mercredi, avril 24, 2024

Affaire Khalifa Sall : des congressmen et sénateurs américains contactés

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Ce n’est demain la fin du différend opposant Khalifa Sall à l’Etat du Sénégal. Ignorant l’issue de cette bataille juridique et politique, des Sénégalais établis aux Etats-Unis (amis, sympathisants ou militants) de Khalifa Sall, inquiets de la situation de leur pays, ont contacté des congressmen et sénateurs américains pour les alerter sur la situation socio-politique tendue sur place. A travers ces contacts, il est expressément demandé aux destinataires d’œuvrer pour sauver la démocratie sénégalaise. Alors que le pays se dirige vers un rendez-vous démocratique le 24 février 2019, ces Sénégalais de la diaspora expliquent aux autorités américaines que les jeux sont faussés et que les risques d’instabilité réels.  Cartes d’électeurs non délivrés, exclusion de principaux candidats, instrumentalisation de la Justice et de son Conseil constitutionnel… Ce sont autant d’arguments portés sur la table des autorités américaines avec exhortation à agir parce que toute instabilité du Sénégal met directement en danger la paix et la stabilité de la région et par là, les intérêts de Washington dans la zone sahélienne et au-delà.

La situation socio-politique du Sénégal par ces temps de période précampagne ainsi que la gouvernance du président Macky Sall et le processus électoral inquiètent Outre-Atlantique. Des amis et sympathisants de l’ancien maire de Dakar sont à l’offensive auprès des autorités américaines afin de mobiliser l’opinion publique de ce partenaire important du Sénégal. Dans une correspondance datée du 14 décembre 2018, de nombreux citoyens américains entretenant « des liens étroits avec le Sénégal », ont directement saisi des autorités américaines, les alertant sur le contexte peu rassurant et l’atmosphère qui règne dans le pays. « Je vous écris pour vous alerter du danger réel que représente la situation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest », lit-on dans l’une des lettres types reçue en exclusivité par SenePlus.com et envoyée à plusieurs députés et sénateurs.

Dans la correspondance, il est indiqué que la direction que prend le Sénégal sous Macky Sall est non seulement risquée pour le pays lui-même, mais aussi pour la sous-région. « Le président Sall met le pays sur les nerfs, avec le risque de déstabiliser encore plus la région du Sahel ». Toute chose qui par ailleurs pourrait représenter « une menace importante pour les intérêts et la sécurité nationale des Etats-Unis », comme l’a également déclaré l’ambassadeur John Bolton lors de la présentation de la nouvelle stratégie des États-Unis en Afrique, cité dans cette même correspondance. Une correspondance parmi tant d’autres adressées aux élus américains, dont les congressmen Don Donavan, John Faso, Karen Handel, Dave Brat, Karen Bass, Chris Smith, Sheila Jackson Lee, Donald Payne Jr. ainsi que les sénateurs Chuck Schumer, Bill Nelson, Martha Mc Sally, Claire Mc Caskill, Heidi Cramer, Cory Booker, Christopher Coons, Robert Menendez, Johnny Isakson, Richard Durbin…

– Une série de manipulations –

La lettre explique aux sénateurs toute l’énergie que déploie le pouvoir en place à Dakar pour désarçonner les règles du jeu démocratique. Il s’agit notamment de la tenue à distance des principaux opposants du régime. Macky Sall est clairement présenté comme responsable de toute probable déstabilisation qui pourrait affecter ce pays dans les semaines ou mois à venir. « Dans ses efforts constants pour manipuler la loi, les règles organisant les élections, le processus électoral et l’éligibilité de ses principaux opposants politiques, l’actuel président du Sénégal, Macky Sall, menace la stabilité politique ainsi que la sécurité dans le pays« .

Les Etats-Unis comme beaucoup de nations tiennent au Sénégal pour préserver leurs intérêts dans la région ouest africaine et toute menace de sa stabilité empièterait par ricochet sur les intérêts des Américains. « Il est aujourd’hui dans l’intérêt des États-Unis et de son peuple que le Sénégal reste un pays démocratique et pacifique », rappelle la correspondance.

L’administration américaine est invitée de manière expresse à « surveiller de très près la situation au Sénégal ». Il est particulièrement urgent de veiller à l’équité du procès de Khalifa Sall, à l’intégrité du processus électoral et la loi sur les élections et s’assurer que le président Sall et son gouvernement respecte les règles fondamentales d’un Etat de droit, insistent les amis et sympathisants de Khalifa Sall.

L’administration Trump ne doit pas rester passive par rapport à ce qui se joue au Sénégal. Le gouvernement américain se doit de contribuer à préserver la démocratie au Sénégal en faisant de sorte que tous les partis politiques soient autorisés à concourir à l’élection présidentielle de 2019, selon « un processus électoral libre, transparent et juste ». Et les amis du maire de Dakar de rappeler que le scrutin du 24 février 2019, se tient à la suite des élections législatives désastreuses de 2018, au cours desquelles, selon des responsables du International Republican Institute (IRI) plus d’un million de cartes électorales n’ont pas été distribuées avec l’intention évidente de contredire l’expression de la volonté des Sénégalais.

– Un contexte socio-politique fébrile fait de soupçons et d’incertitudes –

Cette campagne aux USA des amis de Khalifa Sall intervient dans un contexte particulièrement tendu au Sénégal. Entre un pouvoir qui n’entend pas perdre un nouveau mandat, prépare l’opinion en proclamant à la face du monde qu’il va passer au premier tour, et une opposition déterminée à bouter dehors le régime, tout le monde retient son souffle pour la présidentielle à venir. Ajouté à cela un processus électoral qui n’est pas consensuel. Par ailleurs, l’organisation du scrutin par le ministre de l’Intérieur, membre du parti au pouvoir ne rassure point l’opposition.

La suspicion de fraude est prégnante. Et cela n’est pas nouveau. Mais c’est encore plus préoccupant quand le même ministre dit dans une manifestation qu’il fera tout pour faire réélire le président sortant. Deux principaux candidats, Khalifa Sall ex-maire de Dakar, condamné pour détournement de fonds portant sur un milliards 300 millions, et Karim Wade, ancien ministre d’Etat jugé aussi pour enrichissement illicite portant sur 138 milliards de francs CFA, courent toujours le risque d’être écartés de la course. Des procès qualifiés de politiques par l’ensemble de l’opposition et une bonne partie de l’opinion nationale.

– Une élection mille inconnues –

Ces deux personnalités de l’opposition ont déposé leurs candidatures, toutes les deux ont passé le cap du parrainage. La phase de validation des candidatures par le Conseil constitutionnel pourrait fortement raviver les tensions si leur candidature n’était pas retenue.

Karim Wade exilé au Qatar après une grâce présidentielle devrait rentrer très prochainement accompagné de son père, annonce-t-on du côté du PDS. Déterminé, le principal parti d’opposition a maintes fois menacé de paralyser le scrutin si son candidat n’y prend pas part.

La campagne des amis et militants de Khalifa Sall aux Etats-Unis semble emprunter une partie de leurs arguments au président Makcy Sall qui lors de sa dernière interview à la chaine de télévision France 24 avait décrit la région ouest-africaine de manière alarmante quant à l’instabilité et l’insécurité qui y prévaut. Aux leaders américains, les sympathisants de l’ancien maire de Dakar disent que le Sénégal doit à tout prix rester un havre de paix et de stabilité.

Seneplus

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