Ma tribune : Environnement et agriculture (Par Mohamadou Lamine Mballo)

Parlons du couple environnement et agriculture aujourd’hui. Le débat pour le développement du Fouladou se poursuit. Et nous remarquons que vous avez été nombreux à réagir sur ma tribune du 04 Septembre 2020. Soyez-en tous remercié pour votre intérêt au développement de nos terroirs. Fier de vos contributions.

La protection de l’environnement est cruciale pour notre survie. Nous pouvons allier protection et exploitation de l’environnement au bénéfice de nos populations. J’ai suivi avec intérêt les cris de cœur, sur les réseaux sociaux, de militants pour la préservation des forêts du Fouladou afin de freiner la coupe abusive du bois en Casamance, particulièrement dans le Médina Yoro Foula. Nous sommes en phase sur cette problématique.

Par ailleurs, avons-nous le droit de rajouter à ce débat la question suivante. Ne doit-on pas exploiter nos sols tout en ayant une forêt utile pour sortir du sous-développement ?

Débattre de ce thème, revient à orienter le regard du pourquoi de « l’envahissement de nos forêts par des allogènes ?».

Vite, nous dirons que ces gens ont compris que l’ordre économique mondial est bouleversé. A cela s’ajoute leur vision de l’importance de l’agriculture, des plantations, du maraichage, des cultures de contre saison pour notre bien-être. Nous avons une terre fertile, nous avons un soleil de plomb, nous avons la main d’œuvre à volonté. Il nous faut aujourd’hui OSER. Oui, oser voir plus loin que nos ancêtres qui vivaient de chasse, de cueillette, d’agriculture traditionnelle, d’élevage avec de grands et vastes pâturages.

Notre façon de voir le monde, d’y vivre, a volé en éclats depuis quelques années car « l’immobilité, ça dérange le siècle » proclamait Léo FERRE. Cette immobilité voulue ou imposée au Fouladou, nous devons nous y habituer et rechercher de nouvelles normalités dans un monde qu’on aurait jugé, auparavant, profondément anormal. On admet assez facilement l’inadmissible, car notre vie est en jeu avec la destruction de nos forêts, de l’environnement.

Nous devons, à l’instar des autres communautés, nous adapter, en adoptant les notions d’écosystème, de biodiversité. Nous devons basculer vers une agriculture moderne, un élevage moderne qui a besoin de peu d’espace pour nos animaux, une forêt maitrisée. Oui maitrisée, mes amis.

L’environnement est vital. Nous pouvons allier agriculture et plantation d’arbres dans nos champs. Domptons nos forêts sauvages, plantons des arbres fruitiers au bénéfice de nos populations. Imaginez, un cultivateur qui exploite cinq (05) hectares. Il peut gagner doublement. Nous disions tantôt que nous avons le soleil et que ce paysan ait la présence d’esprit d’y planter deux hectares sur les cinq des citronniers, un hectare de papayers solo, un hectare de gombo, un hectare de carassole….. J’en sais quoi encore.

Savez-vous que s’il parvient à installer une pompe hydraulique solaire qu’il sera fortuné d’ici 10 ans ? Et comment ?

Dans les deux hectares de citronniers, il va y cultiver parallèlement des arachides ou du maïs…. Une plantation de citronniers obéira à une règle stricte. Entre deux citronniers, il y aura SEPT (07) mètres de distance pour permettre aux machines d’y passer aisément en cas de besoin. 

Un kilo de citron, même en temps de basse saison, coûte 300 f CFA bord champ. Un hectare de citronnier vous produit normalement entre 24 et 30 tonnes tous les ans si les citronniers sont bien arrosés. 24 Tonnes vous donnent 7 200 000 f CFA bord champ en moyenne. Calculez les bénéfices d’une telle approche. Que dire du gombo ? Le gombo est encore plus rentable. Une corde de gombo peut vous rapporter facilement 4 800 000 f CFA en une récolte.

Et la papaye solo qui produit au bout de six mois seulement d’arrosage. Il y a de l’argent à récolter.

Plantons des arbres, veillons sur l’exploitation intelligente de nos forêts. Que dire du combat pour le dragage du fleuve Casamance qui prend sa source à Fafacourou ?

Introduisons des cultures fourragères pour nos animaux aux alentours de nos fleuves et lacs. Aménageons des réserves d’eau dans nos pâturages. Des réserves étanches, bien aménagées et Dieu sait que c’est simple à faire (nous reviendrons sur une autre Tribune sur l’élevage prochainement). Voyons plus loin que nos forêts sauvages car les autres ont compris qu’il y a de l’argent à ramasser chez nous. C’est ce qui explique en partie la ruée des tiers dans nos champs car ils sont à l’ère du temps et ont compris les enjeux du moment. Nous ne pouvons pas arrêter la mer avec nos bras. Le monde bouge et bougeons avec. Qui se rappelle des singes qui ornaient le beau paysage de la Préfecture, de la Mairie et du Marché de Kolda vers les années 80 ? Quel souvenir ? La démographie les a fait disparaitre et ils ne reviendront pas de sitôt ou jamais.

Les grandes ENSEIGNES vont arriver chez nous bientôt et nous devons en profiter pour les obliger à vendre nos produits champêtres. Le citron, la papaye, le gombo, le fonio, la carassole, la liane, l’igname qui se vend au niveau des grandes surfaces comme AUCHAN, CARREFOUR, UTILE à Dakar etc peut déjà venir du Fouladou car la Casamance est en train d’être désenclavée globalement par l’Etat du Sénégal à travers son vaste programme d’infrastructures routières. Nous pouvons déjà avoir des rayons dans ces supermarchés qu’on pourrait appeler « Les Récoltes du Fouladou ». Oui c’est possible, il faut y croire…

L’aérodrome de Kolda va être élargi inéluctablement, le dragage du fleuve sera fait dans les années à venir, donc n’attendons pas. Arrêtons de pleurer sur notre pitoyable dernière place. Nous pouvons renverser la tendance.

Essayons de lancer une pique aux ASC du Fouladou, aux GIE et autres associations de la nature telle que les Innovateurs de la Nature en leur disant ceci : Une maison, deux ou trois  citronniers. Je mets à votre disposition mille (1000) pieds de citronniers greffés et vous garantis la commercialisation de toute cette production de citrons avec des prix imbattables. Nous devons être des créateurs de solutions pour nos propres problèmes.

Relevons ce défi et le débat est ouvert… Rendez-vous le 25 Septembre Incha ALLAH pour une tribune sur l’élevage, mais d’ici là qui plonge pour un débat utile et fertile sur l’environnement.

Salut.      

Mohamadou Lamine Mballo

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