Jadis classé premier pays en Afrique et dans le monde dans le domaine de la mise en œuvre des écovillages, le Sénégal perd sa position de leader face à des pays novices en la matière comme la Gambie, le Burkina Faso et le Zimbabwé.
Le gouvernement du Zimbabwé vient de signer une importante convention avec le Réseau mondial des écovillages (GEN). Une révélation de taille faite par Ousmane Aly Pame, président de la Section africaine du Réseau mondial des Ecovillages. Et selon le président du Réseau pour l’Emergence et le Développement des Ecovillages au Sahel (REDES), cette coopération permettra au pays de Mugabé de bénéficier, entre autres, des énormes opportunités du Programme panafricain des écovillages (PPE), programme continental qui mettra des ressources financières, technologiques et humaines conséquentes à la disposition du Zimbabwe en vue de soutenir la formation des acteurs communautaires locaux dans les stratégies de mise en œuvre des initiatives écovillageoises, d’appuyer les secteurs des énergies renouvelables, de la production agroforestière biologique, de la préservation et de la création de réserves forestières dans les régions qui en bénéficieront. La mise en œuvre du PPE se traduira par la création de milliers d’emplois verts pour les jeunes et les femmes notamment.
Conscient des enjeux importants que représentent les écovillages dans les stratégies de lutte contre les effets des changements climatiques et de création des richesses par et pour les communautés de base, le ministère zimbabwéen des Eaux et du Climat, contrairement au ministère du Développement durable du Sénégal, entend travailler étroitement avec GEN pour la mise en œuvre du PPE, a-t-il fait savoir dans un document parvenu par nos soins.
A signaler que le Sénégal est le premier pays au monde à avoir créé, sous le Président Wade, un département ministériel chargé des écovillages et une agence nationale des écovillages dont la mission est d’encadrer et de propulser le processus de transition de 14 000 villages traditionnels en écovillages. Cette vision du Président Wade, dit-il, avait donné au Sénégal un leadership incontesté dans ce domaine. Sous le régime du Président Sall, notre pays a eu l’honneur de se voir confier l’organisation du premier sommet mondial des écovillages, en décembre 2014, dont les cérémonies d’ouverture et de clôture ont respectivement été présidées par le Premier ministre Muhammad Boun Abdallah Dione, par Youssou Ndour et le grand Serigne de Dakar Abdoulaye Makhtar Diop.
Plus de 400 délégués (experts et leaders) venus de toutes les régions de la planète, ont pris part à cette première édition mondiale, rappelle-t-il, non sans souligner que notre pays était tout indiqué pour abriter et piloter le programme panafricain des écovillages. Mais le ministère de l’Environnement du Sénégal ne suit hélas pas.
Aujourd’hui, devant les désastres socio-économiques sans précédent que provoquent les bouleversements climatiques, les grandes agences onusiennes et européennes de développement sont plus que, par le passé, disposées à soutenir les initiatives visant à multiplier les modèles de communautés durables que sont les écovillages, poursuit-il. Mais, déplore Pame, notre pays, autrefois cité en exemple dans toutes les conférences mondiales et les documents stratégiques sur les écovillages, ignore royalement les énormes opportunités d’investissements qu’il peut tirer de ce leadership et de sa collaboration avec le Réseau Mondial des Ecovillages. Ce sont les derniers arrivés sur la scène, comme la Gambie et le Zimbabwé, qui profitent du PPE au détriment de notre pays, dit-il, dépité.
Le Gouvernement du Burkina, qui a annoncé récemment la création de 2000 écovillages, retient l’attention des décideurs du Réseau mondial des Ecovillages tandis que le Sénégal perd sur tous les tableaux et prive ainsi ses communautés de base d’importantes ressources additionnelles pour lutter contre les dégradations environnementales et l’appauvrissement économique.
Khady Thiam COLY rewmi