jeudi, mai 1, 2025

« Moustapha Diakhaté est l’un des plus grands talibés de Mimi Touré » selon Me El Hadji Diouf

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Il n’a pas dérogé à la règle. Connu pour son franc-parler et sa liberté de ton, Me El Hadji Diouf crache du feu. Ses principales cibles sont Moustapha Niasse, Moustapha Diakhaté, Mimi Touré. Dans cet entretien, le député du peuple évoque la suspension de son collègue et candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, Cheikh Diop Dionne, et l’attitude du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar. Il accuse Moustapha Diakkaté d’être pire que Doudou Wade. L’épisode du Jaraaf avec son élection controversée a été au rendez-vous. Sans détour, l’homme du 23 juin vide son sac.

M. Diouf, vous avez coaché la candidature de Cheikh Diop Dionne qui n’a pas gagné. Et il y a eu des représailles. Comment analysez-vous tout cela ?

Je n’ai jamais coaché la candidature de Cheikh Diop Dionne. Il m’a informé, à quelques heures de l’ouverture de la session unique ordinaire de l’Assemblée nationale, de son intention de briguer le siège de la présidence de la prestigieuse institution. J’ai immédiatement donné mon accord en lui disant qu’il pouvait compter sur mon soutien et que je ne ménagerai aucun effort pour faire aboutir cette candidature qui est faite de courage et de difficultés. Alors, je n’étais pas celui qui est à l’origine de sa candidature que lui-même a murie et la prise régulièrement. Je n’ai fait que le soutenir. Et comme vous le savez, je suis entier et honnête. Quand je m’engage dans une cause, je vais jusqu’au bout. D’autres l’ont soutenu, mais ils n’ont pas voulu se montrer au grand jour. Moi, je ne cache jamais ma position. Il a eu pourtant 17 voix. Mais peut-être que la mienne a été plus retentissante, la plus flagrante aux yeux de l’opinion. 17 voix, c’est plus qu’un groupe parlementaire. Donc, il ne faut pas négliger sa candidature qui découle d’une réaction normale, réfléchie, murie face à la non prise en charge des préoccupations des députés, à l’absence de rupture. Cette rupture qui était tant déclarée sans être effective. Cheikh Diop Dionne est un homme de rupture, je le connais. C’est un député profondément imbu des valeurs républicaines et qui pense pouvoir apporter, comme El Hadji Diouf, du sang neuf à l’Assemblée nationale par un fonctionnement moderne et une justice dans cette institution. Cette institution se caractérise par une injustice, car il y a des députés gâtés, choyés, qui ont deux millions de FCFa, mille litres d’essence, et des députés prolétaires qui ont 1,3 million de FCfa, une voiture et 250 litres d’essence, comme s’il y avait eu deux élections législatives.

Pourtant, ce sont les textes qui le disent… ?

Ce sont des textes qui sont mauvais. Quand on parle de rupture, on doit modifier les textes.

Est-ce que vous avez agi dans ce sens ?

Oui, on est en train de voir. Mais vous savez, la majorité est ce qu’elle est. Elle est en train de garder ses privilèges. Les gens ne veulent jamais se débarrasser de leurs privilèges. C’est ce qui bloque, c’est pourquoi jusqu’à présent, il n’y a pas de rupture. Et Cheikh Diop Dionne, peut-être, avait cette volonté, cette détermination, cet engagement pour faire bouger les choses, rectifier les injustices et mettre tout le monde sur les rails du progrès et de la prise en charge des préoccupations profondes du peuple sénégalais.

Aujourd’hui, il est en train de payer pour son courage. Comment voyez-vous la riposte de Bennoo Bokk Yaakaar ?

Il ne paie pas, il sera payé. J’ai même lu votre journal «L’observateur» qui a dit : «Cheikh Diop Dionne entre dans l’histoire», comme Me El Hadj Diouf était entré dans l’histoire le 23 juin 2011. Il y a des actes qu’on pose et qui sont historiques. Quelles que soient, par ailleurs, les velléités de représailles, Cheikh Diop Dionne est considéré aujourd’hui comme un député courageux du peuple et non un député du parti ou du Président. J’ai écouté Mahmoud Saleh, mais c’est faux ce qu’il a dit. Il dit qu’un député est un député du parti. Un député est élu par le peuple et pour le peuple au suffrage universel direct comme le président de la République. Le député n’a de compte à rendre qu’au peuple et non au parti. C’est pourquoi, un parti ne peut pas donner des instructions impératives à un député. Le député peut même voter contre son parti.

