupé par la santé des Chypriotes-turcs en raison de la pandémie mais aussi par la « santé de la politique » en RTCN. La Turquie soutient ouvertement le principal rival de M. Akinci, le nationaliste Ersin Tatar, 60 ans, actuellement « Premier ministre » du gouvernement auquel revient une grande partie des pouvoirs exécutifs. Les résultats doivent être annoncés dans la soirée et si aucun des candidats n’obtient 50% des voix, les deux premiers s’affronteront lors d’un second tour le 18 octobre. (Belga)