dimanche, septembre 1, 2024

4 décembre 2018-4 décembre 2019, un an déjà que disparaissait Sidy Lamine Niass : les « sans voix » nostalgiques de leur illustre défenseur

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Sidy Lamine Niass n’est plus de ce monde depuis un an après le rappel à Dieu du fondateur du groupe de presse Walfadjri, le 4 décembre 2018. Les « sans voix » se disent orphelins, continuent de pleurer le défenseur de leurs intérêts. Évoquer dans les rues de Dakar le nom du Mollah de la presse sénégalaise, c’est ouvrir un débat sans fin entre citoyens sur son œuvre. Et ils l’ont fait savoir, à travers ce micro-trottoir réalisé par WalfQuotidien, en prélude à la célébration de l’an un de sa disparition. La situation actuelle du pays n’a pas été laissée en rade.

« Nous pleurons Sidy Lamine Niass », « Nous avons la nostalgie de notre soldat ». Les témoignages à l’occasion de ce premier anniversaire de la disparition du fondateur du groupe de presse Walfadjri sont unanimes. Rappelé à Dieu, mardi du 4 décembre 2018, Sidy Lamine Niass  est toujours pleuré par les citoyens lambda qui le qualifient de leur soldat.  Regret, nostalgie, reconnaissance, telles sont, entre autres, les vives confidences recueillies, dans les rues de la capitale sénégalaise auprès des citoyens. « Douze mois après sa disparition, on se rappelle bien de tous ses actes forts, de toutes ses prises de position favorables au bas peuple, les sans voix. Personne n’est censé ignorer la fameuse marche à la place de l’indépendance sur la cherté de la vie lorsque Sidy tenait à l’endroit de Me Abdoulaye Wade un discours constant et historique », se souvient Ousmane Diallo, un étudiant rencontré au rond-point jet d’eau.  Qui poursuit : « Le regret d’une nation sceptique qui, comme un borgne, n’a jamais pu ouvrir les deux yeux pour voir et comprendre la noblesse d’un tel combat mené par un journaliste contemporain ».

Sac au dos, des écouteurs scotchés aux oreilles, Ousmane s’interroge sur la situation actuelle du pays tout en regrettant la disparition de son idole. « Nous sommes parvenus à comprendre le niveau de croissance du Sénégal, non pas parce que nous avons lu les chiffres erronés du ministère (6% voire 8%), mais plutôt parce que nous suivions le groupe Walfadjri avec toutes ces braves femmes et enfants démunis, qui arborant les tee-shirts et brassards rouges tout en dégageant une mine triste, défilaient dans les images qui disent tout. Ces images symbolisent avec netteté le facteur déterminant d’une croissance économique et sociale. Nous voilà aujourd’hui sevrés une année durant de belles prises de position impartiales et justes », se désole-t-il.

« C’est derrière lui que certaines personnes ont eu le courage de spéculer sur les daaras »

A Grand Yoff, à quelques mètres de la Brioche dorée, en face de l’agence de Free nichée sur la route menant vers l’ancien pont Sénégal 92, Moussa Ndiaye, la trentaine dépassée, tient sa cantine de vente de café Touba et autres boissons. Avant d’entrer dans le vif du sujet, ce Baol-baol confie que Sidy Lamine Niass a accompli sa mission sur terre. Selon lui, l’ex-Pdg du groupe de presse du Front de terre se trouve actuellement au paradis. Et cela, sans aucun doute. « Nous sommes des orphelins. C’est lui qui nous faisait sentir notre statut de citoyens. Nous ne sentons plus notre implication aux affaires de la cité. Beaucoup de choses nous manquent à cause de sa disparition. Nous n’entendons plus cette voix audible qui raisonnait pour nous rassurer », confie-t-il. À l’en croire, Sidy Lamine Niass a passé sa vie à aider les démunies. « Son groupe de presse en est un exemple. Ce sont de jeunes Sénégalais qui y travaillent. Il avait confiance au savoir-faire des jeunes », laisse-t-il entendre. D’après lui, Sidy Lamine était le seul opposant au dictat des autorités publiques. « Il a toujours été constant. De Senghor à Macky Sall en passant par Diouf et Wade, il n’a jamais varié dans ses convictions. Il était toujours du côté du bas peuple et de la vérité », confie Moussa Ndiaye.

Au rond-point JVC, Maty Wade pointe à l’arrêt TATA de la ligne 34. Cette stagiaire dans un salon de coiffure veut se rendre à Nord foire, son lieu de travail. La pression ne l’a pas empêchée de s’intéresser à notre sujet. Elle s’attache, de prime abord, au sujet brulant de l’actualité : la question de l’éducation islamique. « De son vivant, personne n’osait jeter le discrédit sur les chefs religieux. S’il était toujours vivant, il allait se prononcer sur l’incident survenu à Ndiagne. C’est derrière lui que certaines personnes ont le courage de spéculer sur la situation des daaras dans notre pays. Il allait également recadrer les maîtres coraniques », soutient-elle. Avant d’ajouter : « Il était exceptionnel. Ses sorties contre les dérives des autorités publiques me manquent énormément. Il aimait défendre les citoyens sans rien attendre en retour. Il était également un fervent défenseur de l’islam. Je parie qu’il est au paradis. Il aimait la vérité », prie-t-elle.

