Normaliser les écoles coraniques et prévenir les velléités terroristes au sein de notre jeunesse.
Koldanews a tenu un entretien hier avec le député Amadou Tidiane TALLA.
Le sujet de l’entretien portait sur la modernisation des daaras du Sénégal.
- Talla, vous êtes député et produit de l’école coranique, pouvez-vous faire l’historique du projet de loi sur « daaras » notamment son retrait par le ministre de l’éducation nationale ?
Permettez-moi tout d’abord de faire une précision de taille. Car la majorité des sénégalais ont été abusés qui pensent à tort que le projet de loi sur les daaras est retiré. Ce sont des gens mal informés ou mal intentionnés qui ont véhiculé cette information fausse en tous points. En réalité, ce projet n’a même pas été déposé sur le bureau de l’assemblée nationale. Ce qui est vrai c’est que les consultations et les concertations se poursuivent autour de ce texte car il constitue une doléance et une urgence sociale tant pour les élèves et maitres coraniques que pour les populations et les autorités en charge de l’éducation dans notre pays.
J’en profite pour rappeler que, de 1960 à nos jours, aucune loi n’a concerné les écoles coraniques. Il a fallu attendre l’avènement de M. le président de la république Macky SALL pour que les choses bougent réellement de ce côté. Et c’est une promesse de campagne : le candidat Macky Sall avait bien évoqué l’institutionnalisation de l’enseignement coranique, dans la 3ème mesure-phare du sous-axe Jeunesse – Education – Emploi.
- Donc, honorable député, vous êtes favorable de cette loi de modernisation des daara et pourtant, les maitres coraniques protestent contre leur non-implication dans la rédaction de ce texte
Oui, je suis d’accord avec le projet de loi sur la normalisation des écoles coraniques et non avec la modernisation des daara et je félicite le Gouvernement pour cette initiative, même si j’ai quelques amendements à proposer. Donc j’encourage le chef de l’Etat et son ministre sur cette noble idée de projet de loi critiquée, contestée et rejetée globalement par un petit groupe de maitres coraniques, selon eux, faute de n’avoir pas été impliqués dans la rédaction de ce texte
Là encore, la bonne information n’est pas mise à la disposition des populations et des autorités. Ces maitres coraniques qui crient leur marginalisation sur tous les toits ont participé aux séminaires de l‘élaboration du texte de ce draft de projet de loi, ainsi qu’aux ateliers de partage au CNRE, à Somone, etc., ateliers tous organisés par le ministère de l’éducation nationale en présence de la fédération nationale des associations d’écoles coraniques du Sénégal, du collectif des daara modernes, des organisations de la société civile, des représentants de guides religieux, des imams, des députés, etc.
Par ailleurs, sur la recommandation du Président Macky SALL, ce projet a été présenté aux neuf (9) chefs religieux par le ministre de l’éducation accompagné du Président de la fédération des maitres coraniques, de cinq (5) députés proches des guides religieux dont moi-même, Amadou Tidiane TALLA. Et c’était un programme qui devait se poursuivre vers d’autres guides religieux qui sont au Fouta, au Saloum, en Casamance, etc.
Mais malheureusement, certains maitres coraniques, parmi les dirigeants de la fédération des maitres coraniques du Sénégal avaient organisé une conférence de presse pour dire que ce projet de loi est « anti-daara » ; ce qui est déplorable.
- Apparemment, vous ne parlez pas d’une seule voix, entre acteurs de l’éducation coranique. Jusqu’où peut aller cette incompréhension ?
Il est vrai que nous sommes organisés dans le cadre d’une fédération des associations d’écoles coraniques en plus d’une autre organisation qui est le collectif des daara modernes. Mais, il faut avouer que, de 2011 à nos jours, la fédération connait des tensions internes que nous nous gardons de révéler ici dans le détail. Retenons simplement que nous n’étions pas d’accord avec la vision de l’actuel comité directeur ni avec le mode de gouvernance de cette fédération. Voilà les raisons qui nous ont poussés de mettre en place un comité d’initiative pour la création d’une nouvelle organisation regroupant tous les maitres coraniques qui ne se retrouvent plus dans cette fédération. Donc depuis bientôt trois mois après la conférence de presse de déclaration de notre démission, nous sommes en phase de tournée nationale d’information et de prise de contacts.
Cette nouvelle plateforme va appuyer ses membres dans le cadre de l’organisation et de recherche des partenaires techniques et financiers, en complément de ce que fera l’Etat du Sénégal. Elle se positionnera comme un interlocuteur des pouvoirs publics et aura donc son mot à dire sur les questions relevant des écoles coraniques, sur leur normalisation effective, sur les politiques éducatives, etc. C’est à dire elle va accompagner les initiatives de réformes en cours dans le sous-secteur de l’éducation coranique au Sénégal et en Afrique tout en sauvegardant le respect des principes fondamentaux qui régissent l’école coranique et les valeurs islamiques qu’elles véhiculent
- Quels sont les défis actuels auxquels font face les organisations de maitres écoles coraniques ?
Les associations de maitres coraniques du Sénégal doivent œuvrer à créer un pont entre le monde des écoles coraniques et l’Etat et ses démembrements que sont les collectivités locales, mais aussi explorer toutes pistes permettant d’améliorer les conditions d’études et d’apprentissage du Coran dans notre pays en produisant d’un nouveau type de citoyen mémorisant de Saint Coran, maitrisant des enseignements islamiques et contribuant au développement de son pays.
Aussi, avons-nous la responsabilité de préserver les valeurs islamiques tout en mettant l’accent sur la tolérance, le dialogue, la paix, le pardon, etc. En un mot, prévenir les velléités terroristes au sein de notre jeunesse.
source: koldanews.com