Lors d’un dîner-débat, organisé par l’Association des Anciens élèves de l’Ena, M. Diagna Ndiaye, a présenté un papier, qu’il a fait diffuser dans plusieurs journaux, en y relevant les pré-requis de l’émergence.
Moubarak Lo attire l’attention de l’opinion publique sénégalaise sur le fait que M. Diagna Ndiaye a quasiment copié les éléments présents dans un de ses articles (joint à ce communiqué et envoyé à toute la presse le 18 octobre 2014) sans le citer une seule fois.
Je vous laisse comparer. car Il s’agit là d’un plagiat manifeste.
Le Sénégal a réglé la question politique, il reste le vaste chantier économique
Je voudrais faire avec un constat, qui est aussi un postulat de base : notre pays, qui a réussi sa mue politique en accédant à toutes les libertés publiques et en construisant un Etat de droit unanimement reconnu est, paradoxalement, victime de son succès et de notre propension à vouloir vivre de la rente du symbole démocratique, au détriment de la construction d’une économie performante et durable.
Le Sénégal, a-t-on l’habitude de dire, a réglé la question politique. Reste le vaste chantier de la question économique, qui doit mobiliser toutes les énergies, toutes les compétences, tous les savoirs.
La traduction de nos potentialités en autant de réalités économiques appelle une réflexion libre et décomplexée, sans tabou, regard lucide mais bienveillant et un consensus fort de tout notre Capital humain sur la vision prospective, les stratégies innovantes et les moyens qui viendront à bout de la prétendue fatalité du sous développement, quelque soit le pouvoir politique en place.
Le pari relevé par les pays asiatiques et, plus près de nous, par le Brésil, adieu les » Brics cet acronyme commode permettait de placer les grandes économies émergentes dans un même panier. Mais quand la Chine continue d’afficher plus de 7% de croissance et que le Brésil est tombé en récession cela n’a plus de sens, l’Afrique du sud et aujourd’hui le Nigéria, première économie du Continent, est source d’inspiration.
L’Emergence relève désormais du domaine de la science économique ; elle est un modèle économique dont nous connaissons les composantes, les étapes et le chronogramme de réalisation ; Les success stories abondent, pour en confirmer la faisabilité.
Cela dit, les deux questions qui vaillent sont les suivantes :
POURQUOI PAS NOUS ? et surtout
COMMENT ? comment atteindre à l’Emergence, en capitalisant les expériences réussies, qui sont autant de raccourcis pour nous, en en évitant les écueils, les chausses trappe et les leurres ?
Deux maîtres mots :
SYNERGIE, et
MUTUALISATION
Synergie et convergence entre les acteurs que sont l’Etat, le secteur privé national et international et une société civile engagée ;
Mutualisation des ressources matérielles et immatérielles pour créer les effets de levier indispensable à la dynamique de développement, de croissance de création de richesses et de prospérité, qui sont à notre portée.
Dans cette optique, la question de la gouvernance doit être au cœur de toutes les politiques publiques .quant au rôle de l’Etat, il doit rester prépondérant pour créer les conditions macroéconomiques favorables, un cadre juridique et réglementaire stable et des opportunités d’affaires sectorielles ; pour garantir la sécurité et la rentabilité de l’investissement privé, toutes origines confondues, et pour créer par des réformes structurantes, des investissements publics renforcés et autour de chaînes de valeur structurées, les conditions de l’emploi pour tous.
A ce titre, je voudrais vous remettre en mémoire la formule du Président Barack Obama, au Ghana, en 2009 : » le développement dépend de la bonne gouvernance. C’est l’ingrédient qui fait défaut à beaucoup de pays depuis bien longtemps. C’est le changement qui peut déverrouiller les potentialités. Enfin, c’est une responsabilité dont seuls les africains peuvent s’acquitter
Le Sénégal n’est pas une économie en récession. Mais il n’a pas fait le bond qualitatif apte à générer les taux de croissance associés à l’émergence, ni satisfait aux prérequis que sont :
La stabilité sociale, dans un cadre de vie sécurisé et attractif
Une gestion saine et dynamique des finances publiques, qui donne la priorité aux dépenses d’investissement
La sécurité juridique
La libéralisation des activités économiques et des prix, et la suppression des positions de rente, qui consacrent le principe d’une compétition ouverte et transparente
La limitation de l’intervention de l’Etat, aux conditions d’exercice de l’activité économique
La promotion et l’accompagnement d’un secteur privé local compétitif, créatif, et visionnaire, et d’une administration publique compétente, intègre, accueillante et orientée vers l’atteinte de résultats
Le consensus national irréversible sur les orientations. Le PSE nous engage tous pour 35 ans. Cette perspective de longue durée doit transcender les alternances qui sont la respiration de la démocratie.
Evitons de réinventer la roue à chaque alternance
Je termine avec Tony Blair, ce qui compte c’est ce qui marche.
