Cent mille morts aux Etats-Unis, 25.000 au Brésil et 350.000 au total dans le monde: le terrible bilan du coronavirus franchit seuil après seuil, et pour autant le déconfinement avance.
Mais la première puissance mondiale progresse vers un retour à une activité économique normale. Par exemple, les casinos de Las Vegas seront autorisés à rouvrir mercredi. « Nous invitons les visiteurs de tout le pays à venir ici (…) Je ne pense pas que vous trouverez un endroit plus sûr que Las Vegas le 4 juin », a clamé le gouverneur du Nevada, Steve Sisolak. La capitale américaine Washington amorce son déconfinement dès vendredi, en rouvrant entre autres les salons de coiffure et terrasses de restaurant. La maire Muriel Bowser souhaite que les personnes atteintes soient précisément identifiées et isolées, et « c’est en dépistant que nous pourrons le faire », a-t-elle insisté.
Brésil, Pérou et Chili particulièrement touchés en Amérique latine
Au Brésil, l’urgence reste la même: tenter de contrôler la pandémie, ce que le géant sud-américain n’a pas su faire jusqu’ici. Le pays a dépassé mercredi pour la cinquième fois 1.000 morts en une journée (1.086 mercredi). « Nous sommes particulièrement inquiets parce que le nombre de nouveaux cas recensés la semaine dernière au Brésil est le plus élevé sur sept jours depuis le début de la pandémie », disait mardi la directrice de l’Organisation panaméricaine de la santé, Carissa Etienne. Le total a plus que doublé en moins de deux semaines. Pourtant l’Etat de Sao Paulo, poumon de l’économie brésilienne, a annoncé « la reprise raisonnée de certaines activités économiques » à partir de lundi. Les hôpitaux de cet Etat sont actuellement dangereusement proches de la saturation, mais ce redémarrage sera affiné selon la situation sanitaire de chaque municipalité.
Le Pérou voisin, entre autres pays latino-américains durement touchés, a enregistré de nouveaux record de décès et de contaminations de coronavirus en 24 heures mais les autorités ont assuré mercredi que le pays avait atteint un « plateau » dans la courbe de l’épidémie. Le Pérou observe pourtant un confinement national depuis 72 jours. « Nous sommes sur un long plateau, même si nous avons ouvert nos données pour qu’elles soient réanalysées par l’université, par des particuliers et des universités étrangères », a déclaré le ministre de la Santé, Victor Zamora, aux journalistes. Le ministre a tenu ces propos après que l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), basée à Washington, a averti que la propagation de Covid-19 était « encore en train de s’accélérer » dans ce pays, tout comme au Brésil et au Chili. « Il s’agit d’un déclin lent et progressif. Nous nous attendions à ce qu’il soit beaucoup plus rapide, mais la dynamique de l’épidémie est différente », a expliqué M. Zamora.
©AFP – Des personnes attendent devant l’entrée des urgences de l’hôpital Alberto Sabogal, le 27 mai 2020 à Lima, au Pérou
Le Chili a prolongé les mesures de quarantaine dans la région de Santiago jusqu’au 5 juin: 4.328 nouvelles infections en 24 heures a porté le total à 82.289 cas, le troisième plus grand nombre en Amérique latine après le Brésil et le Pérou. Mais dans le même temps, une femme de 111 ans est devenue la personne la plus âgée à survivre au nouveau coronavirus au Chili, malgré deux quarantaines, a déclaré mercredi le Service national des personnes âgées (SENAMA). Juana Zuniga, qui aura 112 ans en juillet, était l’une des 25 personnes qui a contracté le Covid-19 dans une maison de soins de la capitale Santiago, a précisé le SENAMA. La femme a été soignée pendant 28 jours. Le 10 mai, lorsqu’elle a été officiellement guérie, elle est devenue la personne la plus âgée au Chili à survivre au Covid-19. La directrice de la maison de soins, Maria Paz Sordo, a déclaré qu’en dehors des problèmes respiratoires la centenaire était en bonne santé.
En Russie, Moscou va sortir à partir de lundi du confinement strict en vigueur depuis fin mars. « Décision difficile », a estimé le maire Sergueï Sobianine, qui a dit être conscient de l’impatience des habitants, cloîtrés dans un tout petit périmètre pendant deux mois.
Si Israël a rouvert ses restaurants et bars mercredi, les clients étaient encore rares. « Le boulevard commence à reprendre vie », voulait croire Shamir Aloni, propriétaire du Rothschild Bar, dans le centre de Tel-Aviv. « Je suis optimiste et les gens vont revenir », abondait Yehoudit Yehezkieli, cheffe d’un restaurant kurde de Jérusalem.
Les pays européens se mettent au traçage, la Commission dévoile un plan de relance
Les pays européens se mettent peu à peu aux outils les plus sophistiqués de traçage de l’épidémie.
En France, les parlementaires ont voté mercredi soir en faveur de l’application pour smartphone StopCovid. Elle doit alerter ses utilisateurs ayant eu un « contact prolongé » avec une personne testée positive, pour qu’ils se fassent tester aussi.
Un système reconstituant les contacts récents des malades est lancé jeudi en Angleterre, après l’Irlande du Nord. Quelque 25.000 personnes, des « traceurs », ont été embauchées pour retrouver les contacts de 10.000 malades par jour. C’est « l’outil que d’autres pays ont utilisé pour ouvrir la prison » du confinement, a argumenté le Premier ministre britannique Boris Johnson.
La Commission européenne de son côté a dévoilé un plan de relance exceptionnel de 750 milliards d’euros, le plus grand jamais visé par les 27. Il faudra cependant en négocier les termes: certains gouvernements veulent des subventions aux Etats, d’autres uniquement des prêts à rembourser. L’objectif est « que la prochaine génération en Europe en recueille demain les bénéfices », a promis Ursula von der Leyen dans un discours devant le Parlement européen. Les premiers bénéficiaires en seraient deux pays particulièrement endeuillés par la pandémie, et aux finances publiques en mauvais état, l’Italie et l’Espagne.
La polémique autour de l’hydroxychloroquine continue
Ailleurs dans le monde, la polémique autour de l’hydroxycholoroquine continue. Deux pays africains, le Sénégal et le Tchad, ont affirmé qu’ils continueraient à l’utiliser, malgré une étude qui a conclu à son inefficacité. L’Algérie et le Brésil sont sur la même ligne. L’Organisation mondiale de la santé, qui déconseille ce traitement, a lancé sa fondation devant l’aider à attirer des financements privés. Parmi les fonds versés à son budget par les Etats membres, « plus de 80% sont des contributions volontaires, qui sont généralement affectées à des programmes spécifiques », a rappelé le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Hausse de nouvelles contaminations en Corée du Sud
La Corée du Sud a annoncé jeudi sa plus forte hausse de nouvelles contaminations au coronavirus en près de deux mois, en raison d’une flambée de cas dans un entrepôt d’une société de commerce en ligne près de Séoul, qui font craindre une nouvelle vague épidémique dans le pays. La Corée du Sud a été ces derniers mois érigée en modèle pour sa réponse très efficace quand le Covid-19 s’est propagé sur son territoire. Elle a assoupli ces dernières semaines très fortement les restrictions, mais doit désormais faire face à une flambée de nouveaux cas. Les autorités ont annoncé 79 nouvelles contaminations jeudi, qui portent le total des cas enregistrés dans le pays à 11.344. La plupart ont été répertoriés dans la région métropolitaine très densément peuplée de Séoul.
Il s’agit du chiffre de nouvelles contaminations le plus élevé en Corée du Sud depuis le 5 avril. Au total, 69 personnes infectées ont notamment fréquenté un entrepôt de la société de commerce en ligne Coupang à Bucheon, à l’ouest de la capitale, selon les Centres coréens pour le contrôle et la prévention des maladies (KCDC). Environ 4.100 personnes travaillant dans ce bâtiment, ou s’y étant récemment rendues, ont été placés à l’isolement. Et 80% d’entre eux ont déjà été testés, a déclaré aux journalistes le vice-ministre de la Santé, Kim Gang-lip. « Nous nous attendons à ce que le nombre de cas liés à l’entrepôt continue de grimper aujourd’hui alors que nous terminons les tests », a-t-il ajouté. La Corée du Sud était fin février le deuxième pays le plus touché au monde par l’épidémie après son foyer chinois. Mais le gouvernement a réussi à reprendre le contrôle de la situation au travers d’une stratégie très poussée de tests et de traçage des contacts des personnes infectées.