Pour comprendre le cas général des élections pour le Haut Conseil des Collectivités Territoriales, il faut partir des locales de 2014. En 2014 à Ziguinchor, sur un total de 342 conseillers, l’UCS de Abdoulaye Baldé avait 274 contre près de 50 conseillers pour Benno Bokk Yakaar. Il fallait un courage politique certain et l’assurance d’un travail de terrain soutenu pour tenter de renverser cette donne. C’est ce que Doudou Ka a tenté, car, au-delà de la percée fulgurante de la liste des dissidents qu’il a parrainés, il a pu obtenir, comme cela est ressorti de leur conférence de presse d’hier, la démission collective de ces responsables de l’UCS qui ont tous décidé depuis hier de rejoindre le Benno Bokk Yakaar. Le leadership politique dont a fait montre Doudou KA est comparable, à ce titre, à celui qui s’est incarné à Dakar. Parce que, sur les 1000 conseillers de Dakar, Khalifa Sall qui contrôlait en 2014, 800 conseillers ne devance la mouvance présidentielle que de 74 conseillers. Quoi de plus normale que de donner raison à Abdoulaye Diouf Sarr et les autres leaders de Dakar qui a insisté pour que BBY ait sa propre liste et compétisse à Dakar ? Abdoulaye Diouf Sarr, à défaut de passer pour le leader de Dakar, sait, au moins, que Benno Bokk Yakaar peut battre Khalifa Sall à Dakar. C’est juste une question d’approche et de stratégie. On peut maintenant relativiser la force de Baldé à Ziguinchor et celle de Khalifa Sall à Dakar parce que ces deux leaders ne sont plus les mastodontes politiques qu’on croyait. Autant dire que « les soi-disant baobabs politiques » sont en passe d’être déracinés par de preux légionnaires qui ont osé se mesurer. En termes de perspectives électorales, si Abdoulaye Baldé ou Khalifa Sall présentent une liste, on peut désormais envisager qu’il puisse perdre. L’horizon qui reste, est un horizon à prendre au sérieux. C’est en cela que les législatives de 2017 seront d’une importance capitale pour l’APR et Benno Bokk Yakaar. Forte des résultats de l’élection pour le HCCT, l’APR et la coalition Benno Bokk Yakaar doivent impérativement être dans une perspective d’unité en direction des législatives de 2017. En vérité, la percée de Benno à l’issue des élections du HCCT aussi bien à Ziguinchor qu’à Dakar relève d’une performance inédite, ceci après le mot d’ordre du parti de ne pas y présenter de candidatures. Ce qui reste à faire à Ziguinchor comme à Dakar, c’est de voir le président de BBY, le Président Macky Sall prendre la question politique de la capitale et de la Casamance à bras le corps et réorganiser dans les meilleurs délais son parti.
Aliou Ndiaye, chroniqueur politique