mardi, avril 23, 2024

REPORTAGE : Scènes de racisme ordinaire contre les blacks au Maroc

Ne ratez pas!

Des joueurs de guitare devant la porte principale de la kasbah des Oudayas, à Fès.
J’ai toujours rêvé de visiter le Maroc, ce pays pas très loin de chez moi qui m’a toujours fascinée. Pourtant cela m’a pris du temps. J’ai souvent eu un pincement au cœur en passant par l’aéroport de Casablanca pour aller à Paris, regrettant de ne pas m’y arrêter (et me promettant que pour les prochaines vacances…)
Cette année, le Maroc m’a appelée de la façon la plus naturelle, à l’occasion de la 4ème Conférence sur l’Économie créative en Afrique (ACEC), en novembre 2014, à Rabat. Il s’agit d’une rencontre annuelle du réseau panafricain Arterial Network.

Me voilà donc à Rabat, euphorique, avide de découvertes et de rencontres. Mon euphorie prend vite pris une belle gifle. Le racisme (oui, appelons le chat par son nom et allons droit au but)!

Dès mon arrivée, il s’est dressé, là, sous mes yeux: prétentieux, stupide et terriblement ignorant. Bien sûr, il était loin de la conférence, ce magnifique bouillonnement culturel qui regroupe des gens de tous les horizons, où créativité, projets innovants, échanges et belles rencontres sont au rendez-vous.

Non, le racisme est dehors, comme chez ces chauffeurs de taxi qui refusent de me prendre, moi, jeune femme noire, et s’arrêtent devant la dame à cinq mètres de moi. Ne voulant pas être paranoïaque, j’ai patienté. Au bout d’une heure et d’une dizaine de taxis-vides-qui-ne-s’arrêtent-pas, je suis rentrée à l’hôtel pour en faire appeler un. L’hôtel ne proposait pas ce service. Alors, je suis retournée patiemment sur le champ de bataille.

Cette fois, je n’ai compté ni le temps ni le nombre de voitures. J’ai juste attendu, terriblement déçue. Puis le miracle est arrivé… un miracle qui ne parlait pas français et ne pouvait répondre à toutes ces questions qui bourdonnaient dans ma tête, particulièrement l’incontournable pourquoi? Terriblement déçue donc, j’ai conté ma mésaventure à mes amis. Ils m’ont alors expliqué que, quant à eux, un groupe de jeunes les avaient pointés du doigt dans la rue en criant “EBOLA!”.

Racisme ordinaire

Oui, le racisme est là dehors. Il est à l’entrée du train, où l’on m’interpelle pour me signaler que j’étais en train de monter dans un wagon de première classe. Je le savais, puisque j’avais choisi la première afin de voyager et travailler confortablement. Pendant le trajet, une deuxième personne est venue me signaler que j’étais en première.

J’ai pris le train quatre fois pendant mon séjour au Maroc (entre Rabat, Fès et Casa) et j’ai eu droit trois fois à cette remarque. A la fin, je me contentais de répondre : “ êtes vous contrôleur ? ” Non, ils étaient de simples passagers comme moi, qui avaient payé pour voyager tranquillement. Peut-être, la présence d’une jeune noire dans leur wagon dérangeait-elle leur tranquillité ?

En parlant de jeune noire, peut-être devrais-je dire jeune Africaine, parce qu’au Maroc, on aime dire “Le Maroc et l’Afrique”. Non, nous ne vivons pas sur le même continent. Vlan! sur ma face, comme disent les jeunes de mon quartier de Dakar.

Des cœurs ouverts, malgré tout

Mais le Maroc, ça aussi été ce jeune agronome débordant de joie de vivre qui m’a spontanément abordée dans le train et avec qui j’ai eu un échange passionnant sur la religion et la science… Échange qui se poursuivra deux jours plus tard autour d’un thé à la menthe avec sa bande d’amis. J’ai aimé découvrir la vieille ville de Rabat et les magnifiques Oudayas en leur compagnie. Fabuleux endroit, bons souvenirs.

Merveilleux souvenir aussi que ce concert et cette image du grand chanteur Aziz Sahmaoui sur la scène du Festival Visa for Music, accompagné de grands musiciens sénégalais (le bassiste Alune Wade et le guitariste Hervé Samb) qui ont chanté, entre autres, des chants maghrébins en arabe avec l’artiste. Un concert de première classe !

Je repense à Kenza, journaliste et animatrice d’un des ateliers de la conférence, qui a longtemps marché avec moi sous une pluie battante en partageant son parapluie. Elle ne m’a pas seulement ouvert son parapluie pour me protéger, elle m’a surtout ouvert un cœur très généreux.

Je repense aussi à la jeune Nahidj, une connaissance de ma nièce. Alors que nous nous rencontrions pour la première fois, ses sœurs et elle m’ont réservé un accueil des plus touchants à Fès. La gentillesse de Nahidj m’a émue, sa disponibilité m’a été précieuse. Pourtant, tout cela n’a pas suffi à effacer ce désagréable sentiment d’amertume.

Heureusement, face à la bête hideuse nourrie d’ignorance, il y a ces coeurs ouverts et accueillants et ces beaux moments dans un pays fascinant. Alors, dites à la bête qu’elle ne me fait pas peur et au Maroc que je reviendrai.

Source: derniereminute.sn

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