Mais on dirait que c’est le cas actuellement. L’Apr semble quand même exercer une pression sur ses députés…

Ce n’est pas l’Apr. Ce sont quelques éléments égarés de l’Apr, et qui peuvent même être des adversaires au sein de l’Apr, de Cheikh Diop Dionne. Dans un parti, il y a des clans et des tendances. Je sais que Cheikh Diop Dionne n’est pas en bons termes avec le Premier ministre Aminata Touré. Elle est venue à Gossas chercher une base qu’elle n’a pas encore dans ce pays après Grand-Yoff où ça n’a pas marché. Le coordonnateur départemental de l’Apr à Gossas, c’est Cheikh Diop Dionne et elle vient convoquer des réunions à Gossas sans en informer le responsable. Mais c’est ça une indiscipline. Est-ce que Mimi Touré a été rappelée par l’Apr ? Je ne suis pas de l’Apr, mais je suis informé.

Donc, il y a un différend d’ordre politique entre Cheikh Diop Dionne et le Premier ministre ?

Il y a un différend réel ! Je sais que le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar, Moustapha Diakhaté, fait partie des plus grands talibés (disciples) de Mimi Touré. C’est un planton de Mimi Touré. Il a sauté sur l’occasion pour sanctionner Cheikh Diop Dionne. Ce n’est pas à l’avantage de Macky Sall parce que, dans un parti, il faut regrouper toutes les forces au lieu de diviser. Comment l’Apr peut-elle se passer de Cheikh Diop Dionne au moment où elle cherche à se massifier ? Il y a des gens qui veulent la tête de Cheikh Diop Dionne parce que Mimi Touré voudrait prendre sa place au niveau de la coordination départementale Apr de Gossas. Ça aussi, les gens ne le savent pas. Et puis, je voudrais ajouter que l’adhésion dans un groupe parlementaire, la Loi organique dit que c’est par affinité et non par parti. Les gens peuvent quitter comme ils peuvent rester. La preuve, Mariama Diallo de Rewmi est restée dans Bby, pourtant son parti lui a demandé de quitter. Parce qu’un député n’est pas un député de son parti.

Donc les deux cas sont similaires… leurs sorts sont liés ?

Ils sont similaires. Mariama Diallo, même si elle désavoue son parti, on ne peut pas l’exclure de l’Assemblée. Alors, de la même façon, un député qui ne se sent plus dans Bennoo Bokk Yaakaar peut migrer vers d’autres groupes. Alors, logique pour logique, si on devait exclure Mame Khary Mbacké, on devait aussi exclure Mariama Diallo.

Il y a parallèlement le cas Mame Khary Mbacké et Lahad Seck. Qu’est-ce qui explique cette volte-face de ces députés ? N’y a-t-il pas un malaise au sein de l’Assemblée nationale ?

Il y a un malaise profond dans la gestion des députés à l’Assemblée nationale. C’est l’injustice. L’Assemblée nationale du Sénégal est le siège de l’injustice. Je suis en train d’écrire un livre. C’est comme ça que je l’intitule. Les gens ont tendance à vassaliser, à transformer les députés en esclaves au sein de l’Hémicycle. Un député mal payé, un véhicule, avec une dotation d’essence de 250 litres par mois au moment où les membres du bureau ont 2 millions de FCfa, 1 000 litres et deux voitures. Il y a une catégorie de députés privilégiés et une catégorie de députés prolétaires qui joignent difficilement les deux bouts et qui n’ont aucune responsabilité. Vous prenez un député comme Moustapha Cissé Lô qui demande des sanctions contre Cheikh Diop Dionne, il avait, à l’époque, brigué la présidence de l’Assemblée et a été remis à sa place. Il est non seulement vice-président de l’Assemblée nationale, mais il est aussi député de la Cedeao. Il a deux salaires importants et des privilèges exorbitants. Maintenant, quelqu’un comme El Hadj Diouf ne va jamais entrer dans ces institutions internationales parce qu’il dérange. D’autres membres du groupe parlementaire majoritaire sont éjectés de ces parlements africains.

