samedi, avril 20, 2024

Présidentielle de 2019 : les attentes des femmes rurales de Kolda

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Allègement des travaux, accès à la terre, aux financements et une meilleure participation dans les instances de décision. Telles sont les attentes formulées par les femmes rurales du Fouladou (Kolda), à l’endroit des 5 candidats à la présidentielle en campagne pour  briguer le suffrage des électeurs.

Les femmes du département de Kolda se sont, déjà bruyamment, faites entendre. C’était à l’occasion de leur forum rural organisé le 1er janvier dernier à Médina Abdoul dans la commune de Bagadadji. Autour du thème « Femmes du monde rural : pilier du développement économique », les femmes du Fouladou ont rouvert les tiroirs du 8 mars pour exprimer de vive voix aux différents candidats à la présidentielle leurs doléances : elles ont pour noms : accompagnement dans les activités agricoles par une dotation en équipements modernes et de l’aménagement de vallées. Deux conditions à remplir pour améliorer la production agricole et renforcer la sécurité alimentaire des ménages ruraux. Et ces préoccupations figurent en bonne place dans le document final de ce forum des femmes rurales organisé avec l’appui de la SODAGRI.

Le besoin en équipements lourds comme des tracteurs et autres s’explique par la pénibilité des travaux. En réalité, le labour dans la plupart des villages se fait avec des outils rudimentaires comme la houe ou le « bara » qui, de l’avis de ces femmes rizicultrices, ne permettent pas d’exploiter de grandes superficies.

 Dans la même veine, elles souhaitent la mise en œuvre d’une politique d’installation de rizerie en milieu rural pour transformer sur place la production et éliminer complètement le pilon dans les villages. La pénibilité des travaux ménagers est aussi notée dans le département de Médina Yero Foula dont les femmes, du fait l’absence de certains services sociaux de base, souffrent de la corvée d’eau.

D’ailleurs, cette situation est à l’origine des contre-performances et des  abandons scolaires chez les élèves dans les collectivités territoriales de Bourouco et Ndorna avec une proportion importante de filles. C’est du moins le diagnostic communautaire établi par le coordonnateur  du projet REGOLDE de  EDUCO Moussa Diamanka.

Selon lui, il y a «nécessité de réaliser des forages dans ces localités pour inverser cette tendance et faire reculer, par la même occasion, les maladies liées à la consommation de l’eau de puits ».

Les difficultés des femmes ne se limitent pas uniquement en milieu scolaire. Elles sont perceptibles au niveau des instances de décision. En dépit de l’adoption de la loi sur la parité en 2010, les femmes sont moins responsabilisées par rapport aux hommes. « Sur les 43 collectivités territoriales de la région, aucune femme n’est maire ni présidente de département », a déploré le point focal Genre à l’Agence régionale de développement(ARD).. Les femmes ont aussi révélé que leur participation dans ces instances de décision laisse à désirer du fait de l’analphabétisme de certaines élues. A les en croire, les conseillères, pour la plupart, ne sont pas suffisamment outillées pour défendre les droits des femmes et attendent des gouvernants un plan de formation des élus locaux pour leur permettre une participation de qualité dans la gouvernance locale.

Accès à la terre : « Nous sommes orphelines »

L’accès à la terre est tout aussi problématique. « Nous héritons des rizières de nos grands-parents. Mais nous ne contrôlons aucun champ. C’est l’affaire des hommes. Nous sommes orphelines », a fait savoir Coumba Pam du Conseil sénégalais des femmes(Cosef)de Kolda. Elle invite, dans la foulée, à la  révision de la politique foncière du pays afin de permettre aux femmes rurales  d’être « des propriétaires de terre au même titre que les hommes  ». Pour Madame Pam, « rien ne justifie au sein d’une famille que les hommes s’accaparent des terres au détriment de leurs sœurs ». Ce qui fait dire au point focal Genre de l’ARD que « les femmes sont vraiment orphelines ». Car, précise M Moustapha Kane, la réalité au Fouladou est telle qu’« elles ne peuvent ni hériter de terres d’exploitation chez le père ni en contrôler une fois dans le foyer conjugal » 

En ce qui concerne les financements, les femmes ne cessent de déplorer les taux exorbitants appliqués par les institutions de microfinance. Sur ce même registre, elles soutiennent que les remboursements mensuels constituent une épée de Damoclès sur la tête des femmes qui, parfois, préfèrent se fondre dans la nature lorsqu’elles n’arrivent pas à honorer leurs engagements. C’est pourquoi, elles exigent une baisse des taux et une politique de facilitation de l’accès aux crédits pour les femmes au niveau des banques. Une possibilité pour elles d’acquérir des montants assez substantiels pour dérouler leurs activités génératrices de revenus.

ismaila.mansaly@koldanews.com

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