La Banque d’Angleterre pourrait annoncer jeudi un gonflement de son programme de rachat d’actifs pour aider le Royaume-Uni face à la profonde crise économique provoquée par le confinement dû à la pandémie de Covid-19.
Cette extension du QE (pour « quantitative easing », assouplissement quantitatif), qui avait déjà été augmenté de 200 milliards de livres et porté à 645 milliards au début de la pandémie, est très majoritairement attendue par les observateurs.
Déjà, lors de la dernière réunion, début mai, deux responsables sur les neuf composant le Comité de politique monétaire de la banque avaient voté pour augmenter ce programme de 100 milliards de livres. Et le gouverneur Andrew Bailey n’avait pas fermé la porte à un futur assouplissement monétaire si nécessaire.
Il a encore répété récemment que la Banque d’Angleterre se tenait prête à agir.
La politique de QE consiste à racheter de la dette et injecter donc des liquidités dans l’économie, dans l’optique de stimuler l’activité. Ces rachats massifs contribuent également à maintenir au plus bas le taux auquel s’endette le gouvernement pour financer ses mesures d’aide.
En revanche, le taux d’intérêt directeur fixé par la Banque d’Angleterre, actuellement à 0,1%, un plancher historique, ne devrait pas bouger, même si les spéculations autour d’un taux négatif sont allées bon train ces dernières semaines.
« Si la Banque devrait annoncer un assouplissement plus important, nous pensons qu’elle tient à conserver une certaine puissance de feu pour la fin de l’année et pour pouvoir annoncer un ensemble de mesures en cas de dérapage de la reprise », ont souligné les analystes de Barclays. L’inflation est tombée à 0,5% sur un an en mai, un niveau plus vu depuis juin 2016.
« La nouvelle chute de l’inflation en mai n’est probablement que le début d’une période prolongée de très faible pression sur les prix qui, d’après nous, devrait mener à de nouvelles mesures d’assouplissement quantitatif de la Banque d’Angleterre », a ainsi réagi la maison de recherche Capital Economics.
– Reprise plus lente que prévu –
Si l’institut monétaire s’attend à un rebond du PIB de 15% en 2021, après un effondrement de 14% en 2020, la prudence reste de mise. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre a signalé fin mai que la reprise économique risquait d’être « plus longue et plus difficile » qu’anticipé.
S' »il y a des raisons de croire que l’activité économique rebondira à un rythme plus rapide que lors de nombreuses récessions passées (…), il est également possible que le rythme de la reprise de l’activité soit limité par la prudence persistante des ménages et des entreprises, même si les mesures officielles de distanciation sociale sont assouplies », avait-il expliqué dans une tribune sur le site internet du journal The Guardian.
Pour l’instant, les consignes en vigueur fixent à deux mètres la distance nécessaire entre chaque personne pour éviter les risques de contamination. Mais la pression pèse sur le gouvernement pour réduire cette distance afin de donner un coup de pouce aux bars, restaurants et hôtels, dont la réouverture est prévue pour début juillet.
Si la situation sanitaire semble s’améliorer au Royaume-Uni, le pays reste le plus endeuillé d’Europe, avec plus de 40.000 victimes, et le troisième au niveau mondial, derrière les Etats-Unis et le Brésil.