Les finances Publiques de l’Etat du Sénégal vont de mal en pis. Elles évoluent de manière drastique. De 5 848,5 milliards en 2017, la dette du Sénégal est passée à 6 467,7 milliards en 2018. Une situation qui contraste avec les difficultés de trésorerie qui empêchent au gouvernement d’honorer la dette intérieure. Ce qui pousse des députés à alerter sur les effets de cette année sociale qui a siphonné les comptes publics juste par stratégie électoraliste.
L’Etat en a pris plein la dette qui se creuse au point d’alarmer certains pendant que le gouvernement rassure. En effet, l’encours de la dette publique totale passerait de 5 848,5 milliards en 2017 à 6 467,7 milliards en 2018, soit un accroissement de 10,6 %. Quant au ratio de l’encours de la dette publique par rapport au Pib, il devrait ressortir à 48,2 % en 2018, après 47,7 % en 2017, soit nettement en dessous de la norme de 70 % retenue dans le cadre du pacte de convergence de l’Uemoa. L’encours de la dette serait composé de la dette extérieure pour 5 395,2 milliards (83,4 %) et de celle intérieure pour 1 072,5 milliards (16,6 %). Le ministre a soutenu que l’encours de la dette comprend 156 milliards contractés (par les socialistes), 2 198 milliards pour un emprunt contracté avec la première alternance (les libéraux) et 1 828 milliards avec la seconde alternance.
Malgré que les nombreuses craintes, l’argentier de l’Etat, Amadou Bâ, a soutenu, hier, devant les députés, que le Sénégal est dans la catégorie de «pays à risque de surendettement faible» du Fonds monétaire international (Fmi). Parce que, dit-il, non seulement la croissance du pays est forte mais surtout tous les seuils de viabilité et de liquidité de la dette sont respectés. «Les difficultés connues sont d’ordre conjoncturel. La qualité de la signature du Sénégal est bonne et s’est traduite par le rehaussement de la notation du pays par les institutions spécialisées», a dit Amadou Bâ. Qui pense que la dette est un débat qui n’a pas de sens puisqu’il n’y a pas un problème de surendettement au Sénégal.
Paradoxe : en dépit de cet endettement excessif selon certains, le gouvernement fait face à de graves tensions de trésorerie qui ne lui permettent pas d’honorer la dette intérieure. Ce que réfute énergiquement Amadou Bâ qui assure que samedi, à midi, le Trésor disposait de 343 milliards de francs Cfa dans ses comptes.
Dans le projet de loi de finances 2019, évalué à 4 071,8 milliards de francs Cfa, des députés de l’opposition ont relevé des déséquilibres entre le service de la dette, dépenses de personnel, dépenses de fonctionnement et dépenses d’investissement. Car le premier poste de dépense du gouvernement est celui du service de la dette publique qui se chiffre à 863,17 milliards de francs Cfa réparti en charges d’intérêt pour 273,2 milliards et en amortissements pour 590 milliards. Comparé en 2018, il a amorcé une baisse de 18,8 milliards de francs, soit 2,1 %, conformément à la stratégie de la dette à moyen et long terme. «La politique de maîtrise de l’endettement initiée depuis 2012 a permis de réduire le taux d’accroissement moyen de la dette, en le ramenant de 21,8 % sur la période 2007-2011 à 13,6 % sur la période 2012-2017. Tous les indicateurs et seuils de viabilité de la dette extérieure correspondant à la catégorie de notre pays sont respectés. Les dernières analyses de viabilité de la dette, réalisées en rapport avec le Fonds monétaire international attestent d’un profil de risque de surendettement faible», relève le ministre des Finances dans le document sur les considérations générales du projet de loi de finances 2019.
Le deuxième poste de dépenses du budget de l’Etat est constitué par la masse salariale. Ainsi, selon l’argentier de l’Etat, les dépenses de personnel inscrites au Titre II sont programmées à 743,41 milliards de francs Cfa contre 683 milliards de francs Cfa, soit une progression de 8,8 %. Cette hausse s’explique en grande partie par l’impact budgétaire des accords conclus avec les syndicats d’enseignants et de la Santé en vue d’apaiser le climat social dans ces deux secteurs vitaux pour le développement du pays et de l’option du chef de l’Etat d’intégrer chaque année dans la masse salariale 10 mille professeurs er maîtres contractuels. Mais, il reconnaît que la réforme du système de rémunération devient une exigence. Et, en dehors du Titre II, l’Etat et ses différents démembrements verseront en 2019 la somme globale de plus de 250 milliards de salaires, émoluments, indemnités et traitements divers, dont 140 milliards, en faveur du personnel des agences. Ce qui porte la rémunération globale dans le secteur public à plus de 1 000 milliards de francs Cfa, soit 40 % des recettes fiscales, dérogeant ainsi au critère de convergence de l’Uemoa qui est de 35 %.
WalfQuotidien