mercredi, avril 24, 2024

Le Meeting : analyse d’un concept politiquement chargé

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Comme nous sommes en pleine campagne électorale, il est pourtant des événements sur lesquels nous ne portons pas une attention particulière mais qui pourtant peuvent déterminer largement le choix ou disons tout simplement l’engagement des militants à porter leur confiance sur des candidats.

Pour explorer un peu les mystères de ce moment très stratégique dans la vie de nos sociétés, nous avons voulu non sans tomber dans une sorte de prétention parfois démesurée scruter un concept que nous utilisons quotidiennement :

Bienvenue à la découverte du mot meeting dont nous entreprenons de dévoiler dans les lignes qui suivent.

Mais, comme notre démarche consiste toujours à partir de questions pour mieux explorer les faits, nous avons voulu poser volontairement quatre questions qui vont aussi déterminé notre schéma de réflexion.

  • Qu’est ce qu’un meeting ?
  • Existe-il un lien toujours étroit entre les meetings et le choix final des électeurs ?
  • Quels mécanismes pourraient déterminer les choix opérés par les électeurs ?
  • L’impact des meetings peut-il être une condition suffisante à l’adhésion des militants à un parti ?

En effet, né d’un emprunt de l’anglais, le concept est une francisation de la langue de Shakespeare voulant dire tout simplement « rencontre, rassemblement » entre plusieurs individus dans le but de partager des expériences, des idées ou des visions du monde.

Adapté au champ politique, le mot a fini par épouser les contours d’une manifestation ou d’une forte mobilisation de personnes allant de la centaine au millier pour fédérer des opinions ou pour partager les orientations d’un parti politique. Il s’agit là d’une occasion pour des militants c’est-à-dire des acteurs supposés potentiellement ou réellement adhérer aux valeurs d’un mouvement politique, de se regrouper pour resserrer leur groupe et redonner une nouvelle impulsion à leur visée.

Cependant, comment appréhender sociologiquement un tel événement politique. Pour Marlène Coulomb-Gully, il s’agit d’une : « pratique sociale structurée, régulière et codifiée qui s’inscrit dans un schéma de construction d’un imaginaire collectif avec pour objectif d’assurer la cohésion d’un groupe ».

Le but attendu qui consisterait à créer le consensus au sein du groupe n’a rien à voir avec la sphère de décisions finales des uns et des autres. Autrement dit, tous les participants à un meeting n’ont pas en réalité cette propension à voter pour le candidat indiqué d’où la relation parfois très mathématique que les meetings ne font pas les élections.

Ils ne sont pas un espace suffisamment pertinent pour déterminer avec exactitude la motivation politique des acteurs   dont les comportements demeurent toujours incertains au vue des enjeux électoraux. Comment appréhender ce manquement ? Ce qui invite à explorer une autre piste d’analyse parallèle, c’est-à-dire la segmentation des foules autour d’un meeting.

Comment alors dénicher l’identité des actants ?

L’exercice le plus dur consistant à déchiffrer ici les systèmes de motivations qui ne sont pas toujours soumis à une logique de choix raisonné. Au fond, les logiques de reconfiguration relèvent toujours ici du domaine des possibles offrant un visage incertain car la notion même de militantisme est sujette à évolution.

Ainsi, des réajustements ou des mécanismes parfois surprenants de ralliement peuvent à tout moment tomber et déréguler le jeu électoral ou perturber la psychologie des leaders qui peuvent du coup sous le poids des in convenues donner l’impression d’avoir soit perdu d’avance la bataille, ou se sentir fortifier dans leur élan vers la victoire.

Si nous devons tirer de cette explication assez complexe une première esquisse de conclusion, disons que l’électeur tient le poids de ce jeu car quoi qu’il advienne, son comportement très glissant, sa position assez fluide peuvent facilement dérouter voire fausser les sondages.

Quelle serait alors l’efficacité manifeste du meeting ?

Le meeting faut-il le rappeler est avant tout une démonstration de force, un test visant à jauger le poids social des partis, c’est un espace d’éducation populaire, de fabrique de la citoyenneté où les dirigeants tentent d’instaurer leur sérénité individuelle et celle des masses qui leur accompagnent.

Son importance dépendra de plusieurs facteurs dont :

  • Le choix des lieux de rencontre (exemples : Arène de Kolda, Terrain Fanné, Terrain réveil, esplanade) ciblés pour leur popularité ou parfois leur caractère sacré. Ces milieux cités (Arène de Doumassou, terrain réveil) constituent des endroits socio-culturellement chargés par leur portée symbolique et leur potentiel en termes de pouvoirs temporels et spirituels, imposant leur splendeur historique grâce aux grands événements traditionnels (séances de lutte, veillées culturelles) dont ils ont abrités.
  • La logistique et le décor mobilisés en matière de marketing politique (confection de tee-shirts, banderoles, distribution de spots véhiculant des messages, tracts, affiches, kits militants, casquettes, casques, gilets de reconnaissance, etc.). A Kolda, les leaders semblent avoir bien compris cet enjeu dont la matérialité apparait chez certaines catégories, véritables détentrices d’un pouvoir social : il s’agit des jeunes (corps de métiers, milieu scolaire), les conducteurs de Djakarta, les femmes.
  • L’identité des réseaux de mobilisation et leurs rapports aux leaders et au parti, la manière dont se regroupent les partisans ainsi que la teneur des discours durant ces moments.

Aujourd’hui, depuis le phénomène de la marche bleu, les meetings ont épousé un autre visage. Qu’il me soit permis de parler de meetings de rue, le mot n’a aucune prétention d’être péjorative souvent caractérisés par des marches militantes à travers les arcanes de la ville où le message est livré à chaud accompagné d’animation ou de morceaux de musique conçus localement pour galvaniser les efforts de certains leaders.

A ce titre, l’une des nouveautés que nous avons modestement relevées pour cette campagne est cette forme de mobilisation mobile avec des foules de partisans arpentant les rues accompagnées de leur leader.

Cette forme d’organisation est symptomatique d’un souci de casser aussi les distances entre dirigeants et populations comme d’ailleurs du reste les visites à domicile groupées que nous considérons toutes comme des variantes des grands meetings.

Devant cette situation, puisque les mouvements de mobilisation ont connu eux mêmes une profonde mutation, difficile de déceler dans cette foule très compacte militants et simples sympathisants.

En réalité, dans notre tentative d’exploration de la notion de meeting, l’idéal peut être caché était surtout de voir l’influence des meetings sur le résultat des élections. La difficulté d’établir vaille que vaille cette relation tient plus à la complexité schéma et des acteurs engagés dans ce processus (militants, sympathisants, dirigeants etc.).

Se prononcer sur cette unique base sur les possibilités de sortie d’un parti peut s’avérer anodin mais quoi qu’il en soit, le meeting demeure un véritable étalon de mesure sur l’issue des élections.

Ghansou Diambang, Sociologue et Travailleur Social

77 617 48 12 / Email : gdiambang@koldanews.com

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