Pourtant, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, dit que tout va bien…

C’est de la manipulation. Lui, il fait de la politique. Tout ce qu’il dit, c’est le contraire qu’il fait. J’ai appris ça avec Moustapha Niasse. Il m’a une fois dit de ne jamais dire ce que je pense réellement, de signaler à gauche puis de tourner à droite, de cacher mon jeu. Et ça, il me l’a dit devant Cathy Cissé Wone qui est aujourd’hui sa victime, et pourtant, il lui avait dit qu’elle ne quitterait pas l’Assemblée, mais il a été le premier à la trahir pour mettre quelqu’un de son parti.

Mais actuellement, il donne des gages à Macky Sall, est-ce qu’il joue franc-jeu avec lui ?

C’est pour être maintenu à son poste, il sait que pour la Présidence de la République, sauf mort anticipée de Macky Sall, ce qu’on ne souhaite pas, ce vœu est anéanti. Il s’est battu pour ça, mais il ne peut plus être président de la République. Nous avons appris avec Moustapha Niasse que la politique, c’est l’art de tromper les gens. Et ça, c’est extrêmement grave, je l’ai appris durant le peu de temps passé avec lui dans Benno Siggil Senegaal. Et j’ai vu tout ce qu’il a fait après. Il y a eu les Robert Sagna, Moussa Touré, Abdou Latif Coulibaly… Aujourd’hui, sa dernière victime c’est Cathy Cissé Wone. Je sais que Moustapha Niasse lui avait donné des garanties selon lesquelles elle allait rester dans le bureau de l’Assemblée pour avoir été sa directrice de campagne.

Il semble que les choses se corsent pour votre client, Hissène Habré depuis que le Procureur est revenu de Ndjamena avec des éléments qui l’accablent ?

Le Procureur n’a aucun élément. Dès sa première conférence de presse, il a accablé Habré parce que c’était sa mission. Il a été payé par Déby. C’est lui qui a sorti des milliards pour faire juger son ennemi juré qu’il a évincé du pouvoir. Un Président ne gère pas la sécurité, Habré était Président d’un pays en guerre contre la puissante Libye de Kadhafi. Donc, il avait autre chose à faire que de massacrer son propre peuple qui lui a fourni l’effort de guerre pour combattre l’ennemi. Tout cela n’est que manipulation, ils ont déjà fait leur procès, déjà condamné Habré, ils ont même construit sa maison où il doit rester jusqu’à sa mort.

Etes-vous toujours dans la position de ne pas plaider et de laisser la justice agir ?

Pour le moment, nous n’entendons pas collaborer avec des magistrats qui obéissent à des instructions venant du Tchad, notamment de Déby. Il les reçoit à tour de rôle, leur donne un salaire. C’est avec l’argent de Déby que leurs salaires sont payés. Un tribunal doté d’une cellule de communication, ça n’existe nulle part. C’est parce qu’ils veulent coûte que coûte manipuler l’opinion pour présenter Habré comme un véritable dictateur, un tueur, alors que c’est Déby le véritable tueur.

Est-ce qu’il ne faudrait pas une discussion entre Cheikh Seck et vous pour trouver une solution pour le bien du Jaraaf ?

Quand quelqu’un gagne, il faut lui donner sa victoire. La presse a été tellement manipulée et instrumentalisée. Après l’Ag qu’il a fuie et que j’ai gagnée, il est allé dire partout, en envoyant des communiqués, qu’il a été élu président du Jaraaf. Une élection suppose qu’il y ait un vainqueur et un vaincu.

Mais est-ce que vous avez été élu ?

Il y avait deux candidats, il faut qu’on dise qui a gagné et qui a perdu. Je suis resté dans la salle réservée pour l’Ag et payée même par Cheikh Seck à 2 500 000 FCfa pour fêter sa victoire qui été déjà préparée. Le putsch été déjà préparé, mais je l’ai déjoué. Parce que j’ai rempli la salle de supporteurs qui étaient acquis à ma cause.

Mais il y a toujours un problème…

Il n’y a pas de problème.

Il y a deux présidents…

Non.

Maintenant qui gère le Jaraaf ?

Personne ne gère le Jaraaf.

Mais est-ce que cette situation peut continuer ?

On va tout droit vers… comme la Jeanne d’Arc, c’est pourquoi je le réclame. C’est ce que Momar Ndiaye avait fait. C’est extrêmement grave.

Source:  rewmi.com

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