Par Mamadou Diagna Ndiaye,
Administrateur de sociétés
Voici le texte de Moubarack Lô d’où Diagna Ndiaye a piqué sa réflexion
UNE THEORIE DE L’EMERGENCE ECONOMIQUE DES NATIONS
Par Moubarack LO
Auteur du livre » le Sénégal émergent, Agenda pour le futur», Ed. Wal Fadjri, mars 2003, réédité au Maroc en janvier 2013 par Afrique Challenge
Email : moubaracklo@gmail.com
L’atteinte du stade de l’émergence dépend de la capacité des pays peu développés à gérer efficacement des facteurs de nature différente
Atteindre le stade de l’émergence économique ne provient pas du hasard ou de la chance. Un pays peut certes initier et enregistrer des pics de croissance, durant une certaine période, mais comme l’a montré Haussmann-Pritchett-Rodrik (2004), la croissance économique ne peut être soutenable et mener vers le développement que si le pays en question poursuit les bonnes politiques économiques et possède des institutions de qualité.
Pour émerger et donner à la croissance un caractère soutenable, un pays pauvre doit donc mettre en place des politiques volontaristes pour convaincre les investisseurs de venir et de demeurer chez lui, et chercher à s’insérer avec succès dans l’économie mondiale. Les réformes attachées à cette exigence constituent les pré-requis de l’émergence.
Dans l’idéal, le pays doit chercher à atteindre un niveau de compétitivité et d’attractivité le plus élevé possible, en mettant en place un environnement de classe internationale. Aujourd’hui, certains éléments sont généralement cités comme contribuant à renforcer la compétitivité internationale d’un pays:
Bloc 1: Stabilité politique et macroéconomique
la stabilité politique et sociale et un bon cadre de vie (sécurité, propreté, infrastructures sanitaires adaptées, etc.) ;
une gestion saine et dynamique des finances publiques (y compris la priorité accordée, dans les dépenses, aux investissements dans le développement des ressources humaines et des infrastructures) ;
une inflation modérée et un taux de change réaliste ;
Bloc 2: Dynamisme économique et ouverture:
une croissance du PIB en hausse tendancielle ;
la libéralisation des activités économiques et des prix, couplée avec la mise en place d’un cadre réglementaire efficace de manière à supprimer les positions de rente et à consacrer la compétition;
l’ouverture de l’économie sur l’extérieur (outward-looking policy), par la libéralisation des échanges et la construction de grands marchés intégrés avec les pays voisins, et l’encouragement des investissements par la levée des barrières entravant leur venue;
la limitation de l’intervention de l’Etat dans l’économie au strict nécessaire;
l’existence d’un secteur privé local dynamique, compétitif, créatif, intègre et visionnaire ;
la capacité à générer une forte épargne locale et la disponibilité d’un bon système bancaire et financier local, régulé par des instances de supervision efficaces et capable de faire une allocation optimale des ressources. Le corollaire en est la transparence et la fiabilité des informations économiques, permettant l’évaluation correcte des performances et des potentialités des entreprises;
la mise en place d’un système d’incitations de qualité (fiscalité, terrains et bâtiments industriels, politique agricole, etc.);
Bloc 3: Un cadre réglementaire de qualité:
la rationalisation des procédures administratives liées à l’exercice des activités économiques et la lutte contre la corruption;
la promotion d’une administration publique compétente, intègre, crédible et prévisible, accueillante et déterminée à faire gagner le secteur privé;
la mise en place d’un système juridique et judiciaire crédible, capable de faire appliquer la loi, dans l’équité et dans la transparence, en particulier à faire respecter les droits de propriété et les contrats ;
Bloc 4: Des bases à long terme du développement adaptées:
la capacité à absorber et à adapter le savoir et les technologies, y compris les TIC;
la disponibilité d’une main d’œuvre locale bien formée, qualifiée, productive et alliée avec les employeurs pour faire progresser l’entreprise;
la répartition équitable des fruits de la croissance pour renforcer la cohésion sociale;
l’existence de bonnes infrastructures et d’un bon système de télécommunications;
Bloc 5: La capacité et la volonté à attirer les investisseurs
la mise en œuvre d’une bonne promotion du pays, à travers des agences de promotion et des stratégies de communication gagnantes ;
le consensus national sur les orientations que voilà pour les rendre irréversibles.
Plusieurs de ces éléments ont été listés dans ce que l’on a convenu d’appeler « Consensus de Washington» (version initiale puis révisée) qui a longtemps guidé et qui continue encore de guider fortement le dialogue entre les institutions de Bretton Woods et les autorités des pays pauvres. Mais comme le note Rodrick (2004 a, 2004 b), le pays pauvre qui satisfait l’ensemble des prescriptions du Consensus de Washington devient de facto un pays développé.
Ainsi, plutôt que de chercher à tout corriger à la fois, un pays doit identifier, à travers un diagnostic stratégique, les obstacles les plus sérieux qui freinent sa compétitivité internationale et engager les réformes prioritaires ayant le plus d’impact sur la croissance.
Source: derniereminute.sn