jeudi, avril 18, 2024

Locales 2014 : Quand les électeurs se font désirer

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A  un trimestre près des locales, l’effervescence politique bat son plein dans toute l’étendue du territoire. Cette nouvelle expression de l’acte citoyen où les prétendants vont à la rencontre des électeurs constitue un enjeu de taille pour porter à la tête des magistratures régionales, conseillers régionaux, municipaux et ruraux dans un contexte de rude épreuve caractérisée par des jeux d’alliance, des ruptures et parfois  des trahisons le tout sur fond de compétition.

S’il m’était donnée l’opportunité de classifier les élections, je dirais sans hésitation que celle-ci est la plus importante eu égards à l’impérieuse nécessité qu’il ya de prendre ici en compte les dimensions  les plus locales des problèmes mais aussi les préoccupations les plus  pressentes des populations qui du coup ont plus cette possibilité de valoriser le poids de leur carte qui vaut toutes les convoitises.

Cependant, nous avons un certains nombre de préoccupations que l’on peut exposer sous forme d’interrogations :

  • Quels paradigmes politiques définir pour mieux explorer, voire orienter le choix des électeurs ?
  • Quels critères privilégier pour gagner leur adhésion ?
  • N’existe-t-il pas aujourd’hui de nouvelles réalités liées à l’âge, aux statuts sociaux de genre, à l’émergence d’une conscience plus citoyenne ou tout simplement à des facteurs socio-économiques et culturels capables de jouer sur la psychologie collective des groupes pour orienter leur choix électoral ?

En posant ce panel de questions, nous avons voulu juste ébaucher la problématique du processus électoral devenue  de plus en plus complexe à cause des jeux d’influence, des stratégies de marketing politique, des mécanismes d’hésitation, des stratégies de repositionnement des acteurs suivant les tendances politiques, autant de paramètres qu’il ne faudrait pas négliger dans l’analyse des processus électoraux.

 Donc, explorer en substance les dimensions sociologiques de ces locales, c’est à notre avis creuser également les sillons de l’évolution des comportements des acteurs, tenter de cerner aussi les déterminants fondamentaux des relations entre leaders politiques en lice pour les locales et la réponse des populations en termes de choix.

En prenant pour champ exploratoire le Fouladou, nous pourrons sur la base de cette approche très analytique, évolutive et systémique faire ressortir les nouvelles tendances à une époque où l’expression de l’électorat jeune et féminin deviennent un véritable étalon de mesure par la visibilité de ces couches sociales,  et une grille de sondage capable de révéler déjà des tendances de première main.

En effet, dans la  mesure où l’idéal  est de gagner la confiance de l’électeur, ce qui de prime abord nous intéresse ici  est l’analyse de son comportement même s’il est  tiraillé entre plusieurs champs de forces politiques.

Pour cela, il sied d’explorer en profondeur les attitudes des électeurs face aux candidats aux partis, aux programmes proposés, leur attachement affectif et leur écran de perceptions.

Dans ce cadre, entrent en jeu des déterminants psycho sociaux généralement liés aux relations de proximité. Le partage des mêmes trajectoires historiques, la bonne santé des relations de voisinage et parfois l’impression d’avoir les mêmes visions du monde constituent des référentiels.

Permettez-moi juste de faire une petite digression. Une équipe de chercheurs du Survey Research Center de l’université du Michigan faisait récemment l’hypothèse que : « le vote est un acte politique, commandé par la perception qu’ont les électeurs des principaux objets politiques ».

Partant de la science politique, aujourd’hui trois modèles d’explication sont en vogue dans le champ d’interprétation des élections :

  • Le premier, de nature sociologique, se fonde sur le postulat d’un effet des variables socio-économiques (sexe, âge, classe sociale, etc.).
  • Le second prend appui sur une théorie de nature psychosociologique : l’électeur choisit son candidat à travers une identification partisane qui oriente son choix.
  • Le troisième enfin, inspiré par des modèles économiques, suppose un électeur rationnel qui effectue des choix politiques en maximisant ses intérêts.
  • Dans quelle mesure ces trois paradigmes  rendent-ils compte des réalités du comportement électoral chez nous ?

 

Au Fouladou,  il y’a presque une décennie, prévalait une logique d’« identification collective partisane ». Concrètement, il était plus facile de faire la carte des appartenances politiques  avec l’impact de la tradition et le respect de la parole des anciens. Ainsi, pouvait-on avoir suivant une apparente fidélité des familles entièrement socialistes ou libérales. Dans ces contextes, jeunes et vieux, hommes comme femmes avaient une préférence plutôt homogène pour un parti ou un autre suivant des trajectoires de relations à la fois culturelles, parentales sociologiques ou historiques.

L’appartenance à un parti était forgée, imprimée depuis la prime enfance et entretenue par la chaine parentale, le milieu social et professionnel.

Existait également ce que l’on pouvait appeler le « vote collectif » souvent détaché de quelconques critères de calculs. Ce modèle d’expression électorale exclut déjà notre troisième grille  d’explication axée sur la prise en compte de la rationalité dans le choix des leaders. Le seul inconvénient qu’il présente est de contraindre les acteurs dans leur choix qui demeure du coup prédéterminé. Il est de plus une entrave à l’expression de la pluralité politique. On pourrait expliquer cela par un faible taux d’alphabétisation au sein de la population.

Avec l’évolution, bien des variables ont connu un changement notoire notamment, l’âge ; la plupart de l’électorat est aujourd’hui composée de jeunes en quête perpétuelle d’identité citoyenne mais aussi face aux difficultés économiques, les attentes en matière d’emploi de changements de statuts sociaux constituent des motifs d’adhésion à des partis.

L’amélioration considérable du niveau de scolarisation et la forte dynamique des femmes dans la politique sont une autre raison de la forte modification du paysage électoral à Kolda.

En lieu et place se manifeste surtout une certaine transition générationnelle avec un engagement de plus en plus accru des jeunes dans la politique, qu’ils soient cadres ou de niveau moyen, parfois même non instruits.

A ce titre,  Alain Lancelot et Philippe Habert  tracent le portrait  du nouvel électeur : « Moins contraint par le jeu des pesanteurs partisanes et idéologiques, rendu à son libre arbitre par la disparition progressive de structures d’encadrement traditionnelles, accédant aux logiques de l’individualisme électoral par le recours aux normes personnelles, le nouvel électeur affirme une autonomie croissante dans la prise de décision électorale et module ses choix à partir d’une adaptation stratégique aux variations de l’offre électorale et aux enjeux du scrutin ».

On parle plus de « vote enjeux » qui obéit à des dynamiques beaucoup plus compliquées.

Toutefois, malgré l’érosion de ce schéma classique, les lobbys religieux locaux tiennent encore certains cordons grâce à leur forte influence sociale. A l’heure actuelle, l’enjeu des élections se situerait au sein des mouvements sociaux (associations locales, corps de métiers, groupes de solidarité etc.) et familles religieuses.

A un moment où cette question des locales demeure le sujet quotidien des Sénégalais, des Koldois,  autour du thé, devant les écrans bref à travers tous les lieux de rencontres, nous pensons modestement que la prise en charge ou la maîtrise de ces diverses dimensions peut être un pré-requis à une conquête réussie des  électeurs. Réflexion à suivre…… !

Ghansou Diambang, Sociologue et travailleur social

Enda Santé Kolda

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