Autre lieu, mêmes témoignages. Au rond-point liberté 6, dans les parages du terminus de la ligne 57, deux chauffeurs discutent de l’actualité, après avoir écouté les revues matinales de la presse nationale. Lamine Kane, chauffeur d’un taxi-clando prend la parole en premier. « Nous prions d’abord pour le repos de son âme. Il a combattu durant toute sa vie l’injustice. Les hommages lors de sa disparition sont révélateurs de son œuvre monumentale. Il soutenait les démunies. Il avait confiance en la jeunesse. C’est à travers son groupe de presse que beaucoup de jeunes sont devenus de grands journalistes dans ce pays. On doit lui dédier une journée inscrite dans le calendrier républicain », demande-t-il. Visage triste, un léger sourire qui ne masque pas la peine, au terme de son témoignage, Lamine Kane pleure son soldat. « Nous venons de comprendre l’importance des combats qu’il menait. Actuellement, ce qui passe dans ce pays est déplorable. Aucune voix ne se lève pour dire non. Toutes les figures de la contestation sont embarquées aujourd’hui dans le maquis. Le pays est orphelin de vérité depuis sa disparition », dénonce-t-il.

« Le nom de Sidy Lamine Niass est inscrit sur les annales de l’histoire dans ce pays»

A ses côtés, Cheikh Goudiaby, lui aussi chauffeur de profession, est au chômage. « C’est un des plus grands monuments du Sénégal. On doit baptiser une rue ou un édifice public à son nom. Il le mérite pour tout ce qu’il a fait pour le Sénégal. Il a toujours été débout », dit-il. Avant d’ajouter : « Nous nous retrouvions dans ses sorties et déclarations. La dernière en date, c’était lorsqu’il s’en prenait aux jeunes marabouts qui ont choisi de taire face aux dérives du gouvernement. Il y avait également, le référendum. S’il vivait jusqu’à présent, ce qui s’était passé à la dernière élection présidentielle, n’allait pas se produire. Dieu l’aime, c’est pourquoi il est parti sitôt pour ne pas assister à la situation que traverse le pays sinon, il allait encore refaire la prison. Son nom est déjà inscrit sur les annales de l’histoire. Il prenait son temps pour parler avec les citoyens ».

« L’impunité règne en maitre actuellement »

A 500 mètres, en allant vers le Camp pénal de Liberté 6, on croise Moise Pierre Coly. Un lot de journaux entre les mains, ce dernier déclare que les citoyens ne seront jamais las de témoigner sur Sidy Lamine en raison de ce qu’il a fait pour le pays. « Il a mené tous les combats. C’était plus difficile du temps de Senghor. Il n’a jamais été d’accord avec le tripatouillage de la Constitution. Il ne s’est jamais mêlé de la politique, mais plutôt défendait ses idées. Il avait le courage de dire non quand il le fallait. Sa disparition a eu un impact sur le fonctionnement de notre pays. Actuellement, on voit du n’importe quoi. Les autorités politiques n’ont plus rien à craindre parce qu’elles savent qu’il n’y a plus personne, à l’exception des jeunes activistes, pour alerter », observe-t-il. D’après lui, tout ce que combattait le défunt PDG de Walf est aujourd’hui béni. « L’impunité règne en maitre actuellement. Qu’on le veuille ou non, le Sénégal a perdu un de ses valeureux fils. Il était un opposant sans parti politique. Son collaborateur était le bas peuple. Il n’a jamais cautionné l’injustice, les détournements de deniers publics », se rappelle-t-il.

Serigne Mansour Sy Cissé, journaliste : « J’avais un projet de livre avec cet arabo-francophone, un homme au parcours exceptionnel et méritant »

Le décès brusque de Sidy Lamine Niass n’a pas seulement surpris les « sans voix ». Sa disparition a aussi fait capoter des projets qu’il avait entrepris avec d’autres citoyens. Serigne, Mansour Sy, journaliste au Quotidien national Le Soleil en est un. L’auteur de l’ouvrage intitulé « Radioscopie du mannequinat au Sénégal : entre percés et avancées », a vu son projet tombé à l’eau, suite au rappel à Dieu du Mollah de la presse Sénégalaise. « J’avais un projet de livre avec cet arabo-francophone, un homme au parcours exceptionnel et méritant. J’en devais être le rédacteur, en principe, car étant l’inspirateur. C’est la première fois que je le révèle », regrette-il.  Le cœur meurtri, Serigne Mansour poursuit : « Sidy Lamine Niass, il lui arrivait, de me dire au téléphone :  Lis mon Edito et on en discute. Nous étions des cousins à plaisanterie. Cet homme, je ne peux pas assimiler sa mort… ».

WalfNet

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