Le ministre de la Fonction publique, Mansour Sy, et le chef de l’Etat, Macky Sall, seraient-ils abusés par les résultats de la commission de pilotage de l’audit physique et biométrique de la Fonction publique? Depuis la décision prise par l’Etat de suspendre 1017 agents et de verser 12 221 autres au billetage du Trésor public, des milliers de fonctionnaires réguliers ont été transvasés dans le fameux panier jaune. En langage décodé, ils doivent justifier qu’ils ne sont pas des agents fictifs pour pouvoir percevoir leur salaire.
Dans son adresse à la Nation du 31 décembre 2013, le Président Macky Sall indiquait avec fierté que l’économie tirée des salaires versés à des milliers de fonctionnaires fictifs va être injectée dans des projets de développement. Il a même ajouté que les emplois ainsi libérés seront immédiatement pourvus. Mais tout laisse croire que le Président Sall et son ministre de la Fonction publique, Mansour Sy, ont été abusés par les résultats de la commission de pilotage de l’audit physique et biométrique de la Fonction publique. Sur la base des recommandations de celle-ci, le gouvernement a suspendu 1017 agents et versé 12 221 autres au billetage du Trésor public. Depuis lors, des agents régulièrement identifiés et inscrits dans le fichier de la Fonction publique ont été versés dans le panier jaune. C’est-à-dire qu’ils sont obligés de justifier, par une présence physique, l’activité qu’ils mènent pour pouvoir bénéficier de leur salaire. Une bizarrerie qui n’est pas sans conséquences. Ainsi, une quarantaine de fonctionnaires du Centre national de transfusion sanguine du Sénégal (Cnts) ont vu leur salaire suspendu et ponctionné de 70 000 FCfa, sans justification aucune. Il a fallu, selon le secrétaire général du syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) du Cnts, Saliou Ndiaye, qu’ils observent un mouvement de grève depuis le 29 décembre en paralysant tout le système, pour que des quitus de paiement leur soient délivrés. Il souligne qu’ils iront jusqu’au bout, en arrêtant le service minimum qu’ils effectuaient au niveau des urgences pour dénoncer ce dysfonctionnement. Car dit M. Ndiaye, en nous transférant au billetage, le gouvernement nous met en mal avec les banques auprès desquelles des prêts ont été contractés.
PAR IBRAHIMA DIAKHABY / L’OBS