jeudi, avril 25, 2024

Procès attentats janvier 2015: décris comme mentors des Kouachi/Coulibaly, Farid Benyettou et Djamel Beghal appelés à la barre

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Mentors des frères Kouachi et de Coulibaly, Farid Benyettou, ex-prédicateur qui se dit repenti, et Djamel Beghal, vétéran du jihad, sont appelés comme témoins jeudi au procès des attentats de janvier 2015.

Vers 2003-2004, Chérif Kouachi commence à fréquenter des islamistes radicaux, notamment Farid Benyettou, émir autoproclamé d’un petit groupe soudé de jeunes d’une vingtaine d’années qui vivotent, prient et s’entraînent ensemble dans le XIXe arrondissement de Paris. Sensibilisé depuis l’enfance à l’islam politique dans sa famille, Benyettou se fait remarquer dès le lycée pour son prosélytisme religieux. En décrochage scolaire, il s’éloigne de sa famille puis se rapproche des rigoristes salafistes, disant avoir trouvé là « Un sens à sa vie« . Il adopte la longue chemise traditionnelle, la barbe, le keffieh rouge et blanc.

Benyettou, le prédicateur des débuts

Agent d’entretien le jour, prédicateur le soir, il se rapproche d’anciens du Groupe islamique armé (GIA) algérien proches d’Al-Qaïda. Son petit groupe cultive la haine de l’Occident et organise l’envoi de jihadistes en Irak. Cette « Filière des Buttes-Chaumont » est démantelée en 2005. Farid Benyettou écope de six ans de prison et Chérif Kouachi, arrêté juste avant de partir pour l’Irak, de trois ans.

Benyettou sort de prison en 2009. Il se dit depuis repenti du jihadisme, notamment depuis les tueries de Mohammed Merah début 2012. Il continue de voir Chérif Kouachi, qu’il décrit comme son « Frère« , jusqu’en 2014. Il dira avoir tenté en vain de le détourner des idées radicales.

Juste après les attentats de janvier 2015, Benyettou, alors en formation d’infirmier, se présente de lui-même aux services de renseignement en se disant prêt à aider à l’enquête. Il bat sa coulpe, estimant avoir « Une part de responsabilité » en ayant « Prêché la haine« , tout en soulignant avoir « Payé (sa) dette à la société » en prison.

Farid Benyettou ne sera finalement pas infirmier: le conseil de l’ordre s’y oppose au vu de ses antécédents judiciaires. Il travaille ensuite avec l’anthropologue Dounia Bouzar pour la prévention de la radicalisation. Début janvier 2017, il publie un livre sur son parcours, « Mon djihad : itinéraire d’un repenti », et choque des proches de victimes des attentats en arborant un badge « Je suis Charlie » lors d’une émission télévisée. Celui qui s’est fait discret depuis devrait venir témoigner jeudi, selon une source proche du dossier.

Beghal, le mentor de la prison

Lors de sa détention à Fleury-Mérogis, en banlieue parisienne, après sa condamnation en 2005, Chérif Kouachi rencontre Amédy Coulibaly, détenu pour vol. Mais aussi Djamel Beghal, un vétéran du jihadisme international.

Âgé d’environ 40 ans, Beghal a passé les 21 premières années de sa vie en Algérie avant de partir en France. Il y entre dans le viseur des autorités dans les années 1990 pour sa proximité avec le GIA. Il voyage beaucoup, en Europe mais également au Pakistan et en Afghanistan, berceaux du jihadisme international.

En 2001, il est arrêté aux Émirats arabes unis. Il reconnaît – avant de se rétracter en expliquant avoir été torturé par les enquêteurs émiratis -, avoir été mandaté par Al-Qaïda pour préparer des attentats en France. Extradé vers la France, il y est condamné en 2005 à 10 ans de prison. A Fleury-Mérogis, Chérif Kouachi, Amédy Coulibaly et d’autres jeunes détenus sont impressionnés par le CV et la « Science religieuse » de leur aîné, qui devient leur mentor selon les enquêteurs.

Libéré en 2009, Beghal est assigné à résidence dans le Cantal (centre), où Coulibaly viendra le voir plusieurs fois en 2010. Les deux hommes seront arrêtés cette année-là pour participation à un projet d’évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du GIA condamné à perpétuité pour l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en octobre 1995 à Paris. Djamel Beghal écope d’une seconde peine de dix ans de prison et est déchu de la nationalité française.

En juillet 2018, à 52 ans, au terme de sa peine en France, il est expulsé vers l’Algérie, où il avait été condamné par contumace en 2003 à 20 ans de prison pour « appartenance à un groupe terroriste ». Il y est détenu puis rejugé et acquitté en décembre 2019, selon son avocat, Farouk Ksentini. Libéré dans la foulée en toute discrétion, Beghal vit aujourd’hui normalement en Algérie dans l’attente de son procès d’appel, et « Ne pourra pas témoigner » jeudi à Paris, a précisé à l’AFP Me Ksentini, qui précise que « Rien ne l’y oblige« . 